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Full text of "L'imprimerie en Bretagne au XVe siècle: étude sur les incunables bretons, avec fac-similé ..."

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L'IMPRIMERIE 



EN BRETAGNE 



AU XV SIECLE 




L'Impiumkrie en Bretagne au XV' siècle a été tirée à 
a 5o exemplaires iii-40 vergé, pour tes membres de la Société 
des Bibliophiles Bretons, et à i5o in-S", même papier, pour 
être mis en vente. 



L'IMPRIMERIE 

EN BRETAGNE 

AU XV SIÈCLE 

ÉTUDE SUR LES tKCimABLBS BRETONS, AVEC FAC-SIHILE 

CONTENANT LA REPRODUCTION INTÉGRALE 

DE LA PLUS ANCIENNE IHPRESSION BRETONNE 



LA SOCIÉTÉ DES BIBLIOPHILES BRETONS 




MA^'TES 
SOCIÉTÉ DES BIBLIOPHILES BRETONS 

ET DE L^HISTOIRE DE BRETAGNE 
H.DCCC.LXX.VIII 







t l^A 






* > 



o* 



n* 



INTRODUCTION 




I les bibliophiles sont y comme leur nom 
le dit, les amis des livres, leur premier 
devoir est de s'occuper des livres et de 
Vart qui les produit, de l'imprimerie et de son 
histoire dans chaque pays et dans chaque pro^ 
vince, de ses origines si intéressantes , si peu 
connues, et surtout des curieux monuments qui 
sont comme les langes de son berceau et ont pris 
de là le nom vénéré ^'incunables. 

La Société des Bibliophiles Bretons l'a ainsi 
compris. Elle a voulu que l'une de ses premières 
publicationsfut consacrée à l'histoire des origines 
de l'imprimerie en Bretagne, à l'étude appro^ 
fondie des incunables bretons. 

L'art typographique fit son entrée en Bretagne 
en 1484, quatorze ans après sa première appari- 
tion à Patois. Les œuvres qu'il produisit dans 

B 



VI INTRODUCTION 



notre province pendant le X F* siècle ^ celles du 
moins que Von connaît ou dont on a la trace, ne 
sont pas nombreuses: vingt-deux seulement ; mais 
elles ont un caractère qui les distingue de la 
plupart des incunables des autres provinces de 
France, et qui leur assure un rang à part. 

Ailleurs, ce quon imprime d'abord, ce qui 
compose presque entièrement la série du XV^ 
siècle, ce sont des livres usuels et de pratique : 
de la théologie et de la liturgie (heures^ missels, 
bréviaires), de la jurisprudence (coutumes, for^ 
mulaires), des livres classiques (grammaires, dic^ 
tionnaires, etc.), et, sauf les coutumes, à peu près 
tous en latin. 

En Bretagne, sur vingt-deux incunables, il y 
a cinq volumes de jurisprudence (n^ g, ii, 14, 
21, 22 delà liste donnée ci-dessous, p. i à 3), 
une paire d'heures fw® 20), un dictionnaire 
(n^ i5); encore ces deux derniers livres sont-ils 
de r avant-dernière année du XV^ siècle. Les 
quinze autres ont tous un caractère littéraire ou 
légendaire très-marqué et parfois même très- 
original ; dix sont en vers, tous en langue fran- 
çaise ; sur toute la série on ne rencontre le latin 
que dans le volume d'heures et dans le diction- 
naire, où, il se mêle au français et au breton. 



INTRODUCTION VII 



Fond et forme, tout est intéressant dans ces 
vieux et rarissimes volumes, la première moisson 
typographique issue du sol breton. Jusqu'ici 
pourtant on n'y a guère pris garde: du fond on 
ne s'est jamais inquiété, de la forme très-peu. 

C'est encore le Manuel de Brunet qui fournit 
le plus de renseigftements ; il donne le titre de la 
plupart de nos incunables, la souscription de 
quelques-uns, la description de deux d'entre eux 
(Coutume de Tréguier et première édition de 
Meschinot). 

Avec ces renseignements, auxquels il a ajouté 
peu de chose, feu M. Jausions a dressé une liste 
méthodique à peu près complète des impressions 
du X P siècle, où, il s'est pourtant glissé quelques 
erreurs que nous aurons occasion de relever. En 
publiant cette nomenclature *, on l'a décorée du 
titre de Description, qui ne peut j^ être appliqué. 

Dans son Histoire de Timprimerie en Bretagne *, 



* Revue de Bretagne et de Vendée, 1875, 2* semestre, p. 459 
à 464. — D. Plaine a publié ce document à la suite de son 
Essai sur Vhistoire de Vimprimerie en Bretagne, travail rédigé 
presque entièrement sur les recherches, notes et papiers laissés 
par feu M. Jausions. — ^ Brochure de 62 pages în-8% imprimée 
à Rennes en ifiiSy, voir p. 7 et 8. L'auteur de ce travail est 
un laïque, quoique D. Plaine Tintitule « M' Pabbé *,(Ibid,, 
Revue de Bret, et de Vendée, 187Î, 2* semestre, p. 243.) 



VIII INTRODUCTION 



M. Toussaint Gautier* donne des noms et des 
refîseigfiements curieux pour les trois derniers 
siècles; mais il ne s'est, pour ainsi dire, pas 
occupé du XV^. Il se trompe sur les dates. Il 
rapporte au duc breton François II, mort en 
1488, l'introduction de Vimprimerie à Nantes, 
qui est de I4g3, Il met au 26 mars 1484 V édi- 
tion de la Coutume, donnée à Rennes en 1485, 
pour n'avoir pas remarqué qu'en ce temps-là le 
millésime de l'année change à Pâques, et que, 
par suite, toutes les dates du /*'' janvier au 2 
avril 1484, inscrites dans les documents de 
l'époque, se rapportent réellement à Vannée 1485. 
Feu M. de Kerdanet, qui eut le mérite d* attirer 
le premier l'attention sur nos incunables * était 
tombé, quarante ans plus tôt, dans la même 
méprise que M. Toussaint Gautier; elle l'avait 
mené à troubler tout l'ordre chronologique des 
impressions de Bréhant-Loudéac : trouble qui a 
passé de là dans la Biographie bretonne de 
M. Levot *. M. de Kerdanet fait aussi de Pierre 
de Nesson (auteur de l'une des pièces imprimées à 
Bréhant, voir ci-dessous, p, 2g) un « officier de 



* Notices sur les écrivains et les artistes de la Bretagne, par 
D. Miorcec de Kerdanet, avocat. Brest, irapr. Michel, 18 18, in-8*, 
p. 62 à 67. — * Tome I, p. 482, art. Cre^, 



INTRODUCTION IX 



Jean P", duc de Bourgogne, en 1420 * » tandis 
quil était attaché à Jean /•% duc de Bourbon, 
pris par les Anglais à la bataille d'A\incourt 
en 141 5 et mort en 1433 *. Cest changer un 
armagnac, patriote français et anglophobe, en 
bourguignon anglophile : erreur fidèlement 
reproduite quand on a publié le travail de 
M, Jausions '. 

Une autre faute, bien facile à éviter, où, sont 
tombés, comme moutons de Panurge, presque 
tous les bibliographes étrangers à la Bretagne * 
qui ont parlé des impressions de Bréhant-Lou^ 
déac, c'est de confondre cette paroisse rurale 
avec la ville de Loudéac, chef lieu d' arrondisse^ 
ment du département des Côtes-du^-Nord. L'un 
d'eux va même jusqu'à expliquer que, dans l'usage 
moderne, Bréhant a disparu, Loudéac seul reste. 
Bréhant reste aussi, quoi quon en dise; mais il 



* Il faudrait dire 1419, car Jean-sans-Peur périt cette année-là, 
à Montereau, le 10 septembre. -- * Voir Goujet, Bibliothèque 
française, t. ix, p. 177; et \sl Nouvelle biographie générale, 
de F. Didot, t. xxxvii, col. 777. — • Revue de Bref, et de Vendée, 
1875, 2* semestre, p. 460. — ♦ Entre autres, Panzer, Annal, 
typograph,; Brunet (voir ci-dessus p. 97); M. Deschamps, Z)ic- 
tiqnnaire de géographie à Vusage du libraire et de Pamateur de 
livres (Paris , Firmin Didot, 1870, in-8*), où on trouve Tarticie 
suivant: a Loudeacum, Lodeacum, Brehan-Loudeac, Brehant- 
Lodeac, aujourd'hui Loudéac, ville de France (Côtes-du-Nord), » 



L'IMPRIMERIE 



EN BRETAGNE 



AU XV SIECLE 



XII INTRODUCTION 



plus ancien de ces monuments, le Trespassement 
Nostre Dame ou Trépassement de la Vierge, on le 
trouvera à la fin de ce volume^ On trouvera aussi 
dans le texte plusieurs autres fac-similé de fleu-- 
rons, de vignettes ou d'impressions, obtenus par 
le même procédé. 

Pas de nom d'auteur sur ce volume. C'est une 
œuvre collective. Sans les secours, les renseigne^ 
ments venus de toutes parts, elle eût été impos^- 
sible. Le mérite de l'entreprise appartient vrai' 
ment à la Société des Bibliophiles bretons. 

Elle tient à y associer trois hommes, dont elle 
a reçu le plus précieux concours, encore qu'elle 
n'ait pas l'honneur de les compter dans ses rangs : 
M. Léopold Delisle, directeur de la Biblio^ 
thèque Nationale, — M. Olgar Thierry, biblio- 
thécaire aux Imprimés dans le même établisse- 
ment, — et M. Thomas Dobrée, dont la belle 
collection est si renommée parmi les bibliophiles. 




L'IMPRIMERIE EN BRETAGNE 



AU XV SIÈCLE 




^N a signalé dans la province de Bretagne, 
comme ayant été au XV* siècle le siège 
d^ateliers typographiques, cinq localitèS| 
— Bréhant-Loudéac j Rennes y Tréguier; 
Lantenac et Nantes y — nommées ici dans Tordre chro- 
nologique des plus anciennes impressions attribuées 
à chacune d^elles. 

Le nombre des incunables bretons, c^est-à-dire des 
livres ou livrets que Ton peut, jusqu^à présent, indi- 
quer comme imprimés en Bretagne dans le cours du 
XV* siècle, monte à vingt-deux. En voici la liste : . 



Impressions de Bréhant-Loudéac 

1 . Le Trépassement de la Vierge (en vers), — dé- 
cenibre 1484. 

2. Les Lois des Trépassés avec le Pèlerinage de 
Jean de Meung (en vers), — 3 janvier 1485. 

3. La Patience de Griselidis, — 18 janvier 1485, 



L'iMPSniBItll EN BUETAGHB 



4. Le Bréviaire des Nobles (en vers), 25 janvier 
1485. 

5. L'Oraison de Pierre de Nesson (en vers), — 27 
janvier 1485. 

6.. Le Songe de la puceîle (en vers], — janvier 
1485. 

7. Le Miroir d'or de l'âme pécheresse, — 6 mars 
14^5. 

8. La Vie de Jésus-Christ, — 3o avril 1485. 

9. La Coutume de Bretagne^ — 3 juillet 1485. 

10. Le Secret des secrets d'Aristote, — sans date, 
mais évidemment contemporain des huit publications 
précédentes. 

Ces dix impressions sont sorties d^un atelier unique, 
dirigé en commun par Robin Foucquet et Jean 
Grès. 

Impressions DE Rennes 

11. La Coutume de Bretagne, — 26 mars 1485. 

12. Le Floret en français (en vers), — 1485. 
li. La Grande absoute de Pâques, — sans date. 
Ces trois impressions sortirent d^un seul atelier, 

dirigé en commun par Pierre BellescuUée et Josses. 

Impressions de Tréguier 

14. La Coutume de Bretagne, — 17 mai et 4 juin 
1485. — Imprimée par Ja. P. 

iS. Le Cathoîicon de Jean Lagadec^ dictionnaire 
breton-latin-français, — 5 novembre 1499. — Imprimé 
par Jean Calvez. 



AU Zy« SIECLE 



Impressions de Lantenac 

i6. Le Doctrinal des nouvelles mariées (en vers), 
— 5 octobre 1491. 

17. Les sept Psaumes en français (traduaion en 
vers), — sans date. 

Ces deux impressions sortirent de Patelier de Jean 
Crès, qui avait été l'associé de Robin Foucquet à 
firéhant-Loudéac. 

Impressions de Nantes 

18. Les Lunettes des Princes de Jean Meschinot 
(en vers), i^ édition, — i5 avril 1493. 

19. Même ouvrage^ 2* édition, — 8 juin 1494. 

20. Heures à l'usage de Nantes, — 27 janvier 
1499. 

21. Table de la Coutume de Bretagne^ — sans 
date. 

22. Ordonnance de Charles VIII^ — sans date. 
Ces cinq impressions sortirent de Patelier d'Etienne 

Larcher. 

Cette liste nous fournit seulement sept noms 
d'imprimeurs, dont un n'est même indiqué que par 
son initiale, savoir: 

Robin Foucquet, qui exerça à Bréhant-Loudéac ; 

Jean Crès, à Bréhant-Loudéac et à Lantenac; 

Pierre Bellescullée ) , n 

T > à Rennes ; 

JOSSES ) ' 

Jean Calvez) ^ ^ 
Etienne Larcher, à Nantes. 



L'iMPROORn EN BRETAGNE AU XV« SIECLE 



Nous allons maintenant donner la description 
bibliographique de ces vingt-deux incunables , avec 
analyse et citations de ceux que nous avons pu exa- 
miner à loisir. On trouvera même en entier en fac- 
similé, à la fin de ce volume, le texte de la plus 
ancienne de nos impressions bretonnes, le Trépas^ 
.sèment de la Vierge. 




IMPRESSIONS 



DE BRÉHANT-LOUDéAC 




V l'i'U 



ES impressions de Bréhant-Loudéac forment 
la série la plus nombreuse et la plus intéres- 
sante des incunables bretons. 

Bréhant-Loudéac n^est et n^a jamais été qu^ane 
paroisse rurale ^ fort ordinaire , un village sans im- 
portance. Il était alors compris dans les domaines 
de Jean de Rohan, seigneur du Gué de Plsle, qui fut 
certainement le protecteur de Robin Foucquet et de 
Jean Grès et peut-être le premier introducteur de Pan 
typographique en Bretagne. Circonstance qui vaut à 
cette bourgade Thonneur d^avoir possédé la première 
imprimerie établie dans notre province , celle du 
moins d^où est sortie la plus ancienne impression à 
•date certaine. 

Un point à noter, c'est que les dix impressions 
datées de Bréhant-Loudéac se ressemblent absolument: 
même format (petit in-4®), même caractère, même 
justification, même nombre de lignes à la page et 
même hauteur de page, même papier avec même fili-^ 
grane: on dirait le même livre. Du reste, ces dix 



. * Située, avant la Révolution, dans le diocèse de Saint-Brieuc, 
.aujourd'hui commune du canton de Rohan, arrondissement de 
Ploêrmel (Morbihan). 



niPRKSSIONS 



ouvrages furent exécutés en une seule année, de 
décembre 1484 à la fin de 1485. 

Le caractère est gothique, carré, anguleux, pas très- 
élégant , mais très-net Le tirage est généralement bon, 
noir, égal , sans bavures, sauf toutefois dans la 
Patience de Griselidis, où le caractère, chargé d^encre 
d'une façon fort inégale, tantôt s'est écrasé et a trop 
marqué, et tantôt trop peu. 

La hauteur de page est de i36 millimètres et la 
justification de 90, le nombre de lignes 27 à la page; 
mais dans toutes les impressions de Bréhant, sauf 
deux (la Vie de Jésus^Christ et la Coutume de Bre-^ 
tagne)y les pages au bas desquelles sont placées les 
signatures des feuillets (ai, aii^ etc.) n'ont que 
z6 lignes, la signature comptant pour une ligne. Dans 
tous les incunables de Bréhant, Vi et Vjr sont tou-< 
jours pointés. 

On doit reconnaître aussi , dans la série des im- 
pressions de Bréhant-Loudéac, sinon un plan arrêté, 
du moins l'idée de former, sous une forme facilement 
accessible et en langue française, une sorte de petite 
encyclopédie religieuse, morale et juridique, à l'usage 
— on dirait aujourd'hui — des gens du monde. 

Les deux premières impressions (le Trépassement 
de la Vierge et les Lois des Trépassés) répondent aux 
deux traits les plus marqués, les plus populaires de la 
piété bretonne: le culte de la sainte' Vierge et la 
prière pour les morts. — VOraison de Pierre de 
Nesson, c'est encore la dévotion à la Vierge, sous 
une forme fort originale, on devrait même dire exa- 
gérée, si elle n'était avant tout un jeu d'esprit. — Le 
Miroir d*or de Vdme pécheresse renferme, sous un 
petit volume (116 pages) et dans un style qui s'élève 



DE BRéHANT-LOUDiAC 



parfois à Péloquence, la quintessence ou, comme on 
disait alors, la somme de la théologie ascétique et de 
la théologie morale. — La Vie de Jésus^Christ con- 
tient, en réalité, à grands traits et non sans additions 
légendaires, toute Thistoire de la religion depuis la 
création du monde jusqu^à PAscension de Notre* 
Seigneur et à PAssomption de la Vierge. 

A ces cinq publications religieuses on ajouta, en 
faveur de certaines classes, trois livrets de morale : le 
Bréviaire des nobles, pour les gentilshommes; le 
Songe de la pucelle, pour les filles; la Patience de 
Griselidis, pour les femmes. 

Les huit premières impressions de Bréhant- 
Loudéac avaient pour objet de tracer aux hommes, 
dans Tordre moral et religieux, la règle de leurs 
devoirs. Il fallait de plus leur donner le moyen de 
défendre leurs droits et de ne pas se laisser tromper 
par trop dans le commerce du monde. Les deux der- 
nières impressions tendent à ce but. L'une est la Cou» 
tume de Bretagne, suivie des Constitutions, établisse' 
ments et ordonnances des ducs, c'est-à-dire toute la 
législation civile et politique du duché. L'autre est le 
Secret d*Aristote : traité de physiognomonie des plus 
curieux, qui donne moyen de pénétrer à première 
vue le tempérament , les tendances et les passions 
des gens avec qui Ton traite , et par suite d'éviter 
d'être leur dupe. 

Tel est le caractère général de cette remarquable 
série de Bréhant-Loudéac. Venons maintenant au 
détail. 



êsSXiàA 



I. — Le Trépassement de la Vierge 




|n-4® gothique de 7 feuillets non chiffrés, for- 
mant un seul cahier, dont les trois premiers 
feuillets sont signés a i,aii, a iii. Il y avait probable- 
ment un 8** feuillet, soit au commencement avec un 
titre, soit plutôt à la fin complètement blanc. Comme 
dans toutes les impressions de Bréhant-Loudéac, la 
page a 27 lignes, sauf les pages signées qui en ont 
26. 
Incipit (f. I", sign. ai, r*») : 

« Benoiste soit leure et le iour 
Quil pleust a nostre créateur 
Nasquîr de la vierge marie 
Par qui nous est rendu la vie. » 

Souscription (f. 7* v«) : o Cy finist le trespassement 
nostre || dame imprime par Robin foucquet || et iehan 
cres soubz noble et puissant || seigneur Iehan de 
rohan seigneur du || gue de lisle Ou moys de 
décembre. || Lan mil iiii'^iiii vingts et quatre. » Et 
un peu au dessous, en forme de signature, au milieu 
de la ligne : « Robin Foucquet. y» 

L^exemplaire de la Bibliothèque Nationale, au« 
jourd^hui le seul connu, fait partie d^un recueil coté 
Y 44 18 A, qui contient sept pièces reliées ensemble 
dans Tordre suivant : i* Les Lois des Trépassés et le 
Pèlerinage de Jean de Meung, — 2* l'Oraison de Pierre 



10 IMPflESSIONS 



de Nesson, — 3® le Trépassement de la Vierge^ — 
4* le Songe de la Pucelle, — 5* le Bréviaire des 
nobles, — 6® la Patience de Griselidis, — 7* La très 
célébrable prise de Grenade, — Les six premières 
de ces pièces ont été imprimées à Bréhant-Loudéac. 
Leurs dimensions, dans cet exemplaire, sont néces- 
sairement les mêmes : 202 millimètres de haut sur 
i38 de large. La septième ne porte ni lieu ni date 
ni nom d'imprimeur ; on a voulu l'attribuer à Lan- 
tenac, nous en dirons un mot en parlant des impres- 
sions faites dans cette abbaye. 

Le Trépassement de la Vierge, dont l'auteur est 
ignoré et dont on ne connaît point d'édition plus 
vieille que celle-ci, est un poème de 355 vers octo- 
syllabiques, qui semble une imitation plus ou moins 
directe, et en tous les cas fort abrégée, du livre apo- 
cryphe Transitas sanctœ Mariœ, attribué à saint 
Jean l'évangéliste, mentionné en 494 par le pape 
Gélase, et dont l'abbé Migne a publié une traduction 
française au t. II (p. 5o6-532) du Dictionnaire des 
Apocryphes, compris dans sa 3® Encyclopédie théO' 
logique (Paris, i858). S'il faut en croire notre auteur 
(vers 3o2 et suivants), il n'aurait fait que traduire ou 
paraphraser un autre récit ancien, plus ou moins au- 
thentique, attribué à Joseph d'Arimathie. Voici, en 
bref, l'analyse de ce petit poème. 

Quelque temps avant la Passion de Notre-Seigneur, 
Marie avait demandé à son Fils de vouloir bien, 
quand il serait remonté aux cieux, lui faire annon- 
cer, à elle Marie, quelques jours d'avance, le moment 
de sa mort, et lui envoyer, pour l'assister dans ce 
passage, les anges et les apôtres. Jésus le lui accorda. 
Trois jours avant la mon de la Vierge, 



DE BRéHANT-LOUDÉAC II 



Gabriel vint, sans point d'ezceiz, 
Qui son derrain annuncia 
Et luy dist Ave Maria. 

Dès lors « le bon Joseph d^Arimathie » qui, dit 
notre poème, « gouvernoit la Vierge Marie », se 
tint c et jour et nuyt en sa maison », avec les trois 
pieuses vierges Sophorès, Zabel et Abigès , 

Et d'autres bonnes gens plusours 
Qui attendoient ses derrains iours. 

Le matin du troisième jour, on vit tous les apôtres 
arriver 

Et entrer dedans la chambrete 
De la pucelle vierge et nette. 

Ils venaient tous de pays lointains, d^où ils s^étaient 
vus, en quelques instants, portés à travers les airs jus- 
qu'à Jérusalem. Ainsi saint Pierre dit : 

D'Entioche est ma venue : 
J'ey esté rauy en la nue, 
Mes ie ne sçay qui m'y monta. 
Et aussi chascun raconta 
Toute la manière et comment 
Estoient venuz en vng moment. 

C'était Taccomplissement de la promesse faite par 
Jésus à sa mère. Seul Papôtre saint Thomas manquait 
au rendez-vous. Il eut pourtant dans cette circons- 
tance un rôle important , que le poème va nous faire 
connaître ; mais Jésus ne l'attendit pas pour rappeler 
sa mère à lui : 

Et ilecques, sans demourance, 
Dauant toute la compaignie, 



la IMPRESSIONS 



Trespassa la Vierge Marie. 
De faict les apoustres la prindrent, 
Et en vng gent cercueil la misdrent, 
Et la portèrent sans débat 
En la valée de Josaphat. 
Et quant ilz furent là venuz, 
En la valée descenduz, 
Vidrent vne si grant clarté, 
Remplie de ioye sans amerté, 
Qu'ilz en cheirent tretous à terre 
Sans sauoir qu'ilz debuoient querre. 
Et, sans tarder, la bonne Dame 
Fut rauye en corps et en ame 
Ou ciel, comme dit le Docteur, 
A grant clarté et grant lueur. 
Ainsi raconta sainct Thomas, 
Qui ô les aultres n'estoit pas ; 
Mais ou mont d'Olive t estoit 
Et aux aultres venir cuydoit, 
Et qui ou ciel la vit monter. 
Ainsi qu'il le vint raconter 
Aux apoustres, qui là estoient 
Et grant deul et pitié menoient 
Du trespassement Nostre Dame. 

Quant sainct Thomas vit porter l'ame 
Ou ciel, en paradis là hault, 
Il s'escria sans nul deffault : 
— Hée ! doulce Vierge, bien heurée 
Plus que fut oncq de mère née, 
Remembre ton amy Thomas 
Que tu lesses icy à bas, 
Donne moy bénédiction : 
Je t'en foys supplication ! — 

Que fist la Vierge nette et pure ? 
Luy lessa cheoir vne saincture, 



DE BRÉHANT-LOUDéAC l3 



Laquelle saincture, sans faincte, 
Les apoustres luy auoient saincte 
Quant du monde elle trespassa. 
Sainct Thomas plus auant passa 
En luy donnant honneur et grâce. 
Puis il vint se rendre en la place 
Où les apoustres estoient tous, 
Et si s'entrebaisèrent tous. 
Sainct Père dist à sainct Thomas : 

— Je croy que Dieu ne t'ayme pas. 
Que n'es tu venu sans demeure 
Au trespassement nostre mère 

Et mère de Nostre Seigneur? 
Tu ne feis oncq péché grigneur*, 
Tu as faict trop longue demeure : 
Et si es tousiours tard à Teupure * ! — 

Âdonc sainct Thomas, par grant ire, 
Se print à gémir et à dire : 

— Je croy et voy maintenant bien 
Que suis mauluais sur toute rien, 
Incrédule et plein de desroy 3 ; 
Mais priez Dieu trestous pour moy. 
Et me monstrez, ie vous en prie. 
Où auez mis le corps Marie. 

— Il est icy en cest sépulcre, 

Dist sainct Pierre plus-doulz que succre 
Ny que violette de mars *. 

— Certainement il n'y est pas, 
Respondit Thomas à sainct Père. 

— Aultrefoyz ne me vouluz croyre, 

^ Plus grand. — ' Au lieu de a tard à Veupure » (à l'œuvre), 
il faut peut-être lire : a à Veure » (à l'heure). ~ ' Faute, vice, 
crime. ^ * L'original porte u violette damas, » qui est une âiute. 



14 IMPRESSIONS 



Respondit sainct Père à Thomas, 
(Pour ce que tu n'y estois pas) 
Que Ihesus fîist ressuscité, 
Si tu ne l'eusses abité ^ — 

Sainct Thomas de rechief leur dist : 

— Je ne sçay qui dedans le mist. 
Mais ie vous promect et afiie 
Certainement qu'il n'y est mie. — 

Sur heure levèrent la pierre 
Tous les apQustres et sainct Pierre, 
Qui estoit sur le monument : 
Le corps n'y estoit nullement. 
Prinrent à s'entreregarder 
Tous ensemble, sans retarder, 
Et s'entredisdrent assez bas 
Qu'ilz respondroient à sainct Thomas » ? 
Adonc sainct Thomas leur a dit : 

— Escoutez moy vng seul petit. 
Anuyt en Inde ay chanté messe ; 
Pour cuyder trouuer ma maistresse 
Suis venu tout incontinent, 

Sans sauoir par où ne comment, 
Mais ainsi que Dieu le vouloit. 
Et quand fu au mont d'Oliuet, 
Je ouy vng chant si très beau. 
Si gracieulx et si nouueau, 
Si plaisant et si délictable, 
Si très ioyeulx et amyable ; 
Et en tournant mes yeulx amont ^, 

*■ Abité, touché. On lit fréquemment dans les actes faits en 
Bretagne et donnant des débornements de terres, que tel champ 
« akite à chemin », c'est-à-dire touche d'un côté à un chemin. 
— * Et s'entre-demandèrent à voix basse ce qu'ils pourraient 
répondre à saint Thomas. — * En haut. 



DE BRéHANT-LOUDi/lC l5 



Quant î'ay esté dedans le mont, 
Ây veu le corps de Nostre Dame 
Monter au ciel avecques Tame. 
Luy ay faict supplication, 
Demandé bénédiction, 
Et elle, beneurée et saincte, 
La saincture dont estoit saincte 
(Ainsi que dauant ay compté *) 
M'a lessé cheoir de sa bonté. — 

Quant les apoustres ont cogneu 
Ce qu'à Thomas est auenu. 
Et que la saincture ont cogneue. 
Tous ensemble, sans détenue, 
Pardon, mercy luy ont requis. 
Et sont demourez bons amys. 
Adonc s'entre sont apellez 
Frères (sans point le vous celer) 
Et incontinent, sans deloy. 
S'en sont retournez, pour tout vroy, 
Chascun dont il estoit venu : 
Et ainsi leur est aduenu. 

Et moy loseph d'Arimathie, 
Qui, ou temps durant de ma vie, 
Ihesu de la croix descendi 
Le iour du benoist vendredi. 
Et le mys en son monument : 
J'en parle plus certainement. 
Je ne le sçay pas d'ouyr dire ; 
Je luy vy souffrir la martire. 
Comme l'escrit fait mention 
Ou Hure de sa passion , 
Et beaucoup de choses secrètes , 

A C'est l'auteur du poème qui parle ainsi, et non saint Thomas, 
qui n'avait encore rien conté de semblable. 



X6 IMPRESSIONS 



Que i'ay à celle fin detraictes < 
Pour les nombrer et mettre auant , 
Ainsi comme i'ay dit dauant, 
Et gardé le corps de Marie 
EIn ma maison , n'en doubtez mie , 
Jucques à son trespassement : 
J'en feroye bien seur passement >. 

Ainsi, qui aura remembrance 

Du trespassement, sans doubtance, 

De celle glorieuse Dame, 

Ne prillera ^ ne corps ne ame. 

Et famé qui enfantera 

En l'oustel où cecy ^ sera, 

De son fruict sera bien ioyeuse ; 

J'en suis certain et dire l'ouse, 

Car ceci est déterminé : 

Et l'enfant qui y sera né 

James ne sera lunatique 

(Soit homme lay ou de pratique) 

Contrefait, aueugle ou bossu , 

Tort , demoniacle, ne mu >. 

Et qui escripure le fera, 

Jà le dyable ne luy nuyra , 

Ne aura point sur luy puyssance, 

Mes de tout bien grant habundance *. 

Ne en la maison où il ^ sera 

Nul mal esperit n'arrestera. 

* Extraites. — * Passement, acte fait par le ministère d'un 
passe, c'est-à-dire d'un notaire. — ' Ne sera en danger ni de 
corps ni d'âme; priller ou périller, du Isitin periclitarL — ♦ Ceçy, 
cet écrit , ce récit du Trépassement de la Vierge. — * Mu, muet. 
— * Di^ns l'édition originale, ce vers est imprimé, par erreur, 
avant le précédent ; nous le remettons à la place que le sens exige. 
^ ' lU c'est encore le récit du Trépassement; l'orig. porte e/, 
qui semble une faute. 



DB BRéHANT-^OUDÉAC IJ 



Aussi qui, par deuotion , 
De son cher Filz la Passion 
Remenbrera en sa pencée, 
N'aura nul mal celle iournée. 

Or deprion la noble Dame 
Qu'elle soit garde de nostre ame 
Et son Filz , nostre Créatour, 
Qu'il nous doint sauluement à touz! 

Nous ne savons s'il a existé quelque récit de la 
mort de la Vierge mis sous le nom de Joseph d^Ari- 
mathie, nous n^en avons pu trouver la trace. Mais il 
est incontestable que Tépisode de la ceinture, si 
curieux par Pimportance qu^il donne à saint Thomas, 
procède du livre attribué à saint Jean Tévangéliste, 
que nous avons indiqué ci-dessus; il suffit pour s^en 
convaincre, de rapprocher du chapitre IV de ce livre * 
le texte qme Ton vient de lire; disons toutefois que, 
dans la forme, notre poète du XV* conserve une ori- 
ginalité qui nVst pas sans mérite. 

* Voy.Migne, Dictionn, des Apocryphes, t. II, col. 526 et 527. 




II. — Les Lois des TRjÊPASsis et le Pèlerinage 

DE Jean de Mrung 




[oRMAT in-4®, gothique, de 8 feuillets non chiffrés 
en un seul cahier, dont les quatre premiers ffj 
sont signés a i, a ii, a iii, a iiii. — 27 lignes à la page, 
sauf les pages signées qui n^en ont que 26. 

Titre (P i®% sign. a i, r*») : « Cy sont les loys des 
trespassez auecques [| Le pèlerinage de Maistre lehan 
de mung. » 
Incipit (même f.), immédiatement après le titre: 

c Dieux ait lame des trespassez 
Car des biens quilz ont amassez 
Dont ilz norent oncques assez 
Ont ilz toute leur part eue ». 

Souscription (f. 8% r®) : « Cy finissent les loys des 
trespassez || auecques le pelerinaige maistre iehan || de 
mung en vision imprime par || Robin Foucquet et 
Iehan Cres || a brehant lodeac soubz noble et puis || 
sant seigne' Iehan de Rohan seigneur || du gue de 
lisle. Le iii* iour de ianuier || mil iiii^ quatre uingts 
et quatre. » Signé au dessous , au milieu de la ligne : 
« Robin Foucquet. » Et plus bas, sur une seule 
ligne: « Deum time. Pauperes sustine. Mémento 
finis. » 

A peine est-il besoin de remarquer qu'à cette époque, 
le millésime de Tannée ne changeant qu'à Pâques 



IMPRESSIONS DE BRÉHANT-LOUDéAC I9 



dans la province de Bretagne comme dans la plus 
grande panie de la France, la date du 4 janvier 1484, 
marquée dans la souscription , répond en réalité au 
4 janvier 1485. — En 1485, la fête de Pâques tomba 
le 3 avril. Donc , les dates marquées ici et dans les 
souscriptions des cinq ouvrages qui suivent (y 
compris le Miroir d'or de Vâme pécheresse] se rap- 
portent en réalité, non à 1484, mais à 1485. — Nous 
ne répéterons pas cette observation. 

Les Loys des trespasse:{ occupent les quatre pre- 
miers feuillets et se composent de deux pièces, la pre- 
mière commençant : « Dieux ait lame des trespassez, » 
composée de onze stances de 8 vers octosyllabiques 
(ff. a i et a il) ; la seconde, occupant les deux ff. sui- 
vants, sur un rhythme très-curieux, d'abord 3 vers de 
8 pieds sur la même rime, puis i vers de 4 pieds et 
3 vers de 8 pieds, tous les 4 sur la même rime, et ainsi 
jusqu^à la fin. 

Le Pelerinaige maistre lehan de Mung (f. 5* r*) se 
compose de 34 stances de quatre vers de 12 pieds, tous 
les quatre sur une même rime, — occupe les ff. a 5, 
a 6, a 7, — et se termine par une stance et demie im- 
primée au haut du f. a 8, r®. Au dessous immédiate- 
ment vient la souscription. 

Le Pèlerinage est un petit poème allégorique assez 
fade, dont les principaux personnages sont ConS'» 
cience, Paour, Repentance, Confession, et dont la con- 
clusion, très-morale et très-chrétienne, est que, pour 
échapper à la maladie et à la mort (spirituelle, éter- 
nelle), il faut s^oindre le corps d^un « oignement » 
appelé Pénitence, Confession dit au poète : 

Veez cy ung oignement que vous emporterez. 
Ce que le vous diray longuement vous ferez : 



20 IMPRESSIONS 



Voustre corps en soit oingt, et si en vserez, 
Ne iamaîs, pour qu'il dure, malade ne serez. 

Je veil que vous saîchez le nom de l'oîgnement : 
Il a nom penitance, oignez en asprement. 
Etc 

Quant à la seconde pièce ou seconde partie des 
Lqys des trespasse:{y elle exprime si parfaitement les 
idées, les sentiments les plus populaires des Bretpns 
sur les devoirs des vivants envers les morts, elle est 
en outre d^une allure si franche, si originale, que 
nous en reproduirons ici la plus grande partie: 

Bonnes gens, qui en ce moustier 
Venez chascun iour pour prier, 
Pour Dieu, ne vueillez oublier 

Les trespassez! 
Et des biens qu'ilz ont amassez, 
. Dont voz coffres sont entassez, 
Vueillez en, sans estre lassez, 

— Grans et menuz — 
Donner ! Vous y estes tenuz. 
Car vous estez pouures et nuz 
D'entr'eulx yssuz , nez et venuz : 

C'est sans doubtance ! 
Après, ilz vous ont, en enfance, 
Et puis, en Testât d'innocence, 
Nourriz de leur propre sustance, 

Couchez, leuez, 
Desmaillotez, torchez, lauez. 
Entre vous, qui enfants auez, 
Quel paine c'est, vous le sçavez : 

C'est très grantfais! 
Et puis, pour vous faire parfais. 
Et que vous ne fussiez deffais. 



DE BRéHANT-LOUDÉAC 21 



Plusieurs autres biens vous ont fais. 

Aux vngs science, 
Pour les mectre hors d'ignorance, 
Aux autres, pourauoir cheuance <, 
Mestier et pour leur suffisance 

Ont fait aprendre. 
Tout cecy ont voulu emprendre 
Pour vous : vous leur en deuez rendre 
Guerdon', se vous sauez entendre 

Nulle raison. 
Ilz vous ont bastie maison 
Pour logier en toute saison; 
Héritage à grant foison 

Vous ont acquis, 
Et ont vostre profit enquis 
Partout, puis le vous ont conquis. 
Brief, ilz vous ont tout Thonneur quis ^ 

En quoy vous estes. 
Vous fussiez comme pouures bestes, 
Sans sauoir iours ouuriers ne festes, 
Se ne fussent les saiges testes 

Qui vous aprirent. 
Pences les grans biens qu'ilz vous firent, 
Quant bestes ignorans vous virent 
Et diligeaument, en vous, mirent 

Science acquise. 

Après, à leur definement ^, 
Lessé leurs biens entièrement 
Ilz vous ont, en leur testament, 

Pour vous nourrir. 
Ne les veillez lesser pourrir ; 
Mais auant que doyez mourir, 
Donnez en, pour eulx secourir. 

^ BienSy argent, fortune. — * Récompense. ^ ' Quis, cherché, 
participe passé de quérir. — * Décès. 



22 IMPRESSIONS DE BRéHAMT-LOUD£/lC 



Et quant serez 
Ou point qu'ilz sont, vous lesserez 
Les biens que vous amasserez, 
Ne iamais plus rien ne ferez <. 

Aultre sera, 
Qui vostre auoir possidera 
Et peult estre rien ne fera 
Bien pour vous. Ainsi fînera 

Piteusement 
Vostre richesse, et meschamment !... 
Vueillez doncques soigneusement 
Mectre paine au deliurement 

— Hommes et famés ! — 
Des pouures mors, des pouures âmes, 
Qui endurent, lasses et pasmes, 
De purgatoire les griefe flames, 

Chaudes et fières. 
Ilz sont, en ces bouillans chaudières, 
En grans chaleurs, en grans fumières, 
Atendans voz bonnes prières, 

Voz oraisons , 
Voz aulmonez, voz donnaisons, 
Vigiles, kyrieleizons: 
Ce sont les biens que leur faisons. 

Si vous supplie 
En charité et courtoisie. 
Pour Dieu, ne les oubliez mie ! 

* L'édition originale porte « sere:( » , — faute. 



I 



III. — La Patience de Griselidis 




N-4® goth. de 14 feuillets non chiffrés, en deux 
cahiers, a et b, le premier de 8 fP., et le second 
de 6. Le i*' f. du i" cahier, entièrement blanc, n^est 
pas signé; les trois suivants sont signés a i, a il, a iil. 
Les trois premiers ff. du 2* cahier sont signés régu<« 
lièrement b i, b ii, b iil. — 27 lignes à la page, sauf 
les pages signées qui en ont 26. 

Pas de titre. Incipit (f. 2* signé a i, r**) : 

c A lexemplaire des famés mariées et de tou« 
tes aultres iay mis selon mon petit engin et en 
tendement de latin en francoys. Lystoire que 
près sensuyst. . De laquelle constance et 
pacience merueilleuse d'une famé laquelle cy a- 
se nommoit grisilîdis fille dung poure homme 
appelle ianicole du pays de saluées. » 

Nous avons déjà dit que la Patience de GriselidîB 
est le plus mal imprimé des incunables de Bréhant** 
Loudéac. Ce début en donne une belle preuve, et nous 
Tavons reproduit en figurant la disposition des lignes, 
pour faire saisir de suite les fautes énormes des lignes 
3, 4 et 5, qu'il faut corriger comme suit : 

c Lystoire que cy a- 

pres sensuyst, de la constance et 
pacience merueilleuse dune famé laquelle 
se nommoit grisilidis » 



H mPRKSStONS DE BRÉHANT-LOUDÉAC 



Souscription (f. 14', v^) : « Cy finist la pacience 
grisilidis imprime || par. Robin Foucquet et lehan 
cres a bre fl hant lodeac soubz noble et puissant 
sei II gneur lehan de rohan seigneur du gue || de lisle 
le xviii' iour de ianuier lan mil || iiii«. quatre vings 
et quatre. » Signé plus bas , au milieu de la ligne : 
ç Robin Foucquet. » 

La touchante aventure de Griselidis a profondément 
ému les hommes du moyen âge. Ici toutefois ce n^est 
pas pour rintérét du récit , c^est pour renseignement 
moral qui s^en dégage , qu^elle a été reproduite par 
les presses de Bréhant-Loudéac, car le prologue nous 
montre dans cette histoire un 

m très noble mirouer de vertu , de pacience , d'obédience , 
de vraye humilité et de constance , ouquel se doibvent 
mirer toutes dames mariées voulans et desirans fsiire leur 
deuoir en mariage... pour auoîr l'amour de Dieu et de 
leurs maris... et la louenge et l'onneur de tout le monde, 
comme elles le doibuent âiire , en prenant exemple à la 
très noble dame Grisilidis, iadis marquise de Saluces, 
qui eut toutes les vertus dessusdictes i (f. 2«, r^), 

L^histoire de Griselidis est si connue que nous n^en 
Voulons rien citer. La version française imprimée 
à Bréhant-Loudéac n^est d^ailleurs qu^une traduction, 
assez libre et agréable dans la forme , mais fidèle au 
fond, du récit de cette aventure composé en latin par 
Pétrarque sous le titre d^Epistola ad Johannem Flo^ 
rentinum de historia Griselidis y mulieris maxime 
constantie et patientie. 



Op 



IV. — Le Bréviaire des nobles 




ORMAT in-4®, gothique, de 12 feuillets non chif- 
^ frés, en deux cahiers, A et B, de 6 S. chacun ; le 
I*' f. du I*' cahier, qui ne porte que le titre, non signé, 
les 2 ff. suivants signés A i, A ii ; les 3 premiers ff. du 
2® cahier signés B i, B ii, B iii; — 27 lignes à la 
page, sauf les pages signées qui en ont 26. 

Titre (f. i", non signé, r**) : a Le breuiaire des 
nobles. » 

Incipit (f. 2«, signé A i, r*») : 

c La noblesse dame de hault vouloir 
Royne des preuz princesse des haulz faiz. » 

Explicit (f . 1 2« r*») : 

c Puis que la fin fait les eupures louer 
Explicit Deo gratias » 

Immédiatement après cet explicit, et sur la même 
page (f. 12* r®), commence une oraison, d'un autre 
style et évidemment d'un autre auteur, en 44 vers de 
dix syllabes, dont voici le premier : 

c A toy mon dieu mon espoir mon confort. » 

Cette oraison finit au f . 1 2« v** et est immédiatement 
suivie de la souscription, ainsi conçue (f. 12® v®) : « Cy 
finist le breuiaire des nobles || imprime par. Robin 
Foucquet. || et lehan cres a brehant lodeac || soubz 



a6 IMPRESSIONS 



noble et puissant seigneur || lehan de rohan seigneur 
du gue II de lisle le xxv® iour de ianuier lan || mil 
iiii«. quatre vings et quatre. » Signé un peu plus bas^ 
au milieu de la ligne : « Robin Foucquet. » 

Le Bréviaire des nobles est un poème didactique 
(en 445 vers de diverses mesures) , qui a pour but de 
décrire les vertus les plus nécessaires à la noblesse et 
d'exhorter les nobles à les pratiquer. Le style est 
obscur, enchevêtré, alambiqué, et généralement plat. 
Le fond ne sort guère du lieu commun. Donc, peu 
de chose à citer. Voici pourtant quelques extraits. 
Dans la seconde stance du poème, « la Noblesse, dame 
de hault vouloir », se plaint de ceux qui prennent 
son nom et le déshonorent (f. 2® signé A i, r®) : 

Je my doy bien de pluseurs gens doloir *, 
Qui ont du tout mes estaz contrefaiz , 
Et en mectant vertu à nunchaloir, 
Prenant mon nom et laissant mes biens faiz , 
Et ont les cueurs auilez 2 et deffaiz 
Et inclinez à mal dire et meffaire. 
Mes qui vouldra pardon de ses meffaiz , 
Ses heures dye en cestuy briuiaire. 

Voici les douze vertus sans lesquelles il n'y a pas 
de vraie noblesse (f. 2' v°) : 

Pour démons trer comment nobles sont faiz, 
Douze vertus monstrent si leur affaire. 
Doncques qui veult estre noble parfaiz , 
Ses heures die en cestuy briuière. 



Foy, loyauté, honneur, 
Droicture, proesse, amour, 

* Plaindre. — * Avilis. 



DE BRÉHANT-LOUDéAC 2J 



Courtoysîe, netteté, diligence, 
Largesse, soubrité ', perccuerance. 

Chacune de ces vertus forme un chapitre ou une 
division du poème. Voici (f. 3* signé A ii, r*) le pre- 
mier couplet du chapitre concernant la 

Loiauté. 

Pour quoy furent les nobles ordonnez 
Et establiz seigneurs sur les menuz, 
Et leurs furent les haulx honneurs donnez. 
Et hommaiges qui de eulx sont tenuz? 
Hz ne sont pas si très hault auenuz 
Pour rapiner ne par leur force prendre, 
Mes sont de droit et par raison tenuz 
Seruir leur roy et leurs subgectz deffendre. 

Au chapitre de Diligence, on trouve ce couplet (f. 7* 
signé B i, v«) : 

Que vault homme qui muse et se pourmaine, 
Et veult auoir moul lit et pance plaine, 
Et demourer en repos au couuert , 
Et passe scpmaine après sepmaine. 
Et ne luy chaut en quel point tout se maine, 
Qui soit perdu ne qui soit recouuert , 
Et veult c'on soit dauant luy descouuert , 
Et que Ton dye qu'il est noble â mervoille ? 
Mes qui est noble, il apert de quoy sert 
Diligence, qui les vertuz esueille. 

L^auteur recommande beaucoup aux nobles la vertu 
de sobriété (f. 9* signé B iii, v«): 

* Sobriété. 



l8 IMPRESSIONS DE BRÉHANT-LOUDÉAC 



De faire exceix ne peut il bien venir. 
Ne corps ne les < n'en peut estre meilleur ; 
Ains en pert on manière et contenir, 
Et tousiours a gloton quelque doleur, 
Et est pesant , replet , et gras et ort > ; 
Nul n'en a deul , homme ne le regraite. 

^^ vC • • • • 



*■ Los, louange, honneur, réputation. — ' Sale. 




V. — L^Oraison de Pierre de Nesson 




N-4^ goth. de 6 feuillets non chiffrés, en un seul 
cahier, dont les trois premiers ff. sont signés 
a i, a ii, a iii. — 27 lignes à la page , mais les pages 
signées n^en ont que 26. 

Pas de titre. Incipit (f. i" signé a i, r®) : 

» Ma doulce nourrisse pucelle 
Qui de vostre tendre mamelle. »» 

Explicit (f. 6« v<») : 

« Vng dieu régnant en trinite 
 tous les nessons et nessonnes. > 

Souscription immédiatement après l'explicit (f. 6* 
V®) : « Cy finist l'oraison faicte par. Maistre || Pierre 
de nesson imprime par. Robin || Foucquet et. lehan 
cres a brehant lodeac U soubz noble et puissant sei« 
gneur || lehan de rohan seigneur du gue de || lisle 
le xxvii* iour de ianuier lan mil || iiii« quatre vings 
et quatre, i» Signé un peu plus bas, au milieu de la 
ligne : « Robin Foucquet. » 

Pierre de Nesson était secrétaire ou officier de 
Jean i", duc de Bourbon, qui fut pris par les Anglais, 
en 141 5, à la bataille d'Azincoun. L'Oraison ou Sup- 
plication qui porte son nom est un acte d'hommage 
à la Vierge, en 292 vers de huit syllabes, et dont voici 
ridée mère qui ne manque pas d'originalité. C'est 



3o IMPRESSIONS 



que — aux termes de la loi, du droit coutumîer 
comme du droit écrit — Tempire du monde, tout au 
moins celui de la terre et de ses habitants, appartient 
à la sainte Vierge et non à son Fils ; tout le poème 
consiste à discuter, à réfuter une à une les raisons 
que le Christ pourrait produire au contraire. Cepen- 
dant Pauteur conclut qu^il ne faut pas suivre à la 
rigueur les prescriptions de droit, qu^il y a et qu'il 
doit y avoir communauté de biens entre la mère et le 
fils. — Une des causes de la popularité de cette pièce 
en Bretagne dut être la mention fort honorable qu'elle 
fait de saint Yves. 

Voici le début et quelques extraits de cette oraison 
singulière : 

Ma doulce nourrisse pucelle, 

Qui de vostre tendre mamelle 

Vostre créateur allaitastes, 

Et qui vostre père enfantastes ; 

Ma dame, ma loyalle amye, 

Combien que ie ne soye mye 

Digne d'estre en vostre seruice, 

Je vous supply que, sans office, 

S'aucun m'enquiert à qui ie suis. 

Je puisse dire que i'ensuis 

La court de la royne des cieulx *, 

En espérance dauoir mieulx 

Et d'estre de vostre famille, 

— Ma doulce de Dieu mère et fille ! — 

Non mie comme seruîteur, 

Car ce me seroit trop d'onneur 

Et seroye trop guerdonné 

D'estre vostre poure donné » ; 

* Que je suis attaché à la cour de la reine des cîeux. — * Votre 
esclave, votre serf, qui s'est donné entièrement à vous. 



DE BRÉHANT-LOUDéAC 3l 



Pour ce, s'il vous plaist en gré prandre, 
Tout maintenant, sans plus actendre, 
Je vous donne mon corps et m'ame ^, 
Si fait pareillement ma famé, 
En vous faisant foy et hommaige 
De tout nostre menu lignage. 
En vous prometant féaulté 
Seruice, foy, et loyaulté. 
Aussi, Dame, vous nous devez 
Garder, si vous nous receuez * : 
Et si vous nous prenés en garde. 
Nous n'auons des ennemis garde. 

Et si vostre Filz voulloit dire 
Qu'il est de tout le monde sire 
Et qu'à luy appartient l'ommaige: 
Nous sommes de vostre lignage 
Et de par père et de par mère. 
Et luy, du costé de son père 
Je croy bien qu'il soit de bon lieu, 
Mais, en tant qu'il est filz de Dieu, 
Nous ne sommes de riens parens. 
Et s'il veult produire garens. 
Disant qu'il prist l'umanité. 
Je croy bien qu'il dit vérité. 
Mais ce fut de vous seullement ; 
Car oncques homme nullement, 
Joseph mesmes vostre espousé, 
Ne vous toucha ne n'eust osé. 
Vostre Filz mesmes le scet bien, 
Et doncques ne nous est il rien 
Si ce n'est de vostre costé. 



*■ Mon âme. — ' Si vous nous recevez à votre service, vous 
nous devez protection. 



3 a IMPRESSIONS 



Et quant ad ce qu'il se dît estre . 
De tout le monde roy et maistre, 
Affin que à tout on luy responde, 
Son royaume n'est de ce monde, 
Ou luy mesmes se contredit. 

Et s'il dit qu'il a seigneurie , 
Dont luy vient elle ? de hoirie ? 
Il n'eust oncques prédicesseur : 
 qui se r oit il successeur ? 
Quel tiltre y peut il auoir ores *, 
Veu que son père vit encores 
Et si ne le mencipa oncques ? 
Il ne peut rien possider doncques, 
Tant que son père soit en vie. 
Et si fault que autrement l'on die, 
En ce monde il est fîlz sans père. 
Doncques estes vous, comme mère. 
Légitime aministeresse 
Et de ses biens gouuerneresse : 
La coustume du monde est telle. 

Et s'il dit qu'il est hors tutelle 
Et d'aage, on le luy confesse : 
Mais chascun voit comment il laisse 
Aler à mal son heritaige. 
Il donne au fol, il oste au saige 
Des biens mondains si largement. 
Que ceulx de bon gouucrnement 
Viuent en grant mendicité. 
Et aux folz plains d'iniquité 
Il en donne à grant desraison. 
Et croy que par ceste raison 
L'on pourroit dire sa largesse 

Maintenant. 



DE BRÉHANT-LOUDéAC 33 



Ne venir pas de grant saigesse... 
loinct ce qu'on m'a dit, que iadiz 
Habandonna son paradis 
A qui le vouldroit acquérir. 
Pour quoy là sus ne fault quérir 
Ne gouuernement ne police, 
Neis ^ vng exploit de iustice. 
Aussi n'y a il nulz sergens, 
Car on n'y seufTre nulles gens 
Chés qui biens ne gaiges l'on truisse 
Dont exécuter on les puisse. 

Et si n'y a nulz aduocas ; 
Car s'il y auient aucun cas, 
Il n' a qui pleidie ne gaigne, 
Sinon maistre Yues de Bretaigne. 
La cause est, car quant il pleidie, 
Nul n'est pour l'auerse partie: 
En paradis iuc au iour d'uy > 
N'entra onc aduocat que luy. 



Et quant au fié dont est querelle s. 
Par Dieu, ma très douce pucelle 
Quant à moy, ie ne doubte mie 
Veu vostre généologie *, 
Et vostre cas bien entendu, 
Bien assailly bien deffendu. 
Que tantost la court souueraine 
A vous, comme à la plus prochaine, 
Adiugera la retenue *. 

• 

* Pas même. — * L'édit. orig. porte : Car en paradis iuc au 

iour duy, version fautive puisqu'elle rend le vers faux. — ' Ce 

^^ n'était autre chose que Tempire du monde. — • Sic. — * Vous 

donnera gain de cause. L'auteur multiplie ici les termes de 

droit et de chicane. 



34 IMPRESSIONS 



Mais, Dame, vous avez tenue 

Tousiours la voye de doulceur 

A vostre Filz, et pour seigneur 

Vous l'auez tousiours recongneu : 

Cecy est prouué et congneu. 

Soit ou non par sucession. 

Il en a la possession 

Qu'il n'est mémoire du contraire ; 

Ne l'on ne vous vit oncques faire 

Rien par quoy sa prescription 

Print aucune interruption. 

Tousiours l'auez tel aduoué, 

Et mesmes, la nuyt de Noé *, 

Dès si tost que enfifanté vous l'eustes. 

Pour seigneur vous le recongneustes 

Et l'appellastes créateur : 

Donc vous est il plus que seigneur. 

Item, quant vous vous accordastes 
A l'ange, pour luy vous mandastes 
Que vous estiez sa chamberière '. 
Semante n^est pas coustumière 
De recepuoir (ne ne doibt estre) 
Les fiefs des vasseaulx de son maistre. 
Si sommes ses féaulx subgitz, 
Dont luy appartient les fruitz s. 
Mais pour venir à la rigueur, 
Sans porter haine ne faueur 
A vous, Dame, ne à vostre Filz, 
Lorsque l'ommaige ie vous feiz, 
Vous deux estiés communs en biens. 
Dont sommes nous vostres et siens : 
Aussi à vous n'appartiendroit 
Qu'à chascun la moictié de droit. 

< Noél. ~ ' Allusion à la réponse de la Vierge à l'ange 
Gabriel: Ecce ancilla Domini. — * Les fruits de fief, les droits 
et les revenus féodaux. 



DE BRÉHANT-LOUDÉAC 35 



Or, pour venir à Téquité 

Et à la droicte vérité, 

Oncques entre vous ne partistes >, 

Ne ferés, faictes, ne feistes, 

Ains que par perpetuaulté. 

Ferme ceste communaulté *. 

Si sommes à chascun de vous 

Par indiuis chascun de nous, 

Et tousiours à vous voulons estre 

Sans aultre maiste risse ne maistre. 

Et pource que toute personne 
Doit à cil qui à luy se donne 
Sa vie », nous vous requérons. 
Tant qu'en ce monde nous serons. 
Que, comme à voz poures donnez. 
Des biens mondains vous nous donnez, 
Sans richesses ne pouretez, 
Seullement noz nécessitez 
Pour passer ceste poure vie 
Si que nul de nous n'y mendie , 
Et aussi sans que de richesse 
Vous nous donnez trop grant largesse : 
Si n'en requérons fors assez. 
Et quant nous serons trespassez, 
Donnez nous, ma dame Marie, 
La doulce perpétuel vie. 
Laquelle octroit, par sa puissance, 
La très haulte diuine essence, 
Vng Dieu régnant en troys personnes, 
 tous les Nessons et Nessonnes. 

* Partageâtes. — ' Vous avez fait ferme, c. à d. établi et con- 
firmé cette communauté de biens entre vous à titre perpétuel. — ' 
' Les moyens de vivre. 



VI. — Le Songe de la pucelle 




[oRMAT in-4*^, gothique, de 8 feuillets non chiffrés, 
en un seul cahier, dont les quatre premiers ff. 
sont signésa i, a ii, a iii, a iiii. — 27 lignes à la page, 
sauf les pages signées, qui n^en ont que 26. 

Titre (f. i", signé a i, r®) : a Cy commance le songe 
de la pucelle. y> 
Incipit (même f. r®) : 

c  leure du songe doré 
Lorsque laube du iour se creue » 

Explicit (f. 8« v«) : 

t Et qui vouldra de cette ystoire 
Que le nom point ne le vous celé 
C'est le songe de la pucelle » 

Souscription (f. 8* v**) : a Cy finîst le songe de la 
pucelle imprime || par Robin Foucquet et lehan Cres 
soubz II noble et puissant seigneur lehan de rohan || 
seigneur du gue de lisle ou moys de lan |j uier 
mil iiii^' iiii vingts et quatre. || Amen Deo gracias. » 
Signé plus bas, au milieu de la ligne: « Robin 
Foucquet. » 

Le Songe de la pucelle forme un petit poème de 
343 vers octosyllabiques , divisé en 49 stances de 
7 vers chaque. C^est un de ces dialogues ou débats 



IMPRESSIONS DE BRéHANT-LOUD^AC Sj 



allégoriques, si fréquents dans la littérature du moyen 
âge, qui se plaisait aux disputes scolastiques. 

ATâge où s^éveillent à la fois le cœur, les sens, Pin- 
telligence, la jeune fille sent s^agiter en elle-même la 
lutte de la passion et du devoir, qui fait le fond de la 
vie humaine. Pendant son sommeil, cette lutte se 
poursuit, la pucelle voit apparaître deux personnages 
qui se disputent son âme et, par des raisons contra- 
dictoires, lui offrent pour but de la vie, l'un le plaisir, 
l'autre l'honneur. Elle écoute en silence l'un etl'autre, 
note avec soin leurs discours dans sa mémoire, et 
quelque temps après, rencontrant le poète, elle lui 
conte tout le détail de ce songe, qu'il s'amuse à mettre 
en vers. 

Telle est la donnée de cette petite fable, dont le 
style, par ci par là, ne manque pas d'agrément. En 
voici le début et quelques extraits : 

t Çx commence le Songe de la pucelle. 

 Teure du songe doré, 
Lorsque l'aube du iour se creue, 
Qu'on se treuue tout essoré, 
Sommeil d'une nuyt assez grieflie *, 
M'endormy, pour la faire briefue : 
Ce fut tout à la fin de may. 
En ieunesse n'a point d'esmay ». 

Si toust que le fuz endormye, 
Deulx personnes ie viz venir ; 
Qui me disdrent : — t Ma belle amye, 

* Quand on sort fatigué d'un sommeil pénible. — • La jeu- 
nesse n'a crainte de rien. Chaque stance se termine par une sorte 
de sentence ou de proverbe , dont le rapport avec les vers qui 
précèdent n'est pas toujours très-clair. 



38 IMPRESSIONS 



Il te fault autre devenir ; 

Reprends vng nouueau souuenir, 

Car d'enfance tu es deliure : 

Uaage enseigne comme on doibt viure. » 

— w Tu es moult belle, fresche et ferme, 
Et de tous membres auenue <, 
Ce dist Tune, ie te afferme, 
Autant que aultre soubz la nue, 
Soit dessoubz robe ou de corps nue, 
Blanche, neufue, dure et refaicte : 
Chose de faczon est parfaicte. 

c Jamais plus gente ie ne tins. 
Plus dure ne en meilleur point, 
Beau visage, gent corps, tetins 
Qui sont ores en meilleur point, 
Car tu es d'aymer droit à point ; 
L'on te tient pour vng chief d'euure. 
Bon est l'oupurier qui mieulx eupure. 

c Tu as assez d'entendement 
Et sens, pour fille de ieune aage ; 
Il n'y fault point d'amendement 
Ne quérir aultre personnaige. 
Tu es née de bon lignaige. 
Ainsi comme i'ay entendu. 
Bien qu'on ne congnoist est perdu. 

€ Croy de vroy, si ie fusse homme, 
Je te priasse pour ma dame. 
La singulière > es, en somme, 
Qui oncques fut aimée d'ame. 

* Avenante. — ' Tu es la plus rare, la plus parfaite (la singU' 
lière) des femmes qui jamais furent aimées de cœur. On devine 
assez que la personne qui parle ainsi à la pucelle ne peut étrt 
qu'il iftovr. 



DE BRéHANT-LOUDÉAC $9 



Car ie te asseure, sur mon ame, 
Que tu es belle tout à droit. 
Qui a belle dame, il a droit, i 

La pucelle nous apprend que les deux « personnes » 
ou a semblances j» qu'elle avait vues en songe por- 
taient , pour prévenir toute méprise , leur nom écrit 
sur leurs robes ; Tune était Amour et Tautre Honte, 
c'est-à-dire Pudeur. — Chacune de ces personnes 
s'adresse tour à tour à la pucelle et lui donne des 
conseils pour être heureuse dans la vie où elle va 
entrer : conseils entièrement contradictoires. Amour 
commence , Honte répond : 

Honte. 

Haa ! belle fille, que feras-tu ? 
Se tu croyz celle malle famé, 
Ton fait ne vauldra vng festu ; 
Folle demourras et infâme. 
Pour Dieu, garde toy, belle dame. 
Ne pers pas ta virginité : 
[En] pucelle est grant dignité. 

Amour, 

Si Honte croyz, celle affoUée, 
lamais ne vauldras vng oignon. 
Tu es à prandre ta voilée 
Pour auoir bien ou iamais non <. 
Choysis quelque beau compaignon, 
Mais qu'il souffise à ta plaisance : 
Il n'est trésor que souffisance^. 

^ Selon le parti que tu vas prendre, « tu auras bien », c'est-à- 
dire tu seras heureuse pour toujours, ou tu ne le seras jamais. 
— * Contentement. 



40 IMPRESSIONS 



A ieune pucelle appartient 
D'estre frisque, ioyeuse et gente ; 
fit quant en ce point se maintient. 
C'est noblesse qui y régente. 
De ce ne doys estre indigente, 
Dancer voiler comme vne aronde > : 
On n'a que sa vie en ce monde. 

Recognoys les biens que nature 
T'a donnez et si largement, 
Et faict si belle créature 
Que c'est vng essioyssement *. 
Ce sinon, au grand iugement. 
En rendras compte et reliqua : 
On doit garder le reliqua. 

Honte. 

Tant mieulx ta nature [est] fourmée 

Et de toute beaulté remplie. 

Tant plus doibz [bien] estre infourmée 

Et de grans vertus accomplie ; 

Si ton cueur à mal faire plye. 

Ton compte ne seroit pas bon... 

L'entrée est doulce et atra3rant : 
C'est fiel amer de miel confît. 
Dont l'on n'est iamais retraiant 
Si toust que se faict desconfit '. 
Non y entrer est de prouffit 

*- Hirondelle. ^ ' Belle et curieuse expression : « La nature a 
fiiit de toi une si belle créature, que c'est une joie, un éjouiS' 
sèment de te voir » — ' L'entrée du plaisir est douce; c'est comme 
du fiel confit et enveloppé dans du miel ; dès que s'opère le des- 
confit, c. à d. la séparation du fiel et du miel, le fiel seul reste 
avec toute son amertume, on ne peut plus le retraire, le retirer, 
s'en débarrasser. 



DE BRÉHANT-LOUDiAC 4I 



A tout le sexe féminin : 
En la queue gist le venin 

Amour, 

Chacun sçait bien, et n'est pas bourde, 
Que pucelle qui n'a amy 
Toute sa vie est sote et lourde 
Et ne sçait du bien à demy ; 
Ains a tousiours Tueil endormy, 
Sans faczon ne manière auoir : 
C'est belle chose que sauoir. 

Honte. 

Sauoir pucelle sobrement, 
Donc sans vouloir estre subtille, 
C'est la manière proprement : 
Ou faillir pourroit. Coup et quille. 
Tout ne vault pas vne coquille. 
Quant de langaige s'entremect. 
Qui parle trop mensonge y mect. 

Ayes honte dauant les yeulx 
Quant tu seras d'amer esprinse, 
Le monde t'en aymera mieulx 
Et n'en seras de Dieu reprinse ; 
Conduy sagement ton emprinse. 
Adieu, ie t'ay dit mon messaige : 
Qui conseil croit il fait que saige. 

La pucelle. 

Adonc les prins à mercier 

De ce que me vouldrent aprendrc. 

Et diz : Peut-on pacifier * ? 

* N'y a-t-il pas quelque conciliation possible entre ces ensei- 
gnements contradictoires ? En tout cas, je me garderai de mal faXvt. 

6 



42 IMPRESSIONS DE Br£hANT-LOUD£aC 



le me garderay de mesprendre. — 
Lors me vint le grant iour sourprendre. 
Quant plus riens n'y vy, [ie] m'esueille. 
Maint songe plaisent â merueille. 




VII. — Le Miroir d^or db l^ame pécheresse 




1N-4® goth. de 58 feuillets non chiffrés, répanis 
en sept cahiers: a, b, c, d, e, f, g. Les six 
premiers cahiers sont chacun de 8 ff. *, le 7* en a 10. 
Le i*'f. du i" cahier ne contient que le titre et n'est 
pas signé; les 2", 3* et 4' flf. du même cahier sont 
signés a i, a ii, a iii. Dans chacun des cinq cahiers 
suivants , les 4 premiers ff. sont signés b i, b ii, b iii, 
b îiii, et ainsi des autres. Les 5 premiers ff. du 7* ca- 
hier sont signés g i, g ii, g iii, g iiii, g v. — La page est 
de 27 lignes, mais les pages signées n'en ont que 26. 

Titre (f. i", r®) : « Le mirouer dor de lame pèche (| 
resse très vtile et profitable. » 

Incipit (f. 2« signé a i, r*) : « Ce présent liure est 
apellé le mirou || er dor de lame pécheresse, lequel a 
este ff translate a paris de latin en fran ff coys et après 
la translation veu et || corrige au long de pluseurs 
clers maistres et || docteurs en théologie....» 

Souscription (f. 58% r®): « Cy finist le traictie 
nomme le mirouer \\ dor de lame pécheresse moult 
vtile et II proufitable. Imprime par Robin || Foucquet 
et lehan Cres. Le vi« iour || de Mars. Lan mil 
îiii« iiii vingts et || quatre. Deo Gracias. » — Signé 
plus bas, au milieu de la ligne : « Robin Foucquet. » 

* Mais le 8* f. du cahîer d m-^nque dans l'exemplaire de la 
Bibliothjque Nationale. 



44 niPRKssiONS 



Le seul exemplaire connu du livre que nous décri-* 
vons fait partie d'un recueil conservé à la Bibliothèque 
Nationale sous la cote H 800. i (Inventaire de la:. 
réserve, H 5o6), lequel contient trois incunables de 
Bréhant-Loudéac, reliés dans cet ordre: i" la Vie de 
JésuS'Christ f — 2° le Miroir d'or de Vâme pèche-- 
resse, — 3° le Secret des secrets d'Aristote. 

Les exemplaires de ces trois ouvrages que possède 
la Bibliothèque Nationale, ayant été reliés ensemble 
dans ce recueil, ont nécessairement les mêmes dimen- 
sions: 21 3 millimètres de haut sur 146 de large. 

Le Miroir d'or de rame pécheresse est un traité 
de théologie ascétique d^un style remarquable, plein 
de nerf, de vigueur, d'éclat, et parfois même d'élo- 
quence. L'idée mère du livre est cette pensée de 
l'Ecclésiaste : Vanitas vanitatum et omnia vanitas. 
L'auteur voudrait que « ceulx et celles qui es 
« délices de ce monde conversent et sont adonnez » 
fissent « en leurs vestemens, en leurs portes et parois 
« de leurs maisons, escripre et paindre (et prin- 
« cipalement en leurs consciences) celle belle aucto- 
« rite : affin que souuent^ de jour et de nuyt, l'euSsent 
« deuant leurs yeux et en leurs cueurs la sen- 
« tissent. » Il soutient même que « en toutes com- 
c paignies, tant mengant que beuuant », il conuient 
de c souuent chanter et reciter ce dicté : Vanité de 
« toutes vanitez , et toute chose est vanité » (f. 2* v®). 

L'ouvrage contient sept chapitres, que la table in- 
dique ainsi : l. De la vilité et misère de Vomme (f. 3* 
r*). — II. De péché en gênerai et de ses effect:{^ (f. 8* 
r*), — III. Comment Von doibt tost et en diligence 
faire pénitence (f. i5' v®). — IV. Comment l'on doibt 
fuir le monde (f. 27* r®). — V. Des faulces richesses 



DE BRiHAMT-LOUDiAC 



et vains honneurs du monde (f. 33* r*). — VL 
Comment l'on doibt tousiours et en chascun lieu 
craindre et doubter la mort (f. 41* v^). — VIL Des 
iqjres de paradis et despaines d* enfer (f. 47* r*). 

Notre édition est la plus ancienne de ce livre, dont 
Fauteur est inconnu. Nous ne serions pas éloignés 
de l'attribuer, par conjecture, à Olivier Maillard, 
S'il n'est de lui, il est sorti de son école. On y retrouve 
en maint passage , non-seulement la verve , la fougue 
du célèbre prédicateur breton , mais la même audace 
à combattre le vice partout oti il règne , même chez 
les riches et les puissants. Qu'on en juge par cet 
extrait du chapitre V : 

« Vlulez et pleurez, vous misérables et meschans, puis* 
sants et anobliz du vent de inconstante fortune, qui 
oonfundez et desprisez les aultres; vous [qui] estes ofifus* 
ques et aueuglez des biens, des vanitez et des dignitez que 
vous auez fraudulentement et malicieusement acquis en 
ce monde ! Car le terme de vostre vie sera par aucnture 
ceste nuyt couppé, comme du tixerant est le fil , et en 
enfer sans fin, sans terme, misérablement [serez] tour- 
mentez : et de tant qu'en ce monde aurez eu plus de gloire 
et de liesse, de tant vous est en enfer plus gricfuc paine 
préparée. 

Et plus fort ie vous diray. Nostre Seigneur esleut en ce 
monde XII appostres, desquelz n'y auoit de noble lignée 
fors vng seul , c'est assauoir sainct Berthelemy, et vng 
riche, c'est assauoir sainct Mathieu: et tous les aultres 
estoient pouures pescheurs , viuans en paine et en trauail 
de leurs corps. Or, puis que ainsi Dieu est vray et iuste et 
que toute chose [qui] procède de sa bouche est vraye et 
pure vérité, à grant paine des nobles, des riches et 
puissans en ce monde, peut on en trouer vng conuenable, 
digne de élection salutaire ; mais assez en peut on trouuer 



46 IMPRESSIONS 



qui sont propres et convenables au seruice de dampnation 
étemelle, et en pou de temps en enfer recepuront leur 
salaire.... 

Autre chose est du riche, nourri en délices, et du poure 
nourri du vent de famine. Car le riche n'est aultre chose 
que vng vaisseau plain de tous péchez, vaisseau pourri, 
rempli d'orgueil, plain de luxure et d'auarice; etprincipal- 
lement aulx riches, aulx puissans et aulx nobles régnent 
tous péchez et malédictions. Et sont et doibuent estre 
appeliez larrons, car violcntement ilz desrobent et emblent 
aux poures leur salaire et leur substance, et défoulent et 
hiectent à mort ceulx qu'ilz deussent substanter et nourrir 
des biens que la main de Dieu tout puissant a donnez pour 
les poures administrer et soustenir. Hélas 1 ilz voient les 
pouures membres de lesucrist, nuz et despourueuz, mou- 
rir de fain, de soif, et ilz n'en tiennent compte; mais ilz 
mectent les trésors des pouures, c'est assauoir la super- 
fiuité et superhabundance de leurs richesses, en sump- 
tueulx édifices et grans palais. Hz prennent leurs plaisirs 
et félicitez à faire et préparer aulx aultres riches grans 
disners, combles et fournis de viandes diuerses, pour 
emplir leur ventre et assouyr leurs charoignes des délices 
du monde, et ilz n'ont pitié, miséricorde ne compassioo 
des poures, qu'ilz voient en la place, deuant leur huiS| 
mourir de fain!... 

Que veulx tu plus que ie te die de telles gens, qui aulx 
honneurs et richesses du monde passent leurs iours? 
Certes, toutes les langues des hommes mortels ne sauroient 
dire ne exprimer les énormes maulx et péchez qu'ila; 
commectent. Car il ne leur souuient de Dieu ne de la 
mort sinon par aduenture, en dormant ou en songe... 
Hélas 1 que vont faire telz meschans pécheurs aulx églises 
et lieux de deuotion ? Certainement ilz vont pour veoir 
et regarder en péché la fourme et la beaulté des famés. 
Quant ilz doibuent pcncer à Dieu et à leur sauluement, 
leur pencée et cogitation est comment ilz pourront nager 



DE BRÉHANT-LOUDÉAC 47 



SUS la mer, cheminer sus la terre pour amasser et assem« 
hier, pour eulx et leurs enfans, trésors et richesses mon- 
daines. Ilz pencent comment ilz se pourront vestir et parer 
leurs corps de vestemens precieulx et au monde plaisans, 
comment ilz pourront faire ieux diucrs , tournois et esbaz, 
préparer viandes delicatives pour complaire à leurs con- 
sors et sodaulx, pour auoir et amasser famés, pour faire et 
acomplir la concupiscence de leur mauldict désir char- 
nel. 

' O pouures pécheurs, vous ignorez que vous faictesl 
Hélas ! vous destruisez le corps dauant le temps de ses 
iours, et mectez à mort Tame. De quoy pencez vous que 
viennent tant de véhémentes maladies et morts soudaines, 
lors de la trop grande habundance et exceis de viandes et 
de la mauldicte fréquentation des famés ? Vous pencez de 
vous iouer de Dieu, et vous [vous] abusez vous mesmes. 
Vous oubliez l'ame pour obéir au corps, et en ce faisant 
destruisez et corrompez corps et ame ! 

Et pour tant, gaudissez, chantez et vous esiouyssez en 
si peu de briefue espace de temps que vous auez. Car, 
après vostre briefue ioye, viendra le temps qu'il vous con- 
viendra en tourment et langueur éternel pleurer et lan- 
guir sans fin. Beuez, mengez, vestez vous de diucrs habits 
en les changeant souuentes foiz, affin que vostre noblesse 
ne soit abessée et que nulz mortelz en honneur ou dignité 
vous excédent. Et en enfer, en honte et confusion serez 
receups. Où seront lors vos grans disners? Où seront les 
viandes delicatiues et précieuses? Où seront les vins aro- 
matiques, confîctz es saueurs de diuerses espices? Mengez 
maintenant et vous endurez! Car après la mort ne le 
pourrez plus faire, mais serez en enfer auec le mauluais 
riche, et là demanderez une seule goucte d'eaue et ne la 
pourrez auoir!... 

O pécheur misérable, pour quoy ne t'amendes tu ? pour 
quoy tardes tu de iour en iour à toy convertir à Dieu? La 
mort est près, qui de iour et de nuyt court après toy pour 



48 IMPRESSIONS DE BRéHAinr-LOUDéAC 



fabattre. Le diable est auprès de toy, tout prest de toy 
receuoîr. Tes richesses te fauldront au besoing. Les vers 
attendent ta charoigne, que tu nourris si chèrement, pour 
la deuorer et ronger.... 

O pouure abusée créature ! tu quiers et espères trouuer, 
parmy les vanitez de ce monde, gloire, soûlas, richesses 
infinies: et ilz n'y sont pas! Mais si tu veulx trouuer 
gloire, trésor, soûlas et félicité perpétuellement, laboure 
en diligence d'aquerir le royaulme celestiel ! 

Que dites-vous de pareils accents au XV* siècle ? 
Et la chaire française (car ceci est tout à £aitdu sermon) 
a-t-elle, même depuis, retenti souvent d^une éloquence 
plus vive, plus forte, plus librement hardie, et plus 
pittoresque? 




VIII. — La Vie de Jésus-Christ 




Sn-4® gothique (à 27 lignes par page) , de 154 
feuillets distribués en 19 cahiers, tous de 
8 ff., sauf le dernier qui est de 10 ff.; ces 19 cahiers 
signés, en capitales gothiques. A, B, C, D, E, F, G, 
H, I, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T. Dans tous 
les cahiers , sauf le premier, les 4 premiers ff. sont 
régulièrement signés 6 i, 6 ii, B iii, 6 iiii, et ainsi 
des autres. Dans le cahier T, qui a 10 ff., le 5« f. est 
en outre signé T v. 

Quant au cahier A composé de 8 ff., le premier 
feuillet , qui probablement portait le titre , manque 
dans l'exemplaire de la Bibliothèque Nationale. Le 
2* f. contient une sorte de préface, suivie de la table, 
il est signé A ii (mais il n'est pas chiffré). Le 3® f. est 
signé A iii, et le 4», par erreur sans doute, A ii. 

Les deux premiers ff. de ce livre (celui du titre, 
absent dans Texempl. de la Bibl. Nat., et celui de la 
table) ne sont pas chiffrés. Tous les autres le sont ; la 
chiffrature commence au 3® f. du cahier A (signé A iii) 
qui est chiffré i, et elle se poursuit sans interruption 
jusqu'au dernier qui est chiffré vii" xii (i52). Il y a 
huit erreurs dans cette chiffrature, savoir: 

Le f. xxxi est marqué, par erreur, xxxviii. 

— xxxviii . — — xxxi. 

— ciii — — cix. 

— cix — — ciii. 



5o IMPRESSIONS 



Le f. vi " i est marqué, par erreur, vi ". 

— VI " 111 — — VI " VI. 

— vil "111 — — vil" XI. 

— VI1"X1 — — vil" 111. 

Incipit (f. 2® r® signé A ii, formant auj. le i«' f. de^ 
Texempl. de la Biblioth. Nat.): « Au nom de la 
benoiste et saincte trinite |! Amen. A tous bons et 
vraiz crestiens || soit ce petit liure présente... » 

Souscription (f. vii"xii r°) : « Cy finist le liure 
nomme la vie de iesucrist ou || quel est comprinse la 
création de adam de eue et || du monde iusques a la 
passion et resurrectiou (sic) || La vie nostre dame. 
La vie sainct iehan bàpti || ste. La vie de iudas. et plu- 
seurs aultres beaulx || histoires. Imprime par. Robin 
Foucquet. || Et lehau (sic) cres. Le derrenier iour 
dapuril. Lan || mil iiii*' iiii" et cincq. Deo gracias. » 
Signé un peu plus bas, au milieu de la ligne: « Robin 
Foucquet. » 

Pour bien comprendre le but des impressions de 
Bréhant-Loudéac, il faut lire , au début de ce volume 
et immédiatement avant la table, le prologue général ; 
il n'est d'aucun des auteurs de cette compilation^ 
mais de quelque copiste ou éditeur,- peut-être de 
Robin Foucquet, qui, en tout cas, en adopte la 
pensée : 

Ou nom de la benoiste et saincte Trinité , amen. A 
tous bons et vraiz crestiens soit ce petit liure présenté , 
lequel , pour [ce] que les faictz de la Saincte Escripture 
sont si grans que à paine humaine créature les peut com«^ 
prendre, et mesmement simples gens qui n'ont eu et 
n'ont l'opportunité d'estudier y et généralement pour toutes 
deuotes créatures, aulcunes deuotes personnes ont voulu 
faire et entreprendre , aydant le Saint Esperit , de faire 



DE BRÉHANT-LOUDÉAC 5l 



«crompiller ce petit extraict, tant du Vieulx comme du Nou- 
laeau Testament. Et a esté abrégé et mis en point , que 
"Kous ceulx et celles qui le verront pourront entendre que 
■c:'est de la foy de Nostre Seigneur : car icelluy, bien veu 
considéré, des effectz principaulx de la Sainte Escripture 
1 touche en briefue substance » (f. 2« non chiffré , signé 
ii, vo). 



Le texte qui suit ce prologue, et qui remplit les 1 52 
rfeuillets chiffrés du volume, se divise en trois parties 
l>ieti distinctes: i^ la Vie de Jésus-Christ proprement 
<lite ; 2° un récit de la passion et de la résurrection 
de Notre-Seigneur, attribué à Gamaliel ; 3** la légende 
<lu trépassement de la Vierge et celle de saint Jean 
l'Évangéliste. 

La première partie comprend bien autre chose que 
l'histoire du Sauveur, elle contient un abrégé de l'his- 
toire sainte depuis la création des anges jusqu'au roi 
David , et depuis le mariage de sainte Anne jusqu'à 
la passion du Christ. Dans sa préface, l'auteur in- 
connu de cette partie du livre explique ainsi son 
dessein : 

Pour ce que pluseurs prestres et plusieurs aultres clers 
n'ont point les Hures à leur aise, et pour ce que pour 
pouureté ils ont petit estudié en la Saincte Escripture , si 
ay voulu fourmer cestuy petit liure qui s'ensuit, lequel ie 
appelle la Vie de lesucrist. Et que ie dye que ie Taye faict 
et fourme de moy mesmes, il n'en est rien. Mais, moien- 
nant la grâce du benoist Sainct Esperit, i'ay prins aucto- 
rité et copie en la Saincte Escripture en pluseurs lieux et 
liures , et premièrement sur le Vieil Testament , et puis 
après ie suis aie sur le Nouuel, ainsi que plus à plain vous 
pourrez veoir par ce présent liure. Lequel i'ay voulu faire 
et assembler, au salut des âmes de ceulx et celles qui le 
liure liront ou ourront lire (fol. i, ro). 



52 IMPRESSIONS 



Cette Vie de Jéstis-Christ se termine , au f* Lxvr 
v^, par cet explich, qui est un vrai résumé de l'ou- 
vrage : 

c Or auons la fin des faitz de Nostrc Seigneur en briefue 
substance : commenczans à la crcacion des anges , venans 
à Adam et Eue iusques au diluue. Et depuis , à Moyse , à 
loachim et à saincte Anne. Au mariage de Nostre Dame. 
A TAnunciacion et Natiuite de lesucrist. Et depuis 
Herodes aler en Egipte. Au retour d'Egipte. Le baptise- 
mement du fluue lordain. Les nopces de sainct lehan 
Euuangeliste. La mort et decollacion de sainct lehan Bap- 
tiste. Les grans miracles que faisoit lesucrist aprochans sa 
Passion. La vie du traistre ludas. Le tout, bien abrégé : 
iusques à la Passion de Nostre Seigneur lesucrist, ensemble 
la Ressurection, faicte et aussi compilée par le bon docteur 
Gamaliel et Nicodemus et loseph d'Abarimathie, disciples 
secretz dudit Seigneur. Lesquieux virent et ouyrent plu- 
sieurs choses que n'auoient pas veu les apostres. Comment 
cy après sera contenu. » 

Au feuillet suivant (f. Ixvii r*^) , on passe en effet au 
récit de Gamaliel , annoncé par ce titre : « Cy com- 
mence la mort et la passion de iesucrist || laquelle fut 
faicte et tractée par le bon mai || stre gamaliel et nyco- 
demus son nepueu et le || bon cheualier loseph daba- 
rimathie disciples || secretz de nostre seigneur. » 

Incipit (au même f. r°, immédiatement après le 
titre) : « En celluy temps que iesucrist print || mort et 
passion en la cite de ierusalem || soubz la main de 
poncepilate qui estoit || seneschal de ierusalem pour 
iulius césar empe- (| reur de romme... » 

Ce récit finit au f. vii"v verso, par ces quatre lignes : 
«... car noz || faultes sont si grans et nos descognois- 
sances que || nous auons grant mestier de la grâce de 



DE BRÉHANT-LOUDéAC 53 



dieu II Laquelle grâce nous vueille donner le père 
le H filz et le sainct esperit. Amen. » Et ces lignes 
sont suivies de Texplicit : « Icy finist la mort et pas- 
sion et aussi la re || surrection de nostre seigneur. » 

La troisième partie du volume commence au haut 
du f. suivant (f. vi"vi r®) et comprend : i** la lé- 
gende de la mort de la Vierge annoncée par ce titre : 
« Sensuit la mort de nostre dame |j et comment 
lange luy apporta la palme » ; 2° un fragment de la 
légende de S. Jean l'évangéliste sous ce titre (f.vii"x 
r*) : « Cy après censuient les miracles || que fist sainct 
iehan leuuangeliste jj ou pays dasie. » — Cette troi- 
sième panie est du même auteur que la première * : 
c'est-à-dire que « la Vie de lesucrist, » annoncée 
dans la préface du f. i r*^, comprend la première et la 
troisième partie du volume, entre lesquelles on a 
intercalé le récit de la Passion et de la Résurrection 
attribué à Gamaliel. 

Ce récit est certainement d'un autre auteur que la 
Vie de lesucrist ; il a été plus d'une fois imprimé 
séparément , entre autres , chez Trepperel en 1497 *. 
De plus, le style et la méthode des deux œuvres diffè- 
rent sensiblement. Quoiqu'il y ait dans la Vie de lesu^ 
crist beaucoup de circonstances fabuleuses, notam- 
ment tout ce qui regarde Judas (ff. lxii r° à lxvi v®), 
l'auteur s'efforce visiblement de suivre l'Evangile , 

* Ce qui le prouve , c'est que la légende des miracles de saint 
Jean l'évangéliste, au f.vii>^x, commence ainsi: c Nous auons 
yeu cy dessus les nopces de sainct Iehan l'euuangeliste, et main- 
tenant verrons comment il s'en ala prescher après la Penthecoste 
en Asie. > Le récit des noces de saint Jean (ou noces de Cana, 
selon notre auteur) se trouve en effet dans la première partie, 
aux ff. L et LU. — ' Voir Migne, Dictionn, des Apocryphes, II, 
col. 1097 à 1099, 



54 IMPRESSIONS 



dont il cite souvent la version latine. La couleur 
légendaire et populaire est bien plus accentuée dans 
la Passion de Gamaliel, qui, malgré cela — ou plu- 
tôt à cause de cela — nous semble de beaucoup la 
plus intéressante partie du volume. Dans ce récit 
Pilate devient, on Ta vu, « le seneschal de leru- 
salem » ; Joseph d'Arimathie est « \ng preudomme », 
Gamaliel « vng maistre qui lisoit les lois », « Nyco- 
« demus , vng gentilhomme cheualier, lequel auoit 
« cent cheualiers soubz soy, qui estoient aux gaiges 
« de Tempereur pour garder la cité de lerusalem et 
« pour conseiller etayder à Pilate... Et quand Pilate 
« auoit riens à faire, il mandoit Gamaliel, Nicodemus 
« et loseph, et tout ce qu'ilz luy conseilloient il fai- 
« soit et ouuroit par leur conseil » (f. lxvii v**). — 
C'est l'histoire évangélique habillée en costume moyen 
âge. Mais sous ce travestissement, l'auteur plus à l'aise 
communique à son récit le mouvement et la vie. 
Voyez , entre autres , cette peinture de la Vierge au 
pied de la croix après la mort de Jésus : 

« Sa très dolente et très desconfortée mère estoit illec- 
ques demeurée près de la précieuse croix, plorant et 
gémissant amèrement et disant : — O faulx Juifz , venez 
moy rendre mon enfant! Rendes le moy soit mort ou 
vif, puisque vos volentés aués acomplies. Rendes le moy 
qui suis sa dolente mère : ou si non faictes moy mourir 
auecques luy! — Elle estoit près de la croix et regar- 
doit son enfant mort, crucifié en la haulteur d'icelle. Elle 
se esleuoit en hault et embrassoit et baisoit la croix là où 
le sang de son chier filz auoit touchié. Elle desiroit atou- 
cheret baiser son enfant, mais elle n'y pouoit auenir, et 
tant estoit affoiblie par Texcès de martire que quant elle 
se leuoit pour actaindre à son enfant, les iambes et les bras 
luy defFaiiloient et chéoit durement à terre: mais tousiours 



DI BRénANT-LOUDÉAC bb 



elle se leuoit au mieulx qu'elle pouoit, car amour la sup- 
portoit. Et combien qu'elle auoit la face pale et ternie , la 
bouche mortifiée par l'aigreur de son mal , elle l'auoit 
vermeille par force de baiser la croix arousée et tainctc ou 
sang de son chier enfant i (f. cxn r^ et verso). 

Du livre décrit ci-dessus on ne connaît d'autre 
exemplaire que celui de la Bibliothèque Nationale, 
conservé dans le recueil coté H 800. i (Inventaire de 
la réserve H 5o6). 




IX. — La Coutume de Bretagne 




|n-4® goth. de 236 feuillets non chiffrés (27 lignes 
à la page) , répartis en 29 cahiers marqués ainsi : 
a, b, c, d, e, f, g, h, i, k, 1, m, n, o, p, q, r, r (autre 
forme de la même lettre semblable à notre z actuel) , 
s (longue, montant au dessus de la ligne) , s (courte)^ t, 
v,u,x, y, z. Le 27* cahier est marqué du monogramme 
dont on usait alors, en typographie, pour exprimer la 
conjonction et ; le 28®, du signe 9 qui servait d'abré- 
viation pour exprimer, au commencement des mots , 
la syllabe cum, com ou con. Enfin le 29* cahier n'a 
d'autre marque qu'un point. 

Sur ces 29 cahiers, deux (v et 9) se composent de 
10 feuillets ; les 27 autres n'en ont que 8 chacun , ce 
qui fait en tout 236 ff. 

Le I®' f. du cahier a, qui porte le titre, n'est pas 
signé; les 3 suivants sont signés an, aiii,a iiii. 
Dans les 28 autres cahiers , les 4 premiers ff. sont 
signés régulièrement b i, b ii, b iii, b iiii, et ainsi des 
autres. Dans les deux cahiers de 10 ff. (v et 9) le 5* f. 
est aussi signé. Les 4 premiers ff. du dernier cahier 
sont signés ainsi : . | .. | ... | .... | 

Titre (f. i«' r®) : « Les constumes et constitu || cions 
de bretaigue (sic) . » 

Il n'y a que ce titre sur ce recto, qui n'est pas signé. 
Le verso est rempli par une grande vignette sur bois 
assez grossière, représentant l'écusson de Bretagne à 



IMPRESSIONS DE BRéHANT-LOUDéAC 



8 mouchetures d^hermine (3. 2. 3), surmonté d^une 
couronne et soutenu par deux lions , avec un enca- 
drement d^architeaure, formé de deux colonnettes 
portant un dais à trois arcatures cintrées et à pans 
coupés. 

La table des chapitres est au commencement, avant 
le texte delà Coutume, et se trouve précédée d'un 
prologue, dont voici les premières lignes (f. 2® signé 
a ii, r®) : « Avcunesfoiz est aduenu en pluseurs || 
terres landes merfoilles qui ne por- || toint que poy 
de fruitz. ne les fruitz || nauoint valu que poy. Et 
pluseurs || etc. » Cette table finit au bas du f. 14* v*, 
où on lit : « Cy finist la table des cou- || stumes de 
bretaigne ». 

La Coutume commence au haut du f. 7* r**, par le 
titre du i®"^ article ou chapitre : « De ceulx qui veuUent 
viure hon- || nestement et iustice estre faicte. i. » — 
Elle a XVI ° xiiii articles ou chapitres, et finit par deux 
lignes imprimées au haut du f. 1 77^ v^, qui sont sui- 
vies de Pexplicit : a Cy finissent les coustumes de 
bretaigne ». — Et immédiatement au dessous (même 
feuillet v^) commencent les Constitutions, dont voici 
le titre et l'incipit: 

« Cy après ensuiuent auchunes constitutions || es- 
tablissemens et ordonnances faictes par plu- || seurs 
ducs et princes du pais et duché de bretai- || gne tou- 
chant la police de la iustice et régime du || dict pais 

et duché. 

« Et premier 

« Memoyre daucunes correctioiïs et mo- || dera- 
tîons qui sont vtilles et nécessaires po' les establisse- 
mens des coustumes de || bretaigne faictes ou parle- 
ment qui fut II Le xv. du mois de septembre Lan mil 

8 



58 IMPRESSIONS 



iiii ce. et v. || sur le faict de la iustlce des aduocats 
et des pie || daieurs de bretaigne et autres choses tou- 
chant le II bien et vtilite publique comme cy après- 
ensuit. » 

Les Constitutions finissent au bas du 236" f. r« oti 
on lit : « Cy finissent les coustumes et constitutions 
Il de bretaigne» Deo gracias. » 

Souscription (au v^ du 236® et dernier feuille^ : 
« LAan de grâce, mil iiii C iiii °- et cinq. Le (| iii* 
iour de luillet. Régnant treshault et || tresexcellant 
prince. Franczoys par la grâce de || dieu duc de bre- 
taigne Conte de montfort de ri || chemont destampes 
et de vertuz. A este parache || ue dimprimer ce présent 
volume de coustumes || corrigées et meurement visi- 
tées, par Maistre ni || colas dalier. Maistre guillaume 
racine et Thomas || du tertre aduocatz. 

« Auecques les constitutions establissemens et or- 
11 donnances faictes en parlement de bretaigne es || 
temps passez et iucques a ce iour pareillement |j visi- 
tées et corrigées par. lacques bouchart gref || fier de 
parlement et par. Maistre allain bou- 1| chart par 
lindustrie et oupuraige de. Robin fouc- || quet et. 
lehan cres maistres en lart dimpression || a brehant 
lodeac ou diocèse de sainct brieuc. Ce || soit a la 
louange de la trinite. Amen. .*. 

« Robin foucquet 
lehan cres. » 

L'exemplaire de la Bibliothèque Nationale, d'après- 
lequel nous décrivons ce livre, est bien conservé,, 
relié en maroquin rouge avec filets et armes de 
France sur les plats (reliure de la Bibliothèque du roi 
au XVII* siècle) ; hauteur, 207 millimètres ; largeur,. 



DE BRéHANT-LOUDÉAC 59 



140. — Il porte la cote F 2904, et dans rinventaire 
de la Réserve F 956. 

La bibliothèque de la ville de Rennes ep possède 
une autre (coté Armoire 1% if i5g4 bis)^ fort bien 
conservé , mais moins beau de marge , haut de 
194 millim. sur 126 ; relié en veau fauve, portant sur 
les plats , en lettres dorées, le timbre de Tancienne 
Bibliothèque db M" les Avocats. 



Il 
I 



X. — Le Secret des secrets d'Aristote 




ORMAT in-4^^ gothique, de 6 feuillets non chiffrés, 
^ formant un seul cahier, dont les 3 premiers ff. 
sont signés A i, a ii, a iii. -=- 27 lignes à la page, sauf 
les pages signées qui en ont 26. 

Titre (f. i®"^ r®) : a Cy commance le secret des se- 
cretz aristote || Qui enseigne a cognoistre la com- 
plexion || des hommes et des famés. » 

Incipit (même f., immédiatement après le titre) : 
« (C)y commance le liure des philozophes || translate 
de latin en francoys que le sai- || ge aristote fist pour 
lamour du roy ali || xandre son disciple pour le ensei- 
gner et endo- 1| ctriner... » 

Souscription (f. 6® V*) : « Cy finist le liure du phi* 
lozophe faict || pour la cognoissance du monde (sic) 
imprime || par Robin Foucquet et lehan cres a bre || 
hant lodeac soubz noble et puissant sei- 1| gneur Jehan 
de Rohan seigneur du gue || de lisle. Amen. 

« Mectez tous votre intencion 
A viure en deuotion 
Et tousiours faictes penitance 
Ayez en vous contriction 
Rendant pour satisfaction 
Triste et deuote repentance. 

« Robin Foucquet. » 



DIPRBSSIONS DI BRiHANT-LOUDÉAC 6l 



Pas d^autre exemplaire connu que celui de la 
bibliothèque Nationale, dans le recueil H 800. 1 
(lûvent. de la rés. H 5o6). 

Quoique cette impression ne porte pas de date , sa 
ressemblance absolue — quant au tirage, papier, jus* 
ufication, hauteur de pages — avec les autres impres- 
sions de Bréhant-Loudéac de 1484 et 1485, Tidentité 
des caractères employés , la double mention de Bré- 
hant-Loudéac et de Jean de Rohan faite dans la sous- 
cription, forment une preuve certaine qu'elle est de 
1485 ou de Tannée précédente. 

Le Secret des secrets d'Aristote est un petit traité 
de physiognomonie qui se lit encore avec intérêt. 
Nous allons en citer quelques pages. L'auteur recon- 
naît parmi les hommes quatre sortes de tempéra* 
ments, — le bilieux ou cholérique, le sanguin, le 
flegmatique et le mélancolique : 

c Or dit le saige que le colorique, qui est chault et sec, 
si est naturellement maigre et gresle, couuoiteulx et 
yreux 1, hastif et mouuant, esceruellé, fol, large, mail- 
cieulx et decepuant, saige et subtil où il applique son sens. 
— Le sanguin, qui est chault et moite, si est large, cour- 
tois, atrempé >, amiable, luxurieulx, chantant, riant, 
chault, vermeil en chère, gracieulx, et naturellement aime 
robe de haulte couleur. — Le flematique, qui est froit et 
moite, si est triste et pensif, paresceux, pesant et endormy, 
et si crache voulentiers quant il se meut, et est gras au 
visaige , et naturellement aime robe verte. — Le meren- 
colique, qui est froid et sec, si est triste, pesant, couuoi- 
teux, eschars s, mesdisant, suspeçonneux , malicieux, 
paresceux : il aime robe noire i (f. 2« r«). 

L'auteur enseigne ensuite a que Ton se doit garder 

* Irascible. — * Modéré. — ' Avare. 



62 IMPRESSIONS 



€ songneusement de toute personne qui a deffaulte de 
€ membre naturel en luy, comme de piez, de mains, 
€ d'ueil , ou d'aultre membre quel qu'il soit, et espe- 
€ cialement d'homme esbarbé *, car il est enclin à 
« tout vîee et à toute mauuaistié, et s'en doit on gar- 
€ der comme de son mortel ennemy » (f. 2* v®) . Puis 
il passé en revue les traits du visage et les principales 
parties du corps, pour en déduire le caractère, les 
passions et les aptitudes morales des divers individus. 
Nous citerons seulement ce qu'il dit des yeux et du nez : 

u Le philozophe enseigne que personne qui a les yeulx 
grans est bien paresceulx, poy honteux, inobedient, et 
cuide 3 plus sauoir qu'il ne scet. Quant les yeulx sont 
moiens, ne trop grans ne trop petis, et qu'ilz ne sont ne 
noirs ne vers, telle personne est de grant engin ', courtoise 
et loyalle. Personne qui a les yeulx gastes et estendus, 
signifie malice, vengence ou traïson. Les yeulx qui sont 
grans et ont grans paupières et longues, signifient folie, 
dur engin et mauuaise nature. L'ueil qui se meut tost et 
la veue est ague, telle personne est plain de fraude et de 
laroncin 4, et de petite loyaulté. Les yeulx qui sont noirs, 
et goutelletes parmy clères et luyssantes, sont les meilleurs 
et les plus certains, et signifient sens et discrétion, et telle 
personne si est à aymer, car elle est plaine de loyaulté et 
de bonnes condicions. Les yeulx qui sont ardans et estin- 
cellans signifient grant cueur, force et puissance. Les yevdz 
blanchars ou charnus signifient personne encline à tout 
vice et luxure et est plaine de fraude. 

c Item, Aristote enseigne, quant tu voiras personne qui 
te regarde souuent et se esbahist ainsi comme honteux et 
semble qu'il soupire et a goutellettes aparans en ses yeulx, 
osyes tout certain que telle personne te aime et te doubte » 

* Qui n'a pas de barbe. — * Pen«e. •— • Esprit, du latin inge^ 
nium, — ♦ Penchant au vol. — * Te craint ou te respecte. 



DE BRiHANT-LOUDÉAC 63 



et désire ton bien et ton honneur. Item, s'il te regarde en 
gettant ses yeulx par à cousté ainsi comme par manière 
de mignotise *, soies certain que celle personne est 
deceuant, et que elle pourchace à toy vergonder >, espi- 
dallement homme à deshonnorer famé, et est faulx regart, 
loxurieulx et deceuant. 

€ Item, les yeulx petis et rousseletz et aguz signifient 
personne merencolieuse, mesdisant, hardie et cruelle. 
Item, si vne petite voine > déliée apert * entre Tueil et le 
neiSf en famé elle signifie virginité, et en homme subtilité 
d'engin. Et si elle est grosse et noire, c'est signe qu'elle * 
est corrompue, chaulde et merencolieuse, et en homme 
elle signifie rudesse et defifaulte de sens ; mais celle voine 
n'apert pas tousiours. Les yeulx qui sont iaulnes et n'ont 
nulles paupières signifient mesellerie < et mauuaise dispo- 
sition de corps. Item, grans paupières et longues signifient 
rudesse, dur engin et luxure. 

M Les sourciz qui sont grans et se ioignent ensemble 
par dessus le neis signifient malice , cruaulté , luxure et 
enuie. Item , quant les sourciz sont déliez et longs , ilz 
signifient subtilité d'engin, sens et loyaulté. Item, les 
yeulx enfoncés et grans sourciz par dessus signifient per- 
sonne mesdisant, mal pensant , traistre , qui boit trop, et 
voluntiers il met son engin en malice. 

u Item, le visaige qui est petit et court et qui a gresle 
coul , et le neez qui est gresle, long et délié , signifie per- 
sonne de grant cueur, hastiue et ireuse. Item, le neis long 
et hault par nature signifie prouesse et hardement ^. Itenji 
le neis camus signifie hastiueté, luxure, hardement et 
entreprenant. Le neis bequeu >, qui descent iusque à la 
leure de dessus , signifie malice, decepuance >, desloyauté 

* Cajolerie, séduction. — * Elle cherche à te causer quelque 
honte. — • Veine. — ♦ Paraît. — * Elle, c'est-à-dire la femme. 

— • Lèpre. — ' Audace, hardi courage. — • En forme de bec. 

— • Tromperie. 



64 IMPRESSIONS 



et luxure. Le neis gros et hault ou melieu signifie romme 
saige et emparlé. Le neis qui a grans narines et ouuertes, 
signifie glotonnie et ire « i (f. 3« r«-v« et f. 4 r«). 

Le Secret des secrets d'Aristote contient bien 
dVutres révélations du même genre et se termine par 
une curieuse comparaison de Thomme à toutes les 
bétes de la création. Mais nous en avons assez cité 
pour donner idée de Poeuvre. Nous terminerons par 
quelques observations générales sur la série des incu- 
nables de Bréhant-Loudéac. 

Quand on compare entre elles les souscriptions 
de ces dix incunables, on voit que toutes indiquent 
pour imprimeurs Robin Foucquet et Jean Crès. 
Cinq (Lois des trépassés, Griselidis y Bréviaire des 
nobles , Oraison de Nesson , Secret d'Aristote) dé- 
clarent rimpression faite à Bréhant-Loudéac « soubz 
noble et puissant Jehan de Rohan , seigneur du 
Gué de risle. » Une seule (la Coutume de Bre^ 
tagne) mentionne Bréhant - Loudéac comme lieu 
dlmpression , sans parler de Jean de Rohan. Deux 
au contraire [Trépassement de la Vierge, Songe de 
lapucelle] mentionnent le nom du protecteur (Jean 
de Rohan] sans indiquer le lieu dMmpression. Deux 
enfin [Miroir de l'âme pécheresse et Vie de Jésus-^ 
Christ) ne mentionnent ni Jean de Rohan ni Bré- 
bant-Loudéac ; il n^en est pas moins sûr qu^elles ont 
été imprimées en ce lieu. Elles sont du 6 mars et du 

* Nous avons corrigé quelques fautes de l'impression de Bré- 
hant-Loudéac au moyen d'une autre édition un peu plus récente^ 
sans date, mais antérieure à 1 5oo , conservée à la Bibliothèque 
Nationale sous la cote R 679 B. 



DE BRiHANT-LOUDÉAC 65 



3o avril 1485; et diaprés les autres souscriptions, 
Foucquet et Grès exercèrent l'imprimerie à Bréhant* 
Loudéac depuis décembre précédent jusqu'au 3 juil- 
let suivant tout au moins, date de leur édition de la 
Coutume. 

Jean de Rohan, protecteur de Foucquet, n'était pas 
Jean II, vicomte de Rohan, qui vivait à cette époque 
et qui joua peu de temps après un si triste rôle dans 
la guerre de Charles VIII contre la Bretagne. Notre 
Jean, bien moins riche et moins puissant que le 
vicomte , était le chef d'une branche cadette, sortie 
d'Eon ou Eudon, fils d'Alain VI, vicomte de Rohan, 
mort en i3o3. Eudon ayant épousé l'héritière du 
Gué de risle, en la paroisse de Plumieux, cette 
branche fut appelée de là les Rohan du Gué de l'Isle. 
Jean de Rohan descendait d'Eudon en ligne directe et 
à la troisième génération ; il épousa Gillette de Ro- 
chefort et mourut en 1493 *. On a lieu de croire 
qu'il fit exécuter à ses frais les sept impressions qui 
portent son nom. Les Bibliophiles Bretons ont droit 
de le réclamer pour ancêtre. 

Son château, beau et grand logis du XV* siècle, 
couronné d'une admirable charpente du même temps, 
se voit encore aujourd'hui en la commune et paroisse 
de Saint-Etienne da Gué de l'Isle *, jadis trêve de 
Plumieux. Dans ses fossés coulent les eaux de la rivière 
du Lié, de l'autre côté de laquelle s'étend le territoire 
paroissial de Bréhant-Loudéac. Il est possible (pro- 
bable même) que les deux imprimeurs qui exerçaient 
leur art « sous noble et puissant seigneur Jean de 

* Voir dom Morice , Histoire de Bretagne, t. I, table généa- 
logique, tête du volume^ p. xxiii et zxvii. — ^ Canton de la 
Chèze, arr. de Loudéac (Côtes»du-Nord), 

9 



66 IMPRESSIONS DE BltiHANT-LOUDéAC 



Rohan » eussent leur atelier, noa pas au bourg dL 
Bréhant, notablement distant du Gué de Tlsle (à 6 kS 
lomètres) , mais tout près de ce château , dans Pu. 
des villages situés en face sur la rive droite du Li 
Des recherches locales , suivies dans cette directio 
amèneraient peut-être la découverte du premier 
rustique berceau de la typographie bretonne. 





IMPRESSIONS 



DE RENNES 



XI. — La Coutume de Bretagne 




lous connaissons trois exemplaires de cette édi- 
tion de la Coutume, un à la bibliothèque de 
la ville de Rennes , deux à la Bibliothèque Nationale 
cotés, dans Pinventaire de la Réserve, F 177 1 et F 
1770. Nous décrirons d^abord ce dernier exemplaire, 
puis nous indiquerons quelques particularités qui 
le distinguent des deux autres. 

Cette impression a été faite avec un petit caractère 
gothique allongé, menu et très-aigu. La composition 
est très-serrée. Le tirage est bon, noir, mais pas tou- 
jours sans bavures. Le format est un très-petit in-8^, 
dont la justification a 65 millimètres, la hauteur de 
page 90. Le plus beau des exemplaires de la Biblio«« 
thèque Nationale (F 1770) a, avec ses marges, i34 
millimètres de hauteur sur 97 de largeur. L^exem- 
plaire de Rennes, beau de marge, a même largeur 
sur i38 millim. de hauteur. 

Le livre a en tout 252 feuillets non chiffrés, répar- 
tis en 3 1 cahiers, dont les deux derniers n^ont aucune 



6S IMPRESSIONS 



marque ni signature, et dont les 29 autres sont mar- 
qués exactement des mêmes lettres et signes que les 
29 cahiers de la Coutume de Bréhant-Loudéac (voir 
ci-dessus p. 56). Dans chacun de ces 29 cahiers, le 
I*' f. seul est signé de la lettre ou du signe qui 
marque le cahier, excepté le cahier t, dont le i«' et le 
5« ff. sont signés. — Les 3i cahiers (y compris les 
deux derniers non signés) sont tous de 8 ff., sauf un 
seul , le cahier t, qui en a 12. Mais dans les 252 S. 
qui composent ces 3i cahiers, il y a 5 flF. blancs, 
savoir : le i®"^ f. du i" cahier (qui peut-être formait 
frontispice et portait un titre, il manque aux trois 
exemplaires que nous connaissons), les 2 derniers £F. 
du cahier t * (ff. 171® et 172® du volume), le i" et le 
dernier f. des deux cahiers non signés qui terminent 
le livre (ff. 237 et 252). Il y a 26 lignes par page. — 
Les initiales des chapitres sont peintes en rouge. 

Voici la division du volume. Le texte de la CoU' 
tume finit au f. 170® v°, et après les deux feuillets 
blancs qui terminent le cahier t, les Constitutions et 
Établissements commencent au f. 173® r**, occupent 
64 ff. et finissent au f. 236® r®. Le bas du recto de ce f. 
et le haut du verso sont occupés par la souscription. 
Là s^arrêtent les 29 cahiers signés. Les deux derniers 
non signés contiennent la table des chapitres, précédée 
de son prologue, qui ne commence qu'au f. 238® r®, 
le f. 237® ayant été laissé blanc. Prologue et table 
occupent 14 ff. et finissent au r** du f. 25 1®, le 252® et 
dernier restant blanc. 

Venons aux incipit, explicit et souscription. 

« Ces 2 ff. manquent dans Texempl. F 1770 de^a Bibl. Nat., 
mais ils existent dans F 1 771 et dans celui de la bibl. de Rennes. 



Dt RENNES 



La pêne du i" f. dans les trois exemplaires connus 
de nous, ne nous permet pas de savoir si cène édition 
a un titre. 

Le f. 3' est occupé, dans sa moitié supérieure , par 
une vignette (que nous reproduisons ici) représen- 
tant l'écusson de Bretagne , semblable à celle de la 
Coutume de Bréhant-Loudéac , si ce n'est que dans 
l'édition de Rennes la taille est moindre de moitié, 
et Vécu ne porte que 6 mouchetures d'hermine (3. 
a. ]) au lieu de 8. 




Au dessous de cette vignette est le titre , ensuite 
commence le teste du premier chapitre ou aniclejde 
la Coutume: u De ceulx qui veullent viure hon- 
nestement et iustice || estre faicte. || — Qui vouldroit 



70 IMPRESSIONS 



viure bon || nestement et que iustice soit faicte en || 
etc. ». 

Le texte de la Coutume finit au f. 170* v^ qui n*a 
que 1 8 lignes, la 18" ligne étant formée par cet expli- 
cit : « Cy finissent les coustumes de bretaigne. » — 
Les 2 ff. qui suivent sont blancs. 

Au f. 1 73" commencent les Constitutions, annoncées 
par ce titre: « Cy après ensuyuent aucunes constitu- 
cions esta || blissemens et ordonnances faictes par plu- 
seurs II ducs et princes du pays et duché de bretaigne 
tou II chant la police de la iustice et régime du dit 
pais II et duché. » 

Le texte des Constitutions finit au f. 236® r^, par 
trois lignes que nous allons citer, au dessous desquelles 
se trouvent trois lignes de blanc, et ensuite immédia- 
tement la souscription. Voici le texte de ce passage, 
reproduit figurément avec la disposition qu^il a dans 
Pexemplaire F 1770 : 

(f. 23ô« r«) 

(ligne 12) Etfut 

commande y obéir et les tenir sans enfraindre 
a commancer troys mois après ladicte publicacion 



Lan de grâce mil iiii C iiii vingtz iiii le xxvi io' 
de mars deuant pasques Régnant treshault et 
tresexcellant prince Franczoys par la grâce de dieu 
duc de bretaigne conte de montfort de richemont destam 
pes et de vertuz A este paracheue dimprimer ce 
présent volume de coustumes correctees et meu 
rement visitées, par maistre nycolas dalier. 
maistre guillaume racine et thomas du tertre aduocaz 



DB RENNES 7I 



(f. 236« v«) 

Auecques les constitucions establissemens et 
ordonnances faictes en parlement de bretaigne 
es temps passez et iucques ad ce iour pareillement 
visites et correctees par lacques bouchart gref 
fier de parlement et par maistre allain bouchart 
par lidustrie {sic) et ouuraige de Maistre pieres belle 
scullee et losses. Et fut en la ville de rennes 
près leglise de sainct germain. Ce soita lai ouen 
ge de la trinite. '.'.•.•.•.•.•.*. 

Au dessous, la moitié inférieure de la page v^ du 
f. 236® est occupée par la marque de BellescuUée, qui 
offire le triple symbole de TÉternité, de la Trinité et 
de la Rédemption, et que Brunet a reproduite, de 
même grandeur, au t. II, col. 36i de la 5** édition de 
son Manuel. 

Tel est l'exemplaire F 1770 de la Bibliothèque 
Nationale. Mais dans F 1771 et dans l'exemplaire 
de Rennes, au r^ du f. 236®, il y a quelque chose de 
plus. Le blanc de trois lignes qui (dans F 1770) sépare 
la dernière ligne des Constitutions et la première de 
la souscription, ce blanc n'est point complètement 
vide dans les deux autres exemplaires ; il est occupé 
par ces deux lignes: 

Cy finissent les coustumes et constitucions imprimées 
Et faictes à la requeste et despence de. Ihan hus. 

Au f. 238*, le prologue de la table commence : 
« Aucunes foiz est aduenu en pluseurs || terres landes 
marfoilles qui ne por il toint que poy de fruitz , ne 
les fruitz » etc. 

Les deux lignes ajoutées dans F. 1 77 1 et dans l'exem- 
plaire de Rennes sont d*un grand intérêt, puisqu'elles 



72 IMPKKSSIONS 



nous apprennent le nom du particulier qui fit les frais 
de rédition et qui avait probablement contribué à faire 
venir à Rennes BellescuUée. Malheureusement jus* 
qu'ici ce particulier est fort inconnu. Tout ce qu'on 
peut dire, c'est que les Hus ou Hux étaient, au 
XV* siècle, dans la bourgeoisie de Rennes, une famille 
importante, dont le nom s'était attaché dès lors à une 
rue de cette ville, qui l'a conservé longtemps. 

Mais pourquoi la clause contenant le nom de Jean 
Hus et rappelant sa générosité n'est-elle pas dans tous 
les exemplaires ? Peut-être parce que sa modestie y 
opposa d'abord quelque résistance ; peut-être aussi 
parce qu'il ne se décida à payer l'édition qu'après le 
commencement du tirage : il y eut ainsi une partie des 
exemplaires du 29" cahier qui ne purent porter cette 
mention. 

Nous reproduisons ici en fac-similé les deux lignes 
relatives à Jean Hus avec la ligne qui précède et avec 
celle qui suit, comme elles sont dans F 1771 et dans 
l'exemplaire de Rennes. En comparant ce fac-similé 
au texte de la souscription et des lignes qui la précè- 
dent, que nous avons reproduit figurément ci-dessus 
p. 70, on se rendra parfaitement compte de ce qui a 
été fait. 

^ivmftMfMrftcostucost apuêU^impiMU 
Cf f HHfT» let o-uWet d cMNiNriSf iinimtM 

ftinai jfoortfiMtiiéCiiif MtffOiiiifexiMM* 

Le recto du f. 236® a d'abord été composé tel qu'il 
existe dans F 1770, avec un blanc d'une ligne entre 



DE RENNBS 



les lignes 7 et 8 de cette page et un autre blanc de 
3 lignes ménagé, avant la souscription, entre les 1. 14 
et i5. — Quand on a voulu intercaler la clause con- 
cernant Jean Hus, il a fallu se procurer avant la 
souscription 4 lignes en blanc au lieu de 3. Pour 
cela, on a supprimé le blanc^ d^une ligne, existant 
dans F 1770 entre les lignes 7 et 8, mais qui a disparu 
dans les deux autres exemplaires , et on a remonté 
d^une ligne les lignes 7 a 14. — Dans cette opération^ 
la ligne 14 est tombée, il a fallu la recomposer, et on 
Ta fait si maladroitement que ;le dernier mot (publi-^ 
cacion] est resté inachevé (publi-). 

Nous insistons sur ces petits détails pour bien 
montrer quUl n^ ^ pas ici deux éditions, mais (pour 
cette page seulement) deux états différents de la même 
édition, — et que le premier de ces états est celui 
de l'exemplaire F 1770. 

Quant à la date donnée dans la souscription, « 26 
mars 1484 avant Pâques », elle est en vieux style et 
jrépond au 26 mars 1485. Ainsi Fédition rennaise de 
la Coutume parut avant celle de Bréhant-Loudéac , 
achevée le 3 juillet suivant. Elle est aussi (nous le 
verrons) antérieure à celle de Tréguier, datée de 
mai et de juin. Toutefois ce n'est point la plus 
ancienne édition de la Coutume de Bretagne, qui 
avait déjà été imprimée à Paris en 1480 chez 
Guillaume Lefèvre *; cette première édition a été 
décrite avec beaucoup de soin dans le Catalogue 
de la Bibliothèque de Nantes de M. Emile Péhant 
(t. I, p. 371, n® 6942), sur des notes fournies par le 

* Et non Jacques Lefèvre , comme l'appelle dom Plaine dans 
son Essai sur Vimprimerie en Bretagne {Revue de Bret. et de 
Vendée y 1873, 2* semestre, p. 247). 

10 



74 IMPRESSIONS DE RENNES 



possesseur du seul exemplaire connu, M. Hippolyte 
Thibaud. 

L'exemplaire de Rennes présente une autre parti- 
cularité — mais tout accidentelle — que nous a fait 
connaître l'honorable et érudit libraire, M. Claudin. 
Au f. .170 V**, où finit le texte de la Coutume , et au 
dessous de l'explicit Çy finissent les coustumes de 
bretaigne, un ancien possesseur du livre a inscrit 
cette note facétieuse : 

« Ce présent liure napartient à Pierre Diauet, sieur 
« de nul lieu , baron et viconte et prince de rien. 
« Ceux qui ce présent liure trouueront audit sieur 
« de nul lieu le randront, et poira vne grosse, grande, 
« large , petite et estroitte pinte de vin à la mezure 
« de Jocellin. Ce 21*"® décembre 161 1. (Signé) 

« P. DiAUET. » 

Dans la souscription de l'édition rennaise de la 
Coutume de Bretagne deux imprimeurs sont nommés. 
Feu M. Jausions en a voulu faire deux frères quHl 
nomme a Pierre et Josse BellescuUée * ». Josse peut 
être employé comme prénom , quoiquMl soit rare à 
cette époque ; mais ici la construction de la phrase 
résiste à cette interprétation. « Maistre Pierre Belles- 
cuUée et Josses » s'offrent là comme deux noms 
patronymiques. BellescuUée , travaillant à Rennes, 
prit Josses pour auxiliaire , comme plus tard il prit 
à Poitiers Bouyer, ainsi que le prouve le curieux 
fragment des Heures à Vusage d'Angers^ retrouvé 
par M. Léopold Delisle dans une ancienne reliure , 
et conservé à la Bibliothèque Nationale (Inventaire 
B 33,668). 

^ Voir D. Plaine, Essai sur Vimprim, en Bref,, Ibid,, p. 246. 



XII. — Le Florct en français 



METiT in-4'' goth. de 40 feuillets ; 34 lignes à la 
!l( page ; hauteur de page, 118 millimétrés ; ;us- 
ition, 66. L^exemplaire de la Bibliothèque Natio- 

* — le seul connu — a, avec ses marges qui sont 
belles, 184 millimètres de haut sur 1 23 de large. 
..es 40 S. sont répartis en 5 cahiers : a, b, c, d, e. 
:i comme sont signes ces cahiers : le i*' f. du 
:ahîer, servant de frontispice et portant le titre, 
pas de signature ; le 2' i. est signé a, et le 3* a 2. 
ier b ; i" f. signé b i , et 2' f, b 2, Dans les trois 
es cahiers, le i" f. est signé c i, d i, e i; maïs le 

n'est pas signé, et le 3' est signé c 2, d 3, e 2. 
itre (f. i" r") : « Floret en || franczoys ». — Ce 
; est en grosses lettres gothiques découpées en blanc 
un fond noir. En voici la reproduction. 



Mm m 



^t^ Y, R&erve. — Le Supplément au Manuel du libraire, 



76 IMPRESSIONS 



Au V**, Pécusson de Bretagne dans une vignette qui 
reproduit identiquement celle de la Coutume de 
Rennes de 1485 (voir ci-dessus p. 69). 

Incipit (f. 2^p>) : m Cy ensuyt le prologue [[ de Flo- 
ret en franczoys || Vous qui prenez plaisir a lire || 
Les romans darmes et damours. » 

Souscription (f. 40* v®) : « Cy finist floret en franc* 
zoys II Imprime a Rennes Lan de grâce || Mil quatre 
cens quatre vingts et. v. » — Au dessous, la marque 
de P. Bellescullée, comme Ta donnée Brunet (Manne!, 
II, 36i). 

Le Floret, en latin Florettis, mieux Floretum (lieu 
où croissent les fleurs) , est une sorte de doctrinal ou 
traité élémentaire de religion et de morale, écrit en 
vers latins. Le Floret en franczoys est , comme le 
nom le dit, la traduction de ce latin. Mais le tra- 
ducteur a composé de son propre fonds le prologue 
et renvoi et s^est donné dans sa traduction beaucoup 
de liberté *. On n'en connaît que cette édition, et de 
cette unique édition cet unique exemplaire. Les 
extraits suivants donneront idée de ce livre rarissime. 
Ils sont tirés des ff. 2«, 4«, Sg» et 40*. 

Cy ensuyt le prologue 
de floret en fremc^oys 

Vous qui prenés plaisir à lire 
Les romans d'armes et d'amours, 

de MM. Deschamps et Gust. Brunet, tout récemment publié, 
donne (t. l'% col. 5o6 et Soy) une description de cet exemplaire, 
qui diffère en quelques points de la nôtre; nous nous sommes 
assurés, sur Texemplaire même, que l'exactitude est partout 
de notre côté. — * Liberté de traduction , et non liberté de lan- 
gage; car, quoi qu'on en ait dit, le chapitre de la luxure, dans 
ce Floret, n'a rien de curieux. 



DE RKNNSS 77 



Leissez les, et veillez eslire 

Cieulx qui enseignent bonnes meurs. 

En apuril, le gracieulx moys 

Que amour doit les fleurs cuilliz , 

En doulx païs de Vendosmoîs 

Me vint doulcement requeriz 

Que luy vouUeisse recuillir 

Floret de latin en francoys, 

Et le luy respondi qu'ancoys < 

Il me failloit les fleurs cuilliz. 

Y voy au buisson verdoient , 

Lors alay pour cuillir les fleurs. 

Ainxi qu'alaye tournéant 

Pour cuider choaisir les meilleurs, 

La nuyt me print , et en decours 

Esgarez fu et forvoicnt > ; 

Mon fait eust esté â noient s 

S'espoir ne m*eust donné secours. 

Fleurs, aubepains et marguerites 

Trouuay et maintes fleurs diuerses. 

le prins des grans et des petites, 

Blanches, vermoillcs, yndes et perces ; 

Car contre fortunes aduerses 

Ont grant vertu et grant mérites, 

Et pour ce ie les ay eslites 

Pour fouir les choses peruerses. 

Versez me fut en mon couraige * 
A qui Floret presenteroye. 
Et à qui par noble paraige 
Chappeau de mes fleurs donneroye. 
Si regardé que l'en feroye 
Au roy de France, par homaige, 

^ Pour ainçois, auparavant — ' et > Pour forvoiant et à noiant, 
téant. — ^ J'agitai dans mon cœur {couraige) la question de 
roir à qui je présenterais mon livre. 



78 IMPRESSIONS 



Présent : car, en l'umain lignaige, 
Mieulz emploier ne le saroye. 

Roy et père de fleur de lis, 
Delis les fleurs sans demourance ; 
En ce iardin plaisent , îolîs, 
Lis les lettres par diligence. 
Ce fait valoir la conscience, 
Science acquiert paradis; 
Par addicion de beaulx dis 
Disciple aprent sapience. 

La diuision du liure par chapitres, 

La première part nous applique 
A croyre la foy catholique. 
Le deusieme enseignement , 
De la loy le commandement. 
La tierce part si nous enseigne 
Que chascun de péché se creigne. 
La quatriesme part si nous diuise 
Les sacremens de saincte Eglise. 
La. V. part si y comprant 
Les vertus et les nous aprent. 
La. vi. vieult tout defenir. 
Qui nous enseigne à bien mourir. 



L'enuoy, 

Fleur de lis, qui es la mestresse 
Et la royne de toutes fleurs, 
Pren Flouret qui de toy s'apresse * 
Et ne sceit où fouir aillours ; 
Car Acquillon les fleurs adresse s, 
Ce leurs amatist ^ les coulours. 

* S'approche. — * Aquilon dirige son souffle contre les fleun. 
- » Flétrit. 



DE RENNES 79 



Fortune, mère de tristresse (sic), 

Leur donne mains heures et mains tours. 

Âcolies et violetes, 
Et les aultres fleurs iolietes 
Que desus fay mis en escript, 
Sont les doms du Sainct Esperit, 
Et les aultres sont entendus 
Tout le gênerai des vertus. 
Les arbres sont les gracieux 
Liures, nobles et précieux, 
Dont la graine fut apportée 
Qui en ce iardin fut plantée. 
Comme la Bible et le Décret, 
Et maint aultre Hure discret. 
Par les branches sont entendus 
Les liures d'icieulx desccnduz. 
Comme la Somme raimondine 
Et maint aultre plaisant doctrine. 
Aussi ie lo < qu'entendre veilles, 
Par les fleuretes et les feilles, 
Les articles de noustre foy. 
Les commandemens de la loy 
Et les nobles fleurs contenues 
En ce liuret , grans et minues. 
Les petis oyseaux qui chantoint 
Et dedens les arbres estoint 
Sont les docteurs de saincte Eglise, 
Qui science nous ont acquise, 
Et les prebtres et les prescheurs 
Qui font amender les pechours. 
Le noble fruict qu'ilz actandoint , 
C'est désir que ihesucrist voient 
En son tresprecieux verger. 
Car illec se doit héberger 

Je loue, j'approuve, je veux. 



8q impressions de rennes 



Chascunc bonne créature 
Et prendre sa doulcze pasture, 
Les herbes sont tous bons cristiens. 

Le mont de Syon pert et leisse 
Ses vertus et ses grans doulczours ; 
Les pastours viuent en destresse 
Et leurs brebis en grans doulours ; 
Car yuer les herbes enpresse 
Tant qu'ilz en perdent leurs odours. 

Pour ce, Charles, fleur de prouesce, 
Mepts hors les fleurs de leurs langours^ 
Fay tant que zephîrus les dresse 
En leurs primieres valours, 
Affin que Dieu te doint liesce, 
Plaisante victoire, secours, 
Beaulté, bonté, honneur, ieunesse. 
Quant le monde ara fait son cours. 

AMEN 

Cyfinistfloret enfranc\oys 
Imprime a Rennes Lan de grâce 
Mil quatre cens quatre vingts et. y. 



mm 



XIII. — La Grande absoute de Pâques 




;ous ne connaissons cette impression que par un 
article du Catalogue de la bibliothèque de 
M, Desq, de Lyon (Paris, Potier, 1866, in-8**) où, à 
la section Théologie, on lit p. 2 1 : 

87. La Grant Absoulte de Pasques (vers 1484}. Pet. 
in-40 goth. de 4 ff., réglé, mar. r. tr. d. (Duru), — Pièce 
rare , sans indication de lieu ni de date ; mais ayant , sur 
le premier et le dernier feuillet, la marque de Pierre Bel- 
lescuUée et Josse, imprimeurs à Rennes en 1484. 

La date de 1484 doit être ici remplacée par 1485, 
car, nous Tavons vu , la plus ancienne impression 
datée de Bellescullée et Josses à Rennes est du 26 mars 
1485. Le rédacteur du Catalogue Desq n^aura pas pris 
garde que, dans la souscription de Tédition rennaise 
de la Coutume de Bretagne, la date est exprimée en 
vieux style. 

D^ailleurs, la Grant absoulte de Pasques, portant la 
marque des impressions de Bellescullée à Rennes, 
doit être, sans difficulté, rapportée à ce lieu et à cet 
imprimeur. — Mais est-il certain que ce soit une 
œuvre théologique ? Pour éclaircir ce doute, il fau- 
drait pouvoir la rencontrer, et Ton ignore où est 
passé Fexemplaire de la vente Desq. 



II 



IMPRESSIONS 



DE TR^GUIER 



XIV. — La Coutume de Bretagne 




*N signale trois exemplaires de ce livre rare : 
Tun à la Bibliothèque publique de Rennes , 
l'autre à la mairie de Morlaix *, le troisième décrit 
par Brunet dans la 5« édition du Manuel du libraire, 
t. II, col. 36i et 362. Nous allons le décrire d'après 
l'exemplaire de Rennes (coté actuellement Armoire 
/^®, n® 1606)^ en nous aidant de certaines données 
fournies par Brunet. 

C'est un volume petit in-8° gothique de 320 feuil- 
lets non chiffrés, à 25 lignes par page *, ayant 100 mil- 
limètres de hauteur de page , et de justification 65. 
L'exemplaire de Rennes , avec ses marges actuelles ^ 
est haut de i3o millim., et large de 95. Sur sa reliure 
en veau brun on lit : Bibliothèque de M" les avo- 
cats, parce qu'il provient de l'ancienne Bibliothèque 
des avocats au Parlement de Bretagne. 



*■ Renseignement fourni par M. A. Claudin. — ' Brunet dit 
< 24 ou 25 lignes »; mais nous en avons partout compté iS, 



84 IMPRESSIONS 



Au point de vue typographique , il faut distinguer 
dans ce livre trois parties : i® les feuillets liminaires , 
2® le corps de la Coutume , 3» les Constitutions et 
établissements des ducs. 

Première partie. — Elle est composée de feuillets 
liminaires contenant le titre et une table ou réper- 
toire alphabétique de la Coutume, L'exemplaire de 
Rennes ne contient plus que les 8 derniers de ces ff. 
liminaires, formant i cahier dont le i®' f. est signé Q i 
et commence par cette ligne: « xvi" xiiii. xvi " xviii. 
Vide condempnacion. » — L'exemplaire décrit par 
Brunet avait gardé 10 de ces fF., c'est-à-dire 2 de plus 
qui précédaient le cahier Q et appartenaient néces- 
sairement à un cahier marqué P. Le i®' f. existant de 
l'exemplaire Brunet n'était pas le i®"^ f. de la table, il 
commençait par cette ligne : « Accroistre viii" iî ». 
Il y avait certainement avant ce f. un autre f. de table 
et probablement un f. de litre ou un f. blanc, car un 
cahier ne peut être composé d'un nombre impair de 
feuillets. — Le nombre des fF. liminaires devait donc 
être de 12, divisés en 2 cahiers, P de 4 fF. et Q de 8. 

Deuxième partie. — Elle contient le texte de la 
Coutume, précédé de la table des chapitres , et com- 
prend 200 fF. répartis en 25 cahiers de 8 fF. chaque , 
marqués (en petites lettres gothiques) a, b, c, d, e, f, 
g, h, i, k, 1, m, n, o, p, q, r, r (en forme de 2) , 
s (longue), s (courte), t, u, v, z, 9. — Dans le i« ca- 
hier, le i«r f. seul est signé a , et de même dans le 
7« cahier, dont le i«' f. est signé g i. Dans chacun des 
autres cahiers, les deux premiers fF. sont signés régu- 
lièrement b i, b ii, — c i, c ii, et ainsi du reste. 



DE TRÉGUIKR 85 



Au recto du f. a ou f. !•' de cette 2« partie , com- 
jinence le prologue de la table des chapitres: « Aucunes 
£biz est aduenu en plu || seurs terres landes merfoilles 
<}ui II etc. » Ce prologue finit au bas du verso du f. 2% 
dont la dernière ligne porte: « Prima pars tabule. » La 
table des chapitres commence au haut du f. 3* r* et 
«lie est effectivement divisée , comme le texte même 
<le la Coutume, en neuf parties, dont les titres sont 
exprimés en latin. Cette division du texte de la Cou- 
tume et de la table des chapitres en neuf parties, 
Ti^existe point dans les éditions de Rennes et de 
Bréhant-Loudéac. — La table des chapitres finit à la 
page verso du f. 1 5«, dont voici les cinq dernières 
lignes : « Finit tabula. || Cy commencent les parties 
principa || les et chapitres de ceste matière || Premiè- 
rement. Sur vng. Des iuges || des adiournemens , des 
retraitz. d Cet appendice à la table des chapitres , qui 
n^eziste point dans les éditions de Rennes et de Bré- 
hant, finit au bas de la page recto du f. 16*, dont le 
^erso reste blanc. 

Le texte de la Coutume commence au haut du recto 
du f. 17* (signé ci), en voici Tincipit: « Prima pars 
libri II De ceulx qui veulent hone || stement viure et 
iustice estre faicte. i. 1» 

L^explicit , avec la souscription , est au bas de la 
page verso du f. 197® de la 2" partie (5® f. du cahier 9): 
« Cy finist le texte du corps des cou || stumes de bre- 
taingne Emprime en || la cite de lantreguer le xvii. 
iour de || may. Lan mil iiii c. iiii" et cincq. » 

Le feuillet qui suit cette souscription (6® f. du 
cahier 9) est blanc. Au 7® f. du même cahier com- 
mence uns traduction de l'Assise au comte Geoffroi 
dont voici le titre :^a Item sensuit lassise au conte ge- 



86 IMPRESSIONS 



Il froy filz de roy duc de bretaigne || conte de riche- 
mont. y> Elle finit au recto du f. suivant qui est le 
200* et dernier de la 2' partie , et dont le verso est 
blanc. 

Troisième partie. — Elle contient les Établisse^ 
ments et constitutions des ducs de Bretagne et Pancien 
code maritime connu sous le nom de Coutumes de 
la mer, mais que Ton appelle ici les Noblesses et 
coutumes au comte de Bretagne. Elle compte 108 ff. 
divisés en 14 cahiers marqués (en capitales goth.) A, 
B, C, D, E, F, G, H, I, K, L, M, N, O. Tous ces 
cahiers sont de 8 ff., sauf N qui n^en a que 4; tous 
signés, sur les 2 premiers ff. de chacun d^eux, A i, 
A ii , et ainsi des autres. 

Cette 3« partie du volume s^ouvre par ce titre (f.i«' 
r®) : a Establissemens du duc de bretaigne || sur les 
pledoieurs et leurs salaires, d C^est une ordonnance 
du duc Jean le Roux , de Tan 1259 (voir D. Morice, 
Preuves de VHist. de Bref, y I, 970), elle est suivie 
d'une autre du même prince, portant changement du 
bail en rachat (D. Morice, Ibid.y 1037), puis viennent 
les Constitutions du XV« siècle (à partir de celle du 
i5 septembre 1405) qui sont aussi dans les autres 
éditions de la Coutume, 

Souscription (au f. 95® v^ de cette partie, ou7«f. du 
cahier M) : « Cy finissent les constumes o les consti- 
tu- Il cions establissemens de bretaîngne corrige- j| es 
et adiustees deuers pluseurs leaulx et || bons exem*- 
plaires. Imprimées en la cite de || lantreguer Par la. 
P. Le iiii« io' de iung. Lan de grâce mil iiii « iiiî " 
et V. (I Deo gracias. » 

Le 8« f. du cahier M est blanc, ainsi que le i" f. 



DK TRÉGUIER 87 



du cahier N. Au recto du f. N ii, les Coutumes de la 
mer commencent ainsi : c Se sont les noblesses et 
cou II stumes aux contes de bretaigne || Premièrement 
toute neff ou vesseaulx » etc. — Elles finissent à la 
page verso du 7® f. du cahier O, à la 25^ et dernière 
ligne qui porte : « la faiste saint andre lan mil. ii « ix 
et VI. ans. » — Le dernier f. est blanc. 

On ne peut douter que les feuillets liminaires, for^t 
mant la i'® partie du volume, niaient été imprimés 
après la 3® partie, puisquUls continuent régulièrement 
la série des cahiers signés de capitales gothiques : 
la 3« partie finit avec le cahier O; la i^^ partie, dont 
on a fait les feuillets liminaires de Touvrage, se com. 
pose des cahiers P et Q. Cela seul suffit à prouver 
que , dans Tédition de Tréguier, comme dans celles 
de Rennes et de Bréhant-Loudéac , la Coutume et les 
Établissements ou Constitutions forment un seul 
livre, une même unité typographique, et que M. Jau- 
sions a eu tort d'y voir deux impressions et deux 
livres différents *. 






Le caractère employé pour l'impression de la 
Coutume de Tréguier est plus beau et un peu 
plus fort que celui de BellescuUée ; mais il est , 
comme ce dernier, du genre allongé , aigu , pointu ; 
il a avec lui un air de famille. La composition 
est moins serrée que celle de la Coutume de Rennes, 
il y a plus d'interligne, plus d'air et de Jour; par 
suite le tirage vaut mieux. La physionomie typo- 
graphique du livre est plus satisfaisante à certains 
égards; elle est moins originale. 

* Revue de Bretagne et de Vendée, 1875^ 2' semestre, p. 462. 



88 IMPRESSIONS DE TR^GUIER 



Quant au fond , le texte de Pédition de Tréguier 
n^a point été, comme celui des éditions de Rennes et 
de firéhant, revu par les cinq >urisconsultes nommés 
dans les souscriptions de ces deux dernières ; il doit 
donc se trouver entre ces deux textes quelques diffé- 
rences notables; c^est aux hommes qui étudient spé- 
cialement notre vieux droit, que revient le soin de les 
signaler. Nous en noterons seulement deux ou trois, 
tout extérieures. — D^abord cette division du texte et 
de la table de la Coutume en 9 parties , qui n^existe 
pas dans les deux autres éditions bretonnes , mais 
qu^on trouve (ainsi que Tappendice de la table des 
chapitres) dans celle de Paris de 1480. Puis, dans les 
éditions de Rennes et de Bréhant , le dernier cha- 
pitre de la Coutume porte le numéro xvi " xiiii (334); 
il a ici le numéro xvi " xvi (336). — Outre cette diffé- 
rence de chiffrature, Tordre des deux derniers cha- 
pitres a été changé : le dernier chapitre de Bréhant 
et de Rennes est ici Pavant-dernier, et réciproque- 
ment. 

C^est assez pour indiquer aux érudits Pintérét que 
présenterait une étude comparée de ces deux textes. 




XV. — Le Catholicon breton 




Il y a trois exemplaires connus de ce livre, un à 
la bibliothèque de Quimper, deuxàlaBiblioth. 
Nationale sous la cote X 1429 -j- -f- A, dont l'un, qui 
a conservé sa reliure ancienne, mesure avec ses marges 
277 millim. de haut sur 197 de large. 

C'est un petit in-folio goth. à 2 colonnes, ayant 
45 lignes à la page. Hauteur de page, 214 milli- 
mètres; justification, 146. 

106 feuillets non chiffrés (dont le dernier est blanc), 
répartis en 17 cahiers signés a, b, c, d, e, f, g, h, i, k, 
1, m, n, o, p, q, r ; — tous de 6 ff., sauf a et b qui sont 
de 8 ff. Les 4 premiers ff. de chaque cahier signés 
b i, b ii, b iii, b iiii, et ainsi des autres, sauf le i^ f. 
du I®' cahier qui, à cause du titre, n'est pas signé. 

Titre (f. i" r*^): « Cy est le Catholicon en troys lan || 
gaiges Scauoir est breton fran- || czoys et latin selon 
lordre de la || b. c. d. etc. » — Au dessous de ce titre 
la marque de Jean Calvez : un écusson chargé d'un 
J, d'une équerre et d'une hache (armes parlantes, 
Calve:{ en breton est un charpentier), cet écu pendu 
à un arbre et soutenu par deux chimères. Au bas 
dans une bordure décorée d'une série de losanges 
et d'un échiqueté, est écrit I. CALVEZ. — Voyez 
cette marque en fac-similé à la fin de ce chapitre. 

Incipit (f. I*' V®, au bas de la 2« colonne) « Incipit 
diciionarius britonum continens || tria ydiomata. vi- 

12 



90 IMPRESSIONS DE TRJÊGUIER 



delicet britanicum secundum || ordînem litterarum 
alphabeti. gallicum et || latinum superaddita a M. I. 
Lagadec dio || cesis trecorensis. compositus ad vtili- 
tatem || clericorum nouellorum britanie ». 

Cet incipit est précédé d'une longue préface qui 
occupe tout le reste du verso du f. i®'; elle commence; 
a Qui lingua loquitur, » et a été reproduite par M. Le 
Men dans une édition abrégée du Catholicon , que 
nous indiquons plus bas. 

Souscription (f. io5® v°, col. 2) : a Cy finist ce pre- 
sant libure nomme le ca- 1| tholicon lequel contient 
trois langaiges || Scauoir, breton, franczoys, et latin le 
quel II a este construit compile et intitule par noble et 
Il vénérable Maistre auffret quoatqueue || ran en son 
temps chanoine de treguier. |] recteur de Ploerin près 
morlaix preuoians || que cestoist vne chose propice et 
vtile de || mettre ces trois langaiges concordens || lung 
a laultre quant afHn et pour instruire || les simples 
gens a auoir la cognoissance (j desditz langaiges ainsi 
que le libure le || demonstre Et Imprime a la cite de 
lantre || guier par Jehan caluez le cinquiesme iour |j 
de nouembre. Lan mil cccc. iiii. vingtzet || dix neuf». 

Avant cette longue souscription , dans la même 
colonne, sont quatre vers latins, et après la souscrip- 
tion trois vers bretons, qui, les uns et les autres, 
ne sont pas sans intérêt. Voici le fac-similé de cette 
colonne — la dernière du livre — d'après le meilleur 
des deux exemplaires de la Bibliothèque Nationale. 



fyuojpttetffta^Z^e çiûtia ntHnfatt 
«rtm JiiiMttW9 tm^t/fit fan» Biitn» 
ffoiMfifit ïDrtfioBfofmatonpamfofi 
Sctfott aoMciv n&i 0m^at 8r|»(e 

it^ frnt'ft cr mrfdtit AVntr ttSttte (i; ca^ 
cMi^ot^ fc qiirr (ontiditttme tcmçatqc» 
^ammSsftwyfcancifû^/^ tatit} te f^utt 
û tftt ^ftmt r9piff: (t intivik$ par mftU <ji 
9mrra6(!? iûBOiufite mtfjIVrt quoatqaciie 
W) ei} fo^ retnpe c$anoin( $r (rf^uicr» 
tr^f ur Sr pfoent; ptce moafaiip picuot^ 
qur(r(!otfl SnrcOofc pxoptcr etStifc Se 
ttteffre cre ttme tmçàiÇ€9 cottcoiSmtf 
fiutft a fonfCrr quât a^9 (t pour tn^riitrr 
fre fimpfi» ^ene a omit fa cofnoiffance 
SrfSit5 fan^atefre ainfi ()uef(p fiSurr (i? 
Smton^j^t JmpntneafaVttrSe tStte 
Qutcr par JiDat; rafue$ fr anquirfmf tour 

St^tfotf» 



^5rr) roprt^ rrcScf qnrr^ a ûmSu 
iB^ (ompofae inç pae ne faCfii0 fM 
Ç(r'»()<>^^«*"Unuaa 




92 IMPRESSIONS 



Les quatre vers latins qui forment la tête de cette 
colonne , doivent être écrits ainsi : 

Hoc opus effeciy dans gratia Neumatis 
Almi iuuamen michi, Sit lauSy virtus, gloria sibi, 
Verbo plasmatorij Patri, toti Deitati. 
Actorem libri benedicat dextera Christ i *. 

Quant aux trois vers bretons qui suivent la sous- 
cription, ils soulèvent la question de savoir quel est 
l'auteur du Catholicon. En voici la traduction qu^a 
bien voulu nous fournir le savant M. de la Ville- 
marqué : 

« Yves (Eu^en) Roperz de fcerdu, croyez-le bien, 
« le composa [ce livre) et le continua jusqu'à la fin, 
« sans qu'il y manquât rien d'aucun côté *. » 

M. Le Men, archiviste du Finistère, a donné en 
1867, à L^rient, une édition fort utile — mais, à notre 
avis, trop abrégée — du Catholicon de 1499 '. Dans 
sa préface, il soutient qu'Yves Roperz est simplement 
le typographe qui composa l'ouvrage (l'ouvrier com- 
positeur), AufFret de Quoatqueveran l'éditeur, Laga- 
dec ou Lagadeuc l'unique auteur. 

* I J'ai fait cet ouvrage avec Taide que m'a donné la grâce de 
TEsprit-Saint. A lui louange, honneur et gloire! au Verbe créa- 
teur, au Père, à toute la Trinité ! Â Fauteur du livre la bénédic- 
tion du Christ. » — La seule difficulté consiste dans le solécisme 
du premier vers, qui substitue un nominatif à un ablatif absolu 
et écrit dans gratia pour dante gratia, — ' 11 faudrait imprimer 
ces vers ainsi : 

Eu:^en Roper:ç (credet quer:{) a Kaerdu 
En composas (ung pas ne f allas tu 
Bed enn yssu) hac en continuas. 

' Le Catholicon delehan Lagadeuc, etc., publié par R. F. Le 
Men, d'après l'édition imprimée à Tréguier en m. cccc. xciz. — 
Lorient, Ed. Corfmat, libraire. — Sans date (1867), in-8*. 



DE TRÉGUIER g3 



Sa raison d^attribuer tout à Lagadec ou Lagadeuc, 
c^est qu^il existe au département des Manuscrits de la 
Bibliothèque Nationale (Ms. lat. 7656) un manuscrit 
du Catholicon, daté de 1464, qui indique pour unique 
auteur Lagadeuc (le nom est ainsi écrit) Mais dans ce 
manuscrit le dictionnaire est incomplet, il s^arrête au 
mot: « Près, ^a//. presse, lat. frequentatio. » 

D'autre part, maître AufFret de Quoatqueveran , 
dans la souscription reproduite en fac-similé ci-des- 
sus p. 91, se donne formellement pour auteur de 
Touvrage. Il ne peut même en avoir été l'éditeur, car, 
d'après les termes de cette souscription [en son temps 
recteur de Ploerin]^ il était mort en 1499, date de la 
seule édition connue. 

Enfin, ni à cette époque ni plus tard, on ne trouve, 
à la fin des livres , la mention de l'ouvrier compo* 
siteur. Une telle mention, au point de viit des rap- 
ports qui existaient à cette époque entre les ouvriers 
et les maîtres , serait tout à fait anormale , ce qui ne 
permet guère d'adopter l'interprétation de M. Le Men 
concernant Yves Roperz. 

Mais il y en a une plus simple et qui s'accorde 
avec tous les textes. 

AufFret de Quoatqueveran est le principal auteur 
du dictionnaire ; c'est lui qui en a eu l'idée , qui en 
a tracé le plan, qui a dressé la liste des mots bretons. 
C'est Lagadec qui a mis, sous chaque mot breton, le 
français et le latin correspondants ; l'incipit transcrit 
ci-dessus p. 90 le dit formellement : Gallicum et 
latinum superaddita a magistro J. Lagadec. 

Mais Lagadec et AufFret n'allèrent pas jusqu'au 
bout ; leur œuvre commune, rédigée dès 1464, s'arrê- 
tait au mot Près, C'était la plus grande partie, envi-« 



IMPRESSIONS DE TRËGUIER 



ron les quatre ciaquièmes du livre. Quand Calvez 
songea à l'imprimer, il fellut le terminer, Roperz 
s'en chargea et le continua sur le même plan jusqu'au 
bout t. sans qu'il y manquât rien d'aucun côté >. 
C'est lui, très- probablement, qui dirigea l'édition. 

L'opinion ancienne est donc fondée, qui donne au 
CathoHcon trois auteurs : Auffret, Lagadec, Ropeiz. 




IMPRESSIONS 



DE LANTENAC 




ANTENAC, aujourd'hui un petit village *, était au 
XV* siècle une abbaye de l'ordre de Saint- 
Benoît , pas très^éloignée du Gué de l'Isle (de 4 à 5 
kilomètres) et très-proche (à 1 800 mètres) de la petite 
ville de la Chèze , l'une des résidences et des places 
fortes du vicomte de Rohan. On s'explique l'établis- 
sement d'une imprimerie en ce lieu , sous la double 
protection de ce puissant seigneur et de son cousin 
du Gué de l'Isle. 

Dom Plaine ' ou plutôt M. Jausions attribue à 
Lantenac trois impressions: i^ le Doctrinal des nou'» 
velles mariées (1491); 2° les Sept psaumes en français; 
3® la Très celebrable prise de Grenade, 

Ce dernier livret se compose de 8 fF. in-4°. La 
Bibliothèque Nationale en possède un exemplaire 
relié avec six des impressions de Bréhant-Loudéac 
dans le recueil coté Y 4418 A. Le titre complet, 
inscrit au recto du i" feuillet, est: « La très celebrable 
digne de mémoire et || victorieuse prinse de la cite 

* En la commune de la Ferrière (jadis trêve de la Chèze), can- 
ton de la Chèze, arrondissement de Loudéac (Côtes-du-Nord). — 
* Essai sur Vimprimerie en Bretagne, dans la Revue ^ de Bref, 
et de Vendée, iSyS, 2® semestre, p. 463. 



96 IMPRESSIONS DE LANTENAC 



de Granade. » — C'est sans doute le voisinage des 
incunables de Bréhant qui a donné Tidée de faire de 
cette plaquette un incunable breton, car en Texami- 
nant avec soin nous n'y avons rien pu trouver qui 
explique cette opinion. Il n'y a ni nom d'imprimeur, 
ni lieu ni date d'impression ; le caractère (gothique) 
semble bien appartenir au XV* siècle, mais il ne res- 
semble à aucun de ceux dont on a fait usage en Bre- 
tagne. Nous retrancherons donc (comme l'a fait 
Brunet) cet opuscule de la liste des impressions de 
Lantenac. 

Les deux autres sont légitimement attribués à 
ce lieu. Comme nous n'avons pu jusqu'à présent 
les voir et les étudier nous-mêmes , nous nous bor- 
nons à reproduire les deux articles que leur consacre 
Brunet. 




XVI. — Le Doctrinal des nouvelles mariées 




ocTRiNAL des nouuelles mariées *. — Cy jinist le 
Doctrinal des nouuelles mariées. Imprime a lante* 
wtac. Le cincquiesme iour doctobre lan mil quatre cens 
quatre vings xi, Jean Cres, in-4<> goth. à 24 lignes par 
page. 

Pièce très-rare qui n'a que 6 ff . y compris le titre , au 
verso duquel se voit une gravure en bois. Nous reprodui- 
sons ici la marque de l'imprimeur placée à la fin de cet 
opuscule 3. 

Il est à remarquer que La Serna Santander n'a pas 
placé Lantenac dans son tableau des villes qui ont eu des 
imprimeurs avant l'an 1 5oo. Ce Doctrinal se trouvait chez 
le duc de la Vallière dans un recueil de treize pièces 
(no 2904), lequel fut vendu seulement 1 5 fr. en 1784; mais 
le même recueil, ayant été ensuite divisé en 3 vol., pro- 
duisit 559 fr. à la vente Lair en 18 19, non compris l'art. 8 
du vol. de la Vallière qui n'en faisait plus partie ; et celui 
de ces trois vol. qui contient, avec trois autres pièces, le 
Doctrinal impr. par Jean Grès, a été porté à 1400 fr. à la 
vente de J.-J. de Bure. Jean Grès avait déjà exercé sa 
presse, en société avec Robin Foucquet, à Lodeac [51c], dès 
Tannée 1484 (voy. Songe de la Pucelle). 

* Brunet, Manuel, 5* édil. t. II, col. 782 et 783. — » C'est un 
écu ou targe à fond noir, sur lequel s'enlèvent en blanc une 
étoile à 8 pointes placée en chef, en fasce un poisson qui res- 
semble à une sardine, en pointe une coquille Skiint-Jacques. 



qp 



i3 



XVII. — Les Sept psaumes en français 




|ept psaumes (les) *. Cy commencent les sept pseaul- 

mes en franzoys. (Au v" du dernier feuillet) : Cy 

finissent les sept pseaulmes penitenciaulx et la letanie 

en fr anchois. [Lantenac, Jean Cres)^ pet. in-40 goth. de 

18 ff. à longues lignes. 

Édition fort rare. Le verso du premier f. porte une 
gravure sur bois représentant David. Le 2« f. commence 
par le titre ci-dessus ; et au verso du dernier, au dessous 
de la souscription , se voit la même marque de Jean Cres 
qui est à la fin du Doctrinal des nouvelles mariées impr. 
à Lantenac en 1491 (voy. Doctrinal, tome II du Montie/, 
col. 782). Les psaumes sont traduits en 119 strophes de 
4 vers de 6 syllabes ; chaque strophe est précédée du texte 
latin. On trouve, à la suite des psaumes, la litanie de tous 
les saints en français , le Pater, VAve Maria, une oraison 
en français, enfin les vni vers de saint Bernard moult 
deuot\ et proufitables , et deux oraisons , Tune à Dieu , 
l'autre à Nostre Dame. 

La marque si caractéristique de Jean Crès suffit 
pour indiquer avec certitude l'atelier de Lantenac. 

Mais dom Plaine affirme ' qu'avant d'employer 
cette marque à Lantenac , Jean Crès s'en était servi , 
avec Robin Foucquet, à Bréhant-Loudéac. Erreur : 
les impressions de Bréhant ne portent aucune marque. 

* Bninet, Manuel, 5* édil., t. V, col. 293. — * Revue de Bre- 
tagne et de Vendée, 1875, 2* semestre, p. 248 et 463. 




IMPRESSIONS 



DE NANTES 




|n a certainement lieu de s'étonner que Nantes, 
capitale de la Bretagne au XV* siècle, rési- 
dence favorite de François II, prince lettré, ami 
des ans , n'ait pas eu d'imprimerie pendant le règne 
de ce duc, d'autant que, sauf les deux dernières 
années, ce règne fut pour la Bretagne, en particulier 
pour Nantes, une époque de grande prospérité. 

Il est sûr toutefois qu'en 1482, quand l'art typo- 
graphique s'exerçait déjà à Angers , à Poitiers , à 
Caen, il était encore inconnu à Nantes. 

A cette date, cette ville avait un libraire activement 
occupé à répandre dans toute la Bretagne les pro- 
duits de l'imprimerie. L'extfait suivant (inédit) des 
Registres de la chancellerie de Bretagne fait con- 
naître rijnporiance de son commerce : 

Commission adrecée aux seneschaulx, baillifz et allouez 
de Cornouaille, Treguer, Léon, Morlaix et de Kerahès, 
impetrée de la part de maistre Guillaume Tousé, libraire, 
supposant que, ou moys de janvier derroin, il fît marché 
avecques ung nommé Guillaume de Lespine , de Tevesché 
de Cornouaille, de porter des livres vendre et adenerer * 

* Échanger contre deniers comptants. 



100 IMPRESSIONS 



en Basse Bretaigne et ailleurs en ce païs et duché pour le 
temps de dcmy an finissant au moys de juin derroin ; 
lequel temps révolu, ledit Guillaume devoit et s'estoit 
obligé rendre compte et relicqua audit Tousé de la vente 
qu'il auroit faicte desdiz livres ; et ce faisant , ledit Tousé 
estoit tenu luy bailler et poyer la somme de diz escus pour 
ses paine et sallaire. Ledit Tousé, en vertu dudit marché, 
a baillé audit de Lespine grant numbre de livres jucques 
à la valeur de cinq cens livres et plus. En vertu de quoy 
a celuy Guillaume vendu et distribué grant nombre desdiz 
livres et reccu grant somme de monnoye au moyen de la 
vente : de quoy n'a depuis rendu compte , combien que le 
temps soit piecza ^ passé et escheu et que par pluseurs 
fois en ait esté sommé et requis. Et pource que iceluy de 
Lespine est vacabond et que ledit Tousé ne savoit par 
quelle court le convenir >, il est mandé aux juges et chas- 
cun dessusdiz de sommer ledit de Lespine de rendre 
compte et Telicqua audit Touzé, et en son reffus ou delay, 
le arrester jucques à bailler suffisante et solvable caution 
de rendre compte devant l'un des juges dessusdiz. — 
Scellé à Nantes le 23 décembre 1480^, 

Cette somme de 5 00 livres , valeur des volumes 
confiés à Lespine, représente plus de i5,ooo francs 
d^aujourd'hui , et sans doute Tousé avait d'autres 
facteurs que celui-là. Le commerce de la librairie en 
Bretagne était donc déjà fort actif et d'une importance 
réelle. Or, veut-on savoir où les libraires de Bretagne 
s'adressaient pour faire imprimer des livres ? Ce 
même Tousé fut chargé par l'évêque de Nantes , 
Pierre du Chaffault, d'éditer en 1480 le bréviaire de 

* Depuis longtemps. — ^ Devant quel tribunal l'assigner. — 
* Extrait d'un mandement du duc François II pour Guillaume 
Tousé, Reg. de la Chanc. de Bref, année 1480, f. 180 V 
(Arch. de la Loire -Inférieure). Le registre ne contient autre 
chose que cet extrait. 



DE NATTTES lOI 



son diocèse , en 1482 le missel : il s^adressa pour 
ces deux œuvres importantes à des typographes de 
Venise *. Certes, si Nantes avait eu à ce moment un 
imprimeur, on ne serait point allé si loin chercher le 
secours de Tétranger. 

Il y a donc tout Heu de considérer Etienne Larcher 
comme le premier imprimeur de Nantes , et les 
Lunettes des princes, dont nous allons parler tout à 
Theure , comme sa première impression. Mais il 
n^était pas Nantais ou du moins n^avait pas toujours 
habité Nantes, car dans les souscriptions des Lunettes, 
il a soin (on va le voir) de se désigner ainsi : 
«c Estienne Larcher, imprimeur et libraire , à présent 
demourant à Nantes. » Donc , un peu avant la date 
de cette impression (1493), il demeurait ailleurs. 

Qui ramena à Nantes ? On ne sait. Mais^le carac- 
tère du premier livre imprimé par lui peut aider aux 
conjectures. 

Meschinot avait servi avec fidélité les cinq der- 
niers ducs bretons, il les célèbre dans ses vers, il 
fait particulièrement Téloge du père et de la mère 
d^Anne de Bretagne, il fut en dernier lieu maître 
d^hôtel de cette princesse. 

Qui peut avoir désigné ce livre à Larcher pour 
inaugurer ses presses, sinon Anne elle-même, encore 
plus lettrée que son père, très-amie des poètes, et 
qui se plaisait à entretenir par tous les moyens la 
flamme du patriotisme breton ? De là on est induit à 
croire que cette princesse provoqua ou du moins 
favorisa rétablissement de Larcher à Nantes. 

Conjecture, sans doute, mais très-plausible. 

* Voir Biographie bretonne, 1. 1, p. ayS (article de M. Bizeul). 



IÔ2 IMPRESSIONS DE NANTES 



Si nous insistons autant sur Larcher, c^est que 
son atelier typographique prit une tout autre impor- 
tance que les autres dont nous avons parlé et qui 
nVurent qu^une existence passagère. 

Celui de Larcher est la première imprimerie 
fondée en Bretagne dans des conditions de durée 
sérieuse. 




&^£®%^T#aë3&'am^Mg<a'^ 



XVIII. — Les Lunettes des princes 



Première édition. 



iL^U 



|es deux seuls exemplaires connus de ce livre 

rarissime sont à Paris; Tun, sur papier, à la 

bibliothèque Sainte- Geneviève, cotéŒ 337; Tautre, 

sur vélin, à la bibliothèque Nationale, relié en deux 

nomes, coté Y 4425. i et 2 ; porté à l'inventaire des 

Vélins sous les n** 2232 et 2233 ; décrit par Van Praët 

dans le Catalogue des vélins du Roi^ t. IV, p. 172. 

Ce dernier, un peu rogné du haut, mesure avec ses 

marges 164 millimètres en hauteur, et en largeur 

124. Celui de Sainte-Geneviève a même largeur, et 

en hauteur 174 millimètres. 

Nous décrivons le livre d'après ce dernier, dont le 
tirage est plus normal, mais auquel manquent, dans 
le i*' cahier, 2 ff. (4* et 5* f.) qui ont été arrachés. 

C'est un très-petit in-4* gothique, de iio feuillets 
non chiffrés , à 26 lignes par page. Hauteur de page, 
1 1 5 millimètres , justification 84. — Ce volume est 
divisé en deux parties, la i'® de 66 ff., et la 2" de 44. 

Première partie, — composée de 10 cahiers : a, b, 
c, d, e, f, g, h, i, k : dont 3 cahiers de 8 ff. (a, b, c), 
et les 7 autres de 6 ff. Le cahier a n'a de signé que 
son 3^ feuillet, qui porte a iii. Les 9 autres cahiers ont 
tous 2 ff. signés, le i«' et le 3% qui portent b i, b iii, 
et ainsi des autres. 

Dans l'exemplaire de la Bibliothèque Nationale, le 



I04 IMPRESSIONS 



cahier g est de 8 S. (au lieu de 6), le cahier h n^en a 
que 4 (au lieu de 6), et dans ce dernier cahier le i«' f. 
seul est signé h iii. 

Seconde partie, — formée de 7 cahiers marqués 
A, B, C, D, E, F, G, tous de 6 flF., sauf G qui en a 
8 ; le cahier A signé seulement au 3* f. A iii ; tous 
les autres signés au i®' et au 3® f. B i , B iii , — Ci, 
C iii, — etc. 

Pour cette partie , les deux exemplaires concordent 
entièrement. 

Titre de la i'« partie (f. i®' r**) : « Cy commence le 
liure appelle les lunettes || des princes auecques aul- 
cunes balades de || plusieurs matières composées par 
feu lehan || meschinot seigneur des mortiers escuyer 
en II son viuant principal maistre dhostel de la || du- 
chesse de bretaigne a présent royne de france. » 

Souscription de la i''® partie (f. 66 v*») : « Imprime a 

Nantes en lan Mil || cccc iiii xx. et xîii. par Estienne 

Il larcher Imprimeur et libraire a présent || demou- 

rant en ladite ville de Nantes en la || rue des carmes 

près les changes. » 

Cette souscription manque dans l'exemplaire de la 
Bibliothèque Nationale. 

Titre de la 2® partie (f. 6j v<*) : « Sensuyuent xxv. 
balades compo- || sees par vng gentilhomme nomme 
lehan || meschinot. Sur xxv. princes de bala- || des 
luy enuoyees de missire Georges || Laduenturier ser- 
uiteur de monseigneur || de bourgongne. Et trouuerez 
au commen || cément de chascune desdites balades le 
re II frain : et a la fin le prince fait par ledit || Georges.» 

Souscription de la 2® partie et de tout l'ouvrage 
(f. iio v**) : « Imprime a Nantes ce xv. iour dapuril 
Il en lan Mil cccc. iiii xx et xiii. par || Estienne lar- 



DE NANTES Io5 



cher Imprimeur et libraire a || présent demourant a 
Nantes en la rue des U carmes près les changes. » 

Dans Pexemplaire de la Bibliothèque Nationale , 
cette souscription a été grattée ou effacée ; on en 
voit encore des traces. 

Le tirage, dans les deux exemplaires, est beau, bien 
noir et bien venu. Le papier de celui de Sainte-Gene- 
viève est blanc, ferme, excellent.Typographiquement, 
cette édition des Lunettes est une œuvre très-soignée. 

Avant de décrire les vignettes qui la décorent, nous 
allons en reproduire une page (f. ii* r«) diaprés 
Texemplaire vélin de la Bibliothèque Nationale. Les 
lettres initiales (I et O) des deux stances qui occupent 
cette page sont ici en blanc, parce qu^elles nbnt 
jamais été imprimées. Dans Pexemplaire vélin elles 
sont peintes à la main et avec soin, mais en couleurs 
aujourd'hui trop pâles pour pouvoir être reproduites 
par la photogravure. Cela ne nuit en rien à notre 
fac-similé, qui fait très-exactement connaître les types 
élégants , le tirage net , la composition correcte 
d'Etienne Larcher. 

Quant au fond, nous n'en voulons rien dire en ce 
moment. Notons seulement que ce livre, qu'on a 
appelé « un fameux roman*, » est un poème moral 
et allégorique, débutant par une longue élégie sur les 
misères de la vie et les rigueurs de la mort : début 
qui comprend plus de 80 stances, chacune de 12 vers 
de dix syllabes sur deux rimes. Tune pour les vers i, 
2, 4, 5, 9, i2de la stance, l'autre pour les vers 3, 6, 
7, 8, TO et 1 1, — comme suit : 

* D. Plaine, £^55^1 sur Vimpr, en Bret, dans la Revue de 
Bret, et de Vendée, 1875, 2* semestre, 249. 



H 



106 IMPRESSIONS 



"^out ce ^mtf af vapptnte ceft, Skvqpn^ 
)E>eiUt^c anffi n^e.fou^i6mt^ f wnç» 
iSt mtmolte quif fditft que mvtt me pon^ine 
lBan( iay accee tt^ pfyie mmUMie qnef^nvr 
jTar te convoie que tout pfat(it mef^imgim 
& a fa fit) que ^oetite tefttvnqne 
Je me 9ap nud be fêne cSme ^te c^frmr 

tmtfiUtmctvefy^^ 

0ut me % Çaulitee me fm^ji me (^ 
0ue le itdp pfue aufruç que fie» mt ^9eittè^ 
S0aie maifttee moj^eimonl^nmtefihec^ 
& tout maC^t meft eff )(Mttaqe efc^cn 
Jf ef{ iwi} tempe que qdefuèment'me ï^oeifft 
iSfl iCmefcÇiefquefnotf cuèutne tecuetffip 
/rettee nemYJttem6§ant comefà fwttCei 
j^ap foiifbte tant mue mwt tna^ttceu 
^i fup fuppfy qupt fa mot^ maçtw^ 
<St qiWfee fmlf^be mee ^[f^ 
^ariKui«|)ftteAi^ 



&ftf 



f 



DE NANTES IO7 



Vignettes et ornements de cette édition. 

Feuillet i" r*. — Il est encadré d'une bordure 
gravée sur bois , où figurent des fleurs , des oiseaux , 
une sorte de cuirasse , une dame vêtue d'un costume 
assez compliqué. Au dessous du titre , un grand 
écusson mi-parti de France et de Bretagne, surmonté 
d'une couronne ducale. 

F. I" V*. — Vignette occupant toute la hauteur de 
la page , assez délicatement dessinée , représentant 
le jugement dernier. En haut , Notre-Seigneur assis 
sur Parc-en-ciel , les pieds sur le globe de la terre , 
entre quatre anges qui sonnent de l'olifant. A sa droite 
et à sa gauche, deux personnages nimbés à genoux 
dans l'attitude de la prière ; la figure de droite a les 
cheveux très-longs, tombant sur le dos, et c'est cer- 
tainement une femme, sans doute la Sainte Vierge ; 
l'autre , à cheveux plus courts , pourrait être saint 
Jean l'Évangéliste (?) — Plus bas , les âmes des 
élus , conduites au ciel par saint Pierre et saint 
Michel, Au dessous de ces âmes, un cartouche rec- 
tangulaire, traversant presque toute la vignette et 
portant ces mots: Principes persecuti sunt \\ me gratis. 
Sous ce cartouche, les âmes damnées, liées de chaînes 
et entraînées par des démons dans la gueule d'un 
monstre qui figure l'entrée de l'enfer. — Cette vignette 
n'étant pas assez large pour le feuillet , on a ajouté à 
gauche une bordure gravée sur bois, ornée de fleurs, 
d'un oiseau et d'une femme. 

F. 2« r®. — La moitié supérieure de la page est 
occupée par une vignette représentant le Christ en 
croix. Au pied de la croix six personnages en cos- 
tumes du XV« siècle, dont deux femmes (à la droite du 
Christ) , l'une de ces femmes à genoux. — A gauche de 



I08 IMPRESSIONS DE NANTES 



cette vignette, trop étroite pour remplir la largeur du 
feuillet, on a ajouté une bordure gravée sur bois , 
composée de fleurs et de femmes à mi-corps. Cette 
vignette est d^un dessin délicat. 

F. 66* r®. — Bordure étroite (avec fleurs) à la 
marge du fond, et bordure large (avec un paon) au 
bas de la page. 

F. 66* V*. — Encadrement complet : à gauche et 
en bas de la page bordure large (oiseaux , fleurs , 
enroulements) ; à droite et en haut bordure étroite 
(fleurs, écots de bois). — C'est sur cette page que se 
trouve, dans l'exemplaire de Sainte-Geneviève, la 
souscription de la première partie. 

F. 67* r**. — Cette page est tout entière occupée par 
une vignette bien dessinée représentant, dans sa partie 
supérieure, la croix, la couronne d'épines, tous les 
instruments de la Passion , et au dessous de la cou- 
ronne d'épines, une grande coupe en forme de calice, 
soutenue par deux anges, où est recueilli le sang qui 
coule de la couronne d'épines et qui la remplit à 
déborder. 

F. 6y V**. — Bordure : même disposition et, à très- 
peu de chose près, mêmes dessins qu'au f. 66« v*». 

F. i02« V*. — Bordure : même disposition, dessins 
analogues. — Sur ce verso finissent proprement les 
Lunettes par 4 vers intitulés Lenuqy, et au dessous , 
dans le milieu de la page, le mot Finis. 

F. io3« r®. — Bordure étroite à gauche. Au haut 
de la page ce titre : « Commémoration de la passion 
nostre seigneur || Ihesucrist. Et premièrement de 
loraison quil fist au iardin. » — Au dessous de ce 
titre, à gauche de la page, une petite vignette, dessin 
au trait, représentant la flagellation de Notre-Sei- 
gneur. 




XIX. — Les Lunettes des princes 
Deuxième édition 




^ette édition, due comme la précédente aux 
presses d^Étienne Larcher, est restée jusqu^à 
présent absolument inconnue des bibliographes. Ni 
Brunet, ni M. Jausions, ni aucun autre n^en parle. 
Elle a été — on peut le dire — découverte par 
M. A. Claudin dans la bibliothèque publique de 
Chambéry, où elle était enterrée. M. Claudin a bien 
voulu nous permettre dUmprimer ici la description j 
encore inédite , qu^il en a faite sur le livre même ; 
nous ne pouvons mieux faire que de la reproduire , 
en adressant à Tauteur tous nos remerciements. 

Note de M. A. Claudin, 

Cette édition n^a jamais été décrite. Celle que les 
bibliographes indiquent comme imprimée par Etienne 
Larcher est d^avril 1493, celle-ci est de juin 1494. 
Cela établit entre les deux une distinction essentielle. 
La nôtre serait la seconde. En voici le titre : 

« Cy commence le liure appelle les lunettes des |t 
princes auecques aulcunes balades et additions || nou- 
uellement faictes et composées par feu lehan || mes- 
cbinot seigneur des mortiers escuier en son || viuant 
principal maistre dhostel delà duchesse || de bretaigne 
a présent royne de france. » 



IIO IMPRESSIONS 



Au dessous de ce titre est une gravure sur bois 
comme on en voit dans les livres d'heures, repré- 
sentant une sorte de grand calice , soutenu par deux 
anges et soulevé devant une croix , au dessus et aux 
deux côtés de laquelle sont tous les instruments de 
la Passion , y compris la bourse dont les trente 
deniers payèrent la trahison de Judas. 

Au verso du titre, autre gravure sur bois qui occupe 
toute la page et représente Tange armé de Tépée flam- 
boyante chassant Adam et Eve du paradis terrestre. 
Eve est au seuil de la porte du paradis, figurée 
par un porche de cathédrale en style gothique 
flamboyant du XV® siècle. Au fond, dans la perspec- 
tive à gauche, Eve tentée par le serpent et Adam, à sa 
suite, mangent le fruit défendu près de l'arbre de la 
science du bien et du mal. 

Dans la partie supérieure du 2® feuillet recto , deux 
petits bois usés, tirés de quelque livre d'heures, 
représentent la naissance du Christ et l'adoration des 
Mages ; à droite et à côté, deux bordures gravées sur 
bois sont adaptées tant bien que mal autour de ces 
deux petites vignettes. La bordure de dessous est , 
par mégarde, imprimée à l'envers. 

Cette première page du texte n'a que 12 lignes ou 
12 vers; voici le premier, dont la lettre initiale a été 
laissée en blanc par le rubriqueur: 

(A)pres beau temps vient la pluye et tempeste 

Le poème des Lunettes des princes finit au f. 66* r* 
par la souscription suivante précédée du mot Amen: 
« Cy finist le liure intitule les lunettes des prin || ces 
Composes par lehan meschinot en son viuant || sei- 
gneur des mortiers Et après ensuiuent plus || ieurs 
additions vtiles et proufitables a tout le || monde. » 



DE NANTES III 



Le verso du f. 66* est tout entier occupé par le 
même bois qu'on voit au verso du titre. 

F. 67* i* : « Sensuiuent les nouuelles additions || 
Sensuit vne supplication que fist ledit mes || chinot 
4U duc de bretaigne son souuerain seigneur. » 

F. 90® v«, au bas de la page : « Cy finissent les addi- 
tions. » 

La page recto du f. 91^ est occupée par la même 
gravure qu'on voit au f. i" r^ au dessous du titre 
(grand calice porté par deux anges). Au verso du 
même f., au milieu d'un encadrement d'un genre 
particulier et qui doit appartenir à quelque livre 
d'heures inconnu gravé par Etienne Larcher, on lit 
ce titre (en lettres gothiques typographiques) : 

« Sensuiuent xxv. balades com || posées par vng 
gentil homme nom || me lehan meschinot sur xxv || 
princes de balades luy enuoyes || de missire Georges 
laduentu || rier seruiteur de monseigneur || de bour- 
gongne Et trouuerez || au commencement de chas- 
cune II desdittes balades le refrain, et || a la fin le 
prince fait par ledit || Georges. 

Le volume finit au bas de la page verso du f. 134® 
et dernier, par la souscription ainsi conçue : 

« Ce présent liure intitule les lunettes des prin || ces 
a este imprime a nantes par estienne larchier || impri- 
meur et libraire demourant en la dicte vil || le de 
nantes en la rue des carmes près les chan || ges Et a 
este acheue le huitiesme iour du moys || de iuing mil 
quatre cens quatre vingtz et qua || torze. Et auec ce 
finissent plusieurs additions || nouuelles faictes par 
ledit meschinot. » 

Au bas et sur le côté de cette dernière page est une 
bordure historiée, gravée sur bois^ tirée de quelque 



1 1 2 IMPRESSIONS 



livre d^heures. La bordure latérale, dépassant la jus- 
tification, est un peu rognée, bien que Texemplaire 
ici décrit soit très-beau de marges. 

Signatures de la !'• partie du volume (f. i"' à f. 
90) : a ii - p ii. — Et de la 2* partie (f. 91 à f. 134) : 
A ij - G ij. 

Il est assez difficile de déterminer le format de ce 
livre. Nous croyons que c'est un très-petit in-4*, avec 
une demi-feuille encartée dans chaque cahier, de sorte 
que les cahiers ont 6 feuillets. 

Édition en caractères gothiques, à longues lignes, 
de 26 à la page, comme Pédition de 1493. 

Filigranes, — Au commencement du volume , on 
voit dans le papier un filigrane représentant un lion 
ou un léopard grossièrement dessiné , marchant la 
queue entre les pattes. — Au milieu du volume, on 
trouve la main qui bénit, avec la manchette dentelée. 
Comme dans les papiers de Lyon et de Toulouse , 
trois doigts de cette main (le pouce et les deux sui- 
vants) sont levés. Les deux autres sont baissés, fermés 
et parfaitement dessinés sur la paume de la main. 
Cette dernière particularité ne nous paraît pas exister 
dans les papiers de Lyon et de Toulouse. — Vers la 
fin du volume , autre filigrane représentant deux 
triangles qui se pénètrent de façon à former une sorte 
d'étoile à 6 pointes , 2 en sens vertical , 4 dans le 
sens horizontal , au centre de cette figure un quinte- 
feuille. 

Ce livre est à la bibliothèque de Chambéry et porte 
le n« 2738. 

A. Claudiîj. 
Cette excellente description indique parfaitement 



DE NANTES I I 3 



les différences qui distinguent cette édition de la 
première ; nous n'avons rien à y ajouter. 

On nous dispensera aussi de toute citation de 
Meschinot. Quelque jour, il faudra bien se décider à 
entreprendre une étude sérieuse sur ce poète, qui a eu 
au moins trente éditions , le plus grand succès de son 
siècle. C'est pour cela qu'on ne peut l'aborder de 
biais et incidemment. 




i5 




XX. — Heures a l'usage de Nantes 




|n ignore la destinée actuelle de ce volume raris- 
sime , dont Van Praët a fait connaître Pexis* 
tence dans un article de son second Catalogue y ainsi 
conçu : 

284 ^^ Heures à Tusage de Nantes. Nantes , Etienne de 
Larchier, 1498 (1499 nouveau style), in-80. 

On lit à la fin : 

« Cy finissent les présentes Heures à l'usage de Nantes 
c imprimées par Estienne de Larchier imprimeur demeu- 
f rant en la susdite ville de Nantes en la rue de garde 
c dieu auprès de S. Léonard et furent les dites heures 
« achevées le xxvii jour de janvier mil cccc. mi. xx. xviii. » 

Nous sommes redevables de la connaissance de cette 
rare édition , dont il existe un exemplaire à Nantes chez 
madame Brée, à M. Parison, né dans la même ville, et 
qui cultive avec distinction les lettres à Paris , où il s'est 
formé une bibliothèque choisie *, 



*■ Catalogue des livres imprimés sur vélin qui se trouvent dans 
les bibliothèques tant publiques que particulières, — pour servir 
de suite au Catalogue des livres imprimés sur vélin de la Biblio- 
thèque du Roi, — t. IV (supplément), p. 20. — A Paris, chez de 
Bure frères , libraires du Roi et de la Bibliothèque du Roi , rue 
Serpente, n* 7. m. dccc. xxvni. — (4 vol. in-8*). 





XXI. — Table de la Coutume de Bretagne 




|etit in-8** goth. de 44 ff. non chiffrés *, répartis 
en 6 cahiers marqués (a), b, c, d, e, f ; les 
5 premiers de 8 ff. chaque , le dernier de 4. — Le 
i«' cahier n'est pas signé, à cause d'une vignette qui 
occupe le recto du 1^^ f. Les autres cahiers sont signés 
seulement au 1^^ f. de chacun d'eux et simplement 
de la lettre qui marque le cahier. Le dernier f. du 
6* cahier (f. 44*) est blanc. 

Le f. i«' r** est occupé par une vignette sur bois 
joliment dessinée , représentant saint Christophe qui 
porte sur ses épaules Jésus enfant ; sur la bordure du 
vêtement du saint est écrit en lettres capitales : 
SANCTVS CRI. — Le v« de ce feuillet est blanc. 

Incipit (f. 2« r**) : « Absolution || (0)n doit estre 

plus meu dabsoudre que || condamner iiii. xx. 

^ix. » 

Au f. 43« v°, la 14® ligne, dernière ligne de cette 
Table de la Coutume , est ainsi conçue : « Yures 
xiixxvi. ix. xxi. » — La i5® ligne est formée par la 
souscription : « Imprime a nantes par estienne lar- 
chier. » Et au dessous se trouve un écusson dans 
lequel est écrit de biais le nom Ny^dualb. 

Un exemplaire de cette Table d'Etienne Larcher 

^ Feu M. Jausions ne donne que 36 ff. à cette table {Revue de 
Bret et de Vendée, 1875, 2* semestre, p. 463); il est dans l'er- 
reur. 



Il6 IMPRESSIONS DE NANTES 



existe à la Bibliothèque Nationale, relié à la suite de 
la Coutume de Bretagne imprimée à Rouen par 
Martin Morin avec la souscription de l'édition de 
Rennes de BellescuUée. Brunet a décrit cette édition 
de Morin *. Le volume qui contient cette CoutumCy 
la Table de Larcher , et aussi VOrdonnance de 
Charles VIII décrite ci-dessous n° XXII, provient du 
don de la bibliothèque Falconnet ; il est coté F. Paie. 
2169, et dans l'inventaire de la Réserve F 1703. 

Reste à expliquer Pénigme du groupe de lettres 
Ny, dualb, inscrit dans l'écu placé au dessous de la 
souscription. Nul ne l'a encore tenté. Voici une con- 
jecture ingénieuse, proposée par M. A. Claudin. 

Après les impressions de BellescuUée à Rennes en 
1485, on ne trouve plus trace de l'art typographique 
en cette ville jusqu'en 1524. A cette date, un impri- 
meur appelé Baudouyn y publie une édition des 
œuvres de Marbode. Ce Baudouyn avait précédem- 
ment exercé à Nantes (en iSiy), M. Claudin pense 
qu'il avait dû faire partie de l'atelier d'Etienne Lar- 
cher ; qu'il avait pu diriger, sous lui , l'impression 
de la Table de la Coutume^ et que, pour rappeler 
ce fait sans empiéter sur le droit de son maître, il 
avait imaginé d'inscrire , au dessous de celui de Lar- 
cher, son propre nom coupé en deux par un point 
et anagrammatisé : Ny, dualb, — où l'on retrouve 
sans peine Baldujrn, qui est Baudouyn. 

* Voir Manuel, 4* édit., 1. 1, 793-795, et 5' édit., t. II, 362- 
363. Il faut voir la 4* édition. 



XXII. — Ordonnance de Charles VIII 




[oRMAT pet. in-8° goth. de 20 ff. partagés en trois 
cahiers, (a) b,c, les deux premiers de 8 ff., le der- 
nier de 4. Le 2* et le 3* cahier sont signés (au bas du 
jer f recto de chaque cahier) de la lettre (b, c) qui 
désigne ce cahier. Le i®' cahier n'a pas de signature, 
parce que le recto du i*"^ f. ne contient que le titre, 
le verso étant entièrement blanc. 

Titre (f. i*' r**) : « Sensuiuent les ordonnances et 
statuz du II roy faictz ou pays de bretaigne ou mays 
de II may lan mil quatre cens quatre vingtz et || qua- 
torze. » 

Incipit (f. 2* r°) : « (C)harles par la grâce de dieu roy 
de II france Comme soubz la main tui || tion et def- 
fense de dieu le créateur après plus || leurs grans 
guerres et diuisions Nous ayons || en vraye paix vnion 
et obéissance prins et || recuilly nostre pais et duché 
de bretaigne le || quel au moyen dicelles guerres auoit 
este II par long temps moult fouUe endommage et H 
opprime » etc. 

Explicit (f. 20® r<*) : « Et publie deuant monseigneur 
le seneschal || de nantes au bouffay dudit lieu Le xvi. 
iour II de iuing an mil cccc iiii xx et xiiii. » 

Souscription (f. 20® v<*) : « Cestz présentes ordon- 
nances et statuz ont || este imprimées a nantes par 
estienne larchier || imprimeur et libraire demeurant 
en ladite vil- || le de nantes en la rue des carmes près 
les chan || ges » 



Il8 IMPRESSIONS DE NANTES 



Cette ordonnance a pour but d'organiser Padminis- 
tration du duché de Bretagne et de réformer les abus 
touchant à la justice. Voici les titres des premiers 
articles: « Institution de gouuerneur — Institution 
de vigouuerneur et quatre conseillers — Institution 
de deulx conseillers — Confirmation de iuridition 

— Deflfense de euocation — Les lieux et moys du 
conseil — Les iours du conseil — Ordonnance de 
quatre conseillers residens — Des lettres de la chan- 
cellerie — Des secrétaires — Augmentation de gaiges 

— Des aduocatz ». — Etc. 

Cette ordonnance avait été donnée « à Lyon sur le 
rosne ou mays de may lan mil cccc. iiii xx. xiiii ' ». 

Un exemplaire de cette impression nantaise existe 
à la Bibliothèque Nationale, relié à la suite de la 
Table de la Coutume décrite dans notre n® XXI , et 
par conséquent sous la même cote. 

Nous ne pouvons deviner pourquoi feu M. Jau- 
sions a cru devoir réunir en une même unité typo- 
graphique la Table de la Coutume de Larcher et 
son Ordonnance de Charles VIII *. Ces deux livrets 
constituent deux impressions parfaitement distinctes y 
parfaitement indépendantes Tune de Tautre. 

* Dom Morice a réimprimé le texte de cette ordonnance dans 
les Preuves de V Histoire de Bretagne, III, col. 766 à 766. — 
> Revue de Bretagne et de Vendée^ ^^l^i ^' semestre, p. 463. 




CONCLUSION 




[ES faits et des études qui précèdent essayons 
de dégager quelques résultats pour l'his- 
toire des origines de l'imprimerie en 
'Bretagne. 

En voyant , la même année (1484-1485), presque 
au même instant , l'art typographique se révéler sur 
trois points de notre province notablement éloignés 
les uns des autres (Bréhant, Rennes, Tréguier), on 
ne peut manquer d'attribuer d'abord cette triple 
manifestation à une cause unique, assez puissante 
pour agir simultanément dans toute la Bretagne , 
c'est-à-dire, à l'influence du souverain, le duc Fran-» 
çois II, très-sympathique aux lettres, aux arts, aux 
études. On est même un peu tefité de s'étonner 
qu'Angers ayant eu l'imprimerie en 1477, Poitiers 
en 1479, Caen en 1480, ce prince ait autant tardé 
à l'introduire chez lui. 

Quand on regarde les faits de près, il se trouve que 
le duc n'y est pour rien. 

A Bréhant- Loudéac, c'est un seigneur — pas même, 
malgré son grand nom , un grand seigneur — qui 
appelle les imprimeurs, les protège et fait les frais de 
leurs premières impressions. A Rennes, c'est un 
bourgeois, Jean Hus. A Tréguier, ville tout ecclé- 
siastique où le duc n'avait rien , ce ne peut être que 
l'évêque ou quelque membre du chapitre. 

La simultanéité des trois éditions de la Coutume 



1 20 CONCLUSION 



de Bretagne, publiées en 1485 à Rennes, à Tréguier 
et à Bréhant-Loudéac , a porté quelques auteurs à 
croire que l'imprimerie avait surgi en Bretagne 
comme auxiliaire du patriotisme breton contre les 
projets d'annexion de la cour de France. On eût 
cherché un moyen d'exciter, de fortifier ce patrio- 
tisme dans l'impression et la diffusion des monuments 
du droit national. 

Cette hypothèse n'a rien de solide. La Coutume 
de Bretagne, — même avec les Constitutions et éta^ 
blissements qui la suivent dans les trois éditions de 
1485 — la Coutume contient exclusivement la légis- 
lation civile et la législation féodale interne de la 
Bretagne ; elle règle les droits des Bretons entre eux, 
les formes de la procédure devant les juridictions de 
Bretagne , mais on n'y trouve pas un mot touchant 
de près ou de loin à la question de l'indépendance 
bretonne. 

Si l'impression de la Coutume de Bretagne eût pu 
être considérée comme une arme contre les préten- 
tions du roi de France, le roi ne l'eût pas laissé 
imprimer chez lui. Or la première édition de notre 
Coutume est celle de Paris de 1480. En 1485, l'im- 
primeur Martin Morin, à Rouen et fort ostensible- 
ment, en fit une autre, véritable contrefaçon de l'édi- 
tion qui venait de paraître à Rennes. Enfin, en cette 
même année 1485, dans cette même ville de Rennes, 
de la même presse qui venait d'imprimer la Coutume, 
sortait le Floret enfranc:{oys, qui commence et finit 
par un éloge pompeux de la France et de son roi. 

La triple édition de la Coutume en 1485 n'a donc 

* D. Plaine, Essai sur Vimprimerie en Bretagne^ dans la Revue 
de Bretagne et de Vendée, 1875, 2* semestre, p. 247. 



CONCLUSION lai 



pas la signification qu^on lui prête, et n^indique 
nullement la cause qui introduisit Timprimerie en 
Bretagne. 

L'art typographique — avons -nous dit — était 
depuis plusieurs années établi à Poitiers, à Angers, à 
Caen, tout autour de la frontière bretonne ; il est 
donc tout naturel qu'en s'étendant de proche en 
proche, il ait tenté de franchir cette frontière , attiré, 
favorisé en cette entreprise par un gentilhomme 
lettré (Jean de Rohan), dont le goût particulier 
imprima aux premières productions de la typographie 
bretonne ce caractère littéraire signalé dans notre 
Introduction, qui les marque et les distingue de 
celles des autres provinces. 

La première apparition de l'imprimerie en Bre- 
tagne fut singulièrement féconde. Quatorze volu- 
mes, gros ou petits, en une seule année (1484-85) 
jaillissent de notre sol. Mais cette plantureuse moisson 
est suivie immédiatement d'une disette soudaine et 
absolue , disons mieux , d^une éclipse totale et pro- 
longée de la typographie bretonne. Tréguier, qui 
avait produit un seul ouvrage , se repose quatorze 
ans; Rennes, quarante (jusqu'en 1524); Bréhant, 
toujours. Bréhant s'était épuisé dans cette poussée 
merveilleuse qui avait mis au monde en quelques mois 
dix impressions. Passé 1485, pendant six ans, on 
n'imprime pas une ligne en Bretagne. 

C'est que les industries nouvelles , surtout celles 
qui s'adressent à l'intelligence, ont besoin de calme 
pour vivre. En 1485, la paix, la prospérité régnait 
en Bretagne. En i486, sur la frontière française se 
forma un gros orage ; vers la fin de cette année il 
grondait ; au début de là-suivante il éclata. Là com- 

16 



j 



132 CONCLUSION 



mença cette cruelle guerre de cinq ans, dont le 
principal épisode fut la bataille de Saint- Aubin du 
Cormier et le résultat final l'annexion de la Bretagne 
à la France. Parmi les brutalités, les calamités, les 
misères de cette lutte , l'imprimerie ne pouvait vivre. 
Les maîtres étrangers , Foucquet et BellescuUée , 
qui l'avaient apportée en Bretagne, quittèrent le 
duché. C'est sûr pour BellescuUée, qu'on retrouve à 
Poitiers ; Foucquet ne paraît plus nulle part. 

Josses et Crès , compagnons de ces deux maîtres , 
mais (selon toute apparence) Bretons, restèrent en 
Bretagne. On ne sait rien de Josses , sinon qu'il ne 
suivit pas son maître en Poitou. Crès fit mieux. En 
octobre 149 1, quand la guerre commença de s'apai- 
ser *, il rétablit un petit atelier, non plus à Bréhant- 
Loudéac , c'est-à-dire en pleine campagne — ce lieu 
n'eût pas été sûr, — mais dans l'abbaye de Lantenac, 
protégée par son caractère religieux et par le proche 
voisinage d'une foneresse du vicomte de Rohan. 
Cette imprimerie ne produisit guère et eut peu de 
durée: elle ne put survivre au protecteur de Crès, 
Jean de Rohan, sire du Gué de l'Isle, mort en 1493. 

Heureusement, cette année même (1493), Etienne 
Larcher avait installé à Nantes un atelier typogra- 
phique destiné à une longue existence, et qui débuta 
par une œuvre toute bretonne (les Lunettes des 
princes] , dont le caractère nous porte à reconnaître — 

^ A cette date , la duchesse Anne de Bretagne , enfermée dans 
Rennes , résistait encore énergiquement ; mais dans le reste du 
duché, le roi de France était le maître et agissait en souverain 
sans aucune opposition, au point de convoquer les États (D. Mo- 
rice, Preuves de VHist. de Bret,, III, yoS). Il n'y avait plus de 
guerre, et surtout pour les amis des Français et des Rohan , la 
sécurité était dès lors rétablie. 



CONCLUSION I a3 



ou j si Ton veut , à deviner — dans la fondation 
de cette imprimerie et dans le choix de son premier 
livre, rintervention de la duchesse-reine Anne de 
Bretagne. Etienne Larcher imprimait encore en 1499. 
Après lui, Tatelier de Nantes fut successivement dirigé 
par son fils Guillaume (i5oi), par Tourquetil (iSo/), 
par Baudouyn (iSi/), etc. Cette fois , l'imprimerie 
était vraiment fondée en Bretagne; elle ne devait plus 
cesser de fonctionner dans notre province et de s'y 
développer de plus en plus. 

A d'autres le soin de continuer son histoire. Aux 
Bibliophiles Bretons le mérite d'en avoir posé la pre- 
mière pierre. 



Il 
I 



APPENDICE 



Le Doctrinal des nouvelles mariées 




UAND nous écrivions la page 96 ci-dessus, nous 
n^avions pu voir encore aucune impression 
de Lantenac. Depuis lors, M. Thomas Dobrée, pos« 
sesseur du Doctrinal des nouvelles mariées, a bien 
voulu nous communiquer cette curieuse plaquette 
avec une gracieuseté que nous ne saurions trop re- 
connaître. 

Le caractère employé dans ce livre diffère sensible- 
ment de celui des impressions de Bréhant-Loudéac ; 
il est un peu plus fort, moins anguleux, moins carré, 
moins original peut-être, mais mieux formé. Il se 
rattache cependant par un trait notable au caraaère 
bréhantais : il use exclusivement de Vy pointé , 
lettre rare, exceptionnelle, et qui garde à Lantenac 
la même forme qu^à Bréhant. Nouveau motif de ne 
point attribuer à Fatelier de Lantenac la Prise de 
Grenade y où Ton ne rencontre pas Vjr pointé (voir 
ci-dessus p. 95-96.) 

L^exemplaire du Doctrinal que possède M. Dobrée 
est celui dont a parlé Brunet et le seul que Ton 
connaisse. Il est relié dans un recueil compre« 
nant le Doctrinal des nouveaux mariés, la Complainte 
du trop tôt marié, et une autre pièce du même genre. 



ia($ APPENDICE 



M. Dobrée a bien voulu nous donner, pour la 
publier ici, la description de ce livret rarissime. 



f 



Note de M. Thomas Dobrée 

Le Doctrinal des nouvelles mariées est une pla- 
quette de six feuillets, petit in-4°, papier assez fort, 
à vergeures, sans filigrane. Lettres de forme, pas de 
majuscules, initiales au commencement des lignes, 
les y sont pointés ; signatures a et a ii au 2* et au 
3* feuillet. Hauteur du texte, i25 millimètres ; lar- 
geur, 80 millim. Dimensions du papier, ijS millim. 
sur 146. 

Feuillet i*', au haut de la page recto, on lit : 

Le doctrinal des nouelles mariées. 

Mêmes caractères que ceux du texte. Au verso, une 
gravure sur bois très-grossière, offrant une vieille 
femme, que Ton peut supposer représenter la Sagesse 
ou la Morale , assise près d^une petite table pleine ; 
elle tient sur ses genoux un livre ouvert, la main 
droite appuyée sur un autre livre posé sur un lectrin. 
Elle paraît doctriner deux jeunes femmes agenouillées 
devant elle. 

Feuillet 2®, à droite , au haut du recto , on lit 

encore i 

Le doctrinal des 

nouuelles mariées. 

et au-dessous 21 lignes (3 sixains et un demi-sixain; 
— signature la lettre a. 

Feuillet 2* v^, 24 lignes (un demi-sixain, trois 
sixains et un demi-sixain.) 



APPBNDICB 1^7 



Feuillet 3*, semblable (reao et verso) au a* feuillet 
verso. Au bas du reao la signature a ii. 

Feuillet 4*, semblable (recto et verso) aux deux 
précédents. 

Feuillet 5*. Le reao semblable à celui du f. 4* ; le 
verso a 21 lignes (un demi-sixain et trois sixains). 

Feuillet 6*, au reao, 6 lignes (un sixain) . Au dessous, 
à la distance de 2 lignes, la souscription : 

Çy finist le doctrinal des nou- 
uelles mariées Imprime a lan 
tenac Le cincquiesme iour doc 
tobre Lan mil quatre cens qua 
tre vigns xt 

Jehan Cres, 

Au dessous, un écu noir (une targe) sur lequel se 

dessinent, en blanc, une étoile à huit rayons, un 

poisson, une coquille. 

Le verso est blanc. 

Thomas Dobjrée. 



Le Doctrinal des nouvelles mariées se compose 
de i68 vers de dix syllabes partagés en 28 sixains. 
Ce n'est point, comme on pourrait le croire, une 
pièce facétieuse , mais une instruction très-grave et 
très-morale, un peu dans le goût des Maximes du 
mariage, qu'Arnolphe fait lire à Agnès dans VEcole 
des Femmes. On en peut juger par le débuts dont 
M. Dobrée a bien voulu nous donner copie : 



laS APPINDICI 



Nouuellement mariée, aprenez 
De mariaige les loys, et retenez : 
Honneur aurés de les retenir. 
Affin que mieulx vous vous y gouvernez 
En my le monde et longuement régnez, 
Ce qui s'ensuyt debuez entretenir. 

Nouuellement mariées, ieunes filles. 
Comme serpens debuez estre subtilles, 
Viure tousiours en grant simplicité 
Comme un colomb, et vous tenir gentilles, 
Sans point d'orgueil, honnestes et abilles : 
Femme est prisée qui garde humilité. 

Nouuellement mariée , obéissez 
A vos mariz en tout bien, c'est assez , 
Puisque sur vous ont domination. 
Si vous faillez, si le reconnaissez. 
Leur volonté bonne ne transgressez 
Quant ils vous ont en leur subiection. 

Nouuellement mariés, n'ayés cure 
En mariaige du i>eché de luxure, 
Qui tant est vil, détestable et infait. 
Tout mal en vient, tout venin et ordure. 
Est deshonneur, et puis il se pariure 
Soit homme ou femme marié qui le fait. 




ADDITIONS ET CORRECTIONS 




ous réunissons ici quelques observations qui 
ont été oubliées au cours de Pouvrage. 



9 



Sur le titre du volume et sur le titre spécial de la 
réimpression fac-similée du Trespassement Nàstre 
Dame, on voit, en guise de fleuron, le dessin de deux 
charmants jetons de Bretagne : Tun (sur le titre du 
Trespassement) est un méreau ducal du XV* siècle, 
Fautre un jeton des Etats de la fin du XVI*. Les ori* 
ginaux sont dans la collection de M. Alex. Perthuis- 
Laurant, qui les a fait graver et a bien voulu autoriser 
les Bibliophiles Bretons à user de ses clichés pour 
orner la présente publication. 



¥ 



Un mot touchant les fac-similé joints au présent 
livre. 

Nous aurions voulu donner des spécimens de 
tous les caraaères employés dans les impressions 
bretonnes du XV* siècle. Certaines circonstances 

17 



i3o ABMXIOKS XX COMtECTKDfS 



nous ont empêchés de compléter cette collection. 
Toutefois il nous manque peu de chose. 

La réimpression totale du Trépassememt de la 
Vierge (ou Trespassement Nostre Dame) fait con- 
naître largement les dix impressions de Bréhant- 
Loudéac, qui toutes se ressemblent. — Celles de 
Rennes et de Pierre BellescuUée sont représentées 
par i'^écusson de la Coutume de Bretagne^ la clause 
concernant Jean Hus, et le. titre d=u Floret en français 
(ci-dessus, p. 69, 72 et 75). — Pour les impressions 
de Nantes, toutes sorties ^ l'atelier d'Etienne Lar- 
cher, nous avons une page entière des Lunettes des 
princes (p. 106). — Les impressions de Tréguier, de 
l'atelier de Calvez , sont amplement représentées 
^. ^1 et ^) par la dernière colonne du Catholicon 
et la marque de Calvez, exactement reproduite. En 
la compar^mt au dessin gravé dans le Manuel de 
Brunet et l'édition du Catholicon de M. Le Men, 
on verra que ce dessin est fort inexact. Il omet les 
couronnes qui sont sur la tête des deux chimères et 
ia Ugne d'encadrement qui entoure la marque, ce 
tpn rend l'attitude des chimères grotesque et inex- 
plicable, — mais ce qui ne justifie point D, Plaine 
d'avoir vu dans ces bêtes fantastiques « deux chats- 
huants » (voir Revue de Bretagne et de Vendée ^ 
1875, 2® semestre, p. 25o)., 

Pour être complet, il nous eût fallu, en outre, un 
fac-similé de la Coutume de Tréguier de 1485 et un 
Tac-simile des impressions de Lantenac ; le temps et 
les circonstances nous ont fait défaut. Quelque jour, 
nous l'espérons, les Bibliophiles Bretons pourront 
coml)ler cette lacune. 



ADDITIONS ET CORRECTIONS l3l 



Il est bon de rassembler ici , sous un même coup 
d'œil , tous les renseignements venus jusqu^à nous 
sur les exemplaires encore existants de nos vingt-deux 
incunables bretons. 

Sur ce nombre , il en est sei:[e dont on ne connaît 
qu'un seul exemplaire, savoir : 

1. Trépassement Notre-Dame *. 

2. Lois des trépassés. 

3. Patience de Griselidis. 

4. Bréviaire des nobles. 

5. Oraison de Nesson. 

6. Songe de la puce lie. 

7. Miroir d'or de rame pécheresse. 

8. Vie de Jésus-Christ. 

10. Secret des secrets d*Aristote. 

12. Floret en français. 

i3. Grande absoute de Pâques. 

16. Doctrinal des nouvelles mariées. 

17. Les Sept psaumes en français. 

19. Lunettes des princes y 2* édition. 

20. Heures à l'usage de Nantes. 
22. Ordonnance de Charles VIII. 

Les dix premières de ces impressions (du TrépaS'^ 
sèment au Floret inclusivement) et la dernière 

* Le chifire placé devant chaque titre est le numéro d'ordre 
des volumes dans la liste générale des incunables bretons ci- 
dessus, p. I à 3. 



l32 ADDITIONS ET CORRECTIONS 



(Ordonnance de Charles VIII) sont à Paris, à la 
Bibliothèque Nationale. La seconde édition des 
Lunettes des princes (n** 19) est à la bibliothèque 
publique de Chambéry. Le Doctrinal des nouvelles 
mariées (n° 16) fait partie de la collection de M. Tho- 
mas Dobrée , à Nantes. — Quant aux trois autres 
(Grande absoute. Sept psaumes, Heures de Nantes, 
n®* i3, 17, 20), Pexistence en a été constatée d'une 
manière certaine, mais on ne sait trop où ils sont 
aujourd'hui ; nous faisons appel aux renseignements 
que pourraient avoir sur ce point les bibliophiles 
qui liront ce livre. 

Il y a. un des incunables bretons dont on a signalé 
deux exemplaires : c'est la Table de la Coutume de 
Bretagne, imprimée par Etienne Larcher (ci-dessus, 
n** 21). — L'un de ces exemplaires est à Paris, à la 
Bibliothèque Nationale ; l'autre à Nantes , dans le 
cabinet de M. Van Iseghem (Péhant , CataL de la 
Biblioth. de Nantes, t. I, p. 872, 2" col.). 

De chacun de nos cinq derniers incunables , 
c'est-à-dire des trois éditions de la Coutume faites à 
Bréhant-Loudéac , à Rennes et à Tréguier en 1485 
(n°* 9, II, 14), du Catholicon breton (n° i5), et de la 
première édition des Lunettes des princes (n® 18), 
on a signalé trois exemplaires, comme suit : 

9. Coutume de Bretagne imprimée à Bréhant- 
Loudéac : un exemplaire à la Bibliothèque Nationale, 
un autre à la bibliothèque de Rennes , un troisième 
à M. Dugast - Matifeux , à Nantes (renseignement 
fourni par M. A. Claudin). 

II. Coutume imprimée à Rennes : deux exem- 
plaires à la Bibliothèque Nationale , un autre à la 
bibliothèque de Rennes , coté aujourd'hui Ar* 
moire i^^ n? 161 1 bis. 



ADDITIONS ST CORRECTIONS l33 



14. Coutume imprimée à Tr^uier : un exemplaire 
àk bibliothèque de Rennes, un autre à ThôteMe* 
ville de Morlaix, un troisième diaprés lequel Brunet 
a décrit le livre dans le Manuel et dont on ignore la 
destinée actuelle. 

i5. Le Catholicon breton : deux exemplaires à la 
Bibliothèque Nationale et un à celle de Quimper. 
De ces trois exemplaires, le seul complet est celui de 
la Bibliothèque Nationale qui a gardé sa reliure 
primitive en veau gaufré ; il est superbe. 

18. Lunettes des princes y i^'^ édition : un exem- 
plaire vélin à la Bibliothèque Nationale , un exem- 
plaire papier à Sainte-Geneviève, un autre vélin, 
mais incomplet, à la bibliothèque publique du Mans 
(Brunet, III, i665). 



Voici quelques fautes à corriger : 

— Page 2, ligne 26. — Au lieu de : i5. Le Catho- 
licon de Jean Lagadec, il faut: iS, Le Catholicon 
breton. 

— Page 6 , ligne i5. — Au lieu de: comptant 
pour une ligne y il faut : comptant pour la 2j*^ 
ligne. 

— Pages II à 17. — Dans l'impression du long 
fragment du Trépassement de la Vierge cité à ces 
pages, il y a eu hésitation dans Temploi de VI ou du 
J majuscule au commencement des vers. On peut 
voir, dans la réimpression fac-similée de ce poème , 
que le caractère majuscule correspondant de Fimpri- 
merie bréhantaise descend au dessous de la ligne et 



l34 ADDITIONS ET CORRECTIONS 

ressemble par conséquent à un J. Mais là où la lettre 
majuscule est, dans le même mot, dans le même nom, 
remplacée par la petite lettre , il n^ a pas de doute, 
c^est un i qu^on met ; ainsi , à la souscription, c^est 
iehan cres. D^où il faut conclure que la majuscule 
correspondante, quelle qu^en soit la forme, a typo- 
graphiquement la valeur de VI et non du J actuel.— 
Il faudrait donc, dans ce fragment du Trépassement 
Imprimé p. ii à 17, substituer, au moins par la 
pensée, I à J partout. 

• 

. — Page 27, ligne 20. — On peut compléter ainsi 
le vers qui forme cette ligne : 

Et passe [ainsi] sepmaine après sepmaine. 

— Page 33, vers 14, au lieu de : 

Il n'a qui pleidîe ne gaîgne , 

Il faut : 

Il n'y a qui pleidie ne gaigne. 

— Page 40, vers 6, lisez : 

Dancer, voiler comme vne aronde. 

— Page 40, vers 11, au lieu de: essiqyssementj 
' lisez : esiqyssement. 

— Page 40, ligne 16. — Au lieu de : 

Tant mieulx, ta nature [est] fourmée 

Il faut : 

Tant mieulx fa nature fourmée. 



ADDITIONS ET CORRECTIONS l33 



— Page 41, lignes 12 et 1 3. — On pourrait, par 
Yoie de correction, modifier ces deux vers ainsi: 

Sauoir pucelle sobrement 
Doity sans vouloir estre subtille. 

Toutefois, la leçon de l'édition originale, repro- 
duite exactement par nous, p. 41, se comprend sans 
difficulté. — Ce petit poème du Songe de la Pucelle^ 
a eu d'autres éditions, quelques-unes même augmen- 
tées ; mais celle de Bréhant est incontestablement la 
plus ancienne. 

— Page 60, ligne 22. — Au lieu de: satisfaction, 
il faut: satisfation, 

— Page 62, ligne 32. — Au lieu de: osyes, il 
faut: sqyes (sois). 

— Page io3, ligne i. — Au lieu de: Les deux 
seuls exemplaires connus de ce livre rarissime, il 
faut : Les deux seuls exemplaires complets (pu à peu 
près) de ce livre rarissime [les Lunettes des princes, 
!'• édition). 

— Page 128, vers 10. — Au lieu de: colomb, il 
faut: columb. 

— Outre les deux exemplaires de la Table de la 
Coutume de Bretagne d'Etienne Larcher, indiqués 
ci-dessus p. i32 (1. i3 à 19), il en existe un troisième 
appartenant à M. le baron Jérôme Pichon et qui a 
figuré à l'exposition des beaux-arts à Nantes en 1872 
(voir le catalogue de cette exposition, p. 91). 



LE TRESPASSEMENT 

NOSTRE DAME 

IMPRIMÉ A BREHANT-LOVDEAC 

Réimprimé en fac-similé 









A NANTES 
EN l'an mil vni°.Lix.viii. 



<§ttolfU foft Cctm et f c ioiif 
b Cht A pldtt a no^tt cvcotoitt 

Ottaftiltur 8e la bUtQt tnatU 
f^CjUittoue efl vendit la ^ie 
^ tseitû; ptondtc c^ Immainc 
|9av ono^ fumée itii^ |m0 & fMutc 
<!l4)arcim S( noiw eflott tmtpnc 
j^ cd enfant neufl efte ne 
&t tttt S^ton qutt (ut pCatT* 
Cîlon« ptcfctMt Se U foutnatfê 
(^)enfev qut efl tant mt fetabû 
^n noue tonnant h^ pKtbwfcbU 
^i^;nevat9 fclon uientendon 
Ipug pou auant (a paffifmt 
<^e noflve fau(ueut tfiefitcnft 
i^aicnotfle meve tu^^^fi 
Q(non enfant mon fd^ et mon pevc 
§ie te vequîev aine c(ùe k meure 
<8utl te plaife ma nunctev 
^dUt tour que tmondev 
C(tle fouldva a ce mon& k^ 
(en me prenant a tamevct 
(et menuotev r<*n^ Setiioueee 
QG ta mott qui mefi ordonnée 
Qffngee ovc^iange» fâtncteet fouictef 
^ont o tôt <^ <*^ tnomt» ct^nàîiictM 



.04* 



CKtle btmnent tenir compaig/iiik 
en la iotec|tti efl infime 
COe me titect point en oubCtonce 
<l(» tôt o to^ tnoutlgKtmt fumce 
® meve tveftmoifie et faiQi 
Itu^ vefponDrt en inief^ lan^ct%e 
don c|kv fA$ po» famne equite 
dot^ certaine en bevtte 
Que tante» ne te Uffera^ 
ànc^ots» toè toufiouv? r<^aé 
Ode cut^e^ peint que te tom leffé 
)^U6 ntoue^ nouvn en ieuneffe 
jEt alaicte Si ioi manteUe 
^lotimfe fMevge pucelte 
Qttant loien^ta fur ton Smenice 
bien^ a toè le ptemter 
covnpavQ^c & ton» me» ongetf 
^e patviaec|K$ et orcl^angee 
06 pntfite» movtiv» confeffoitu» 
<gt Se foinct» et faincte» pîufbuv» 
<St ton anae fane vetorSév 
dem o tO|3 )0Ottv te oav&v 
99ae c)itot lutt^ ttuTinoiu & (a 

COc 2X mttt^ tant fott il M 
tatiQt^obmiit dira 

£tttant ton ame befpavtira 




^ion €0S9M ci fhfa Uuee 
6u ciel amont ceUc iMtmee 
Ou il na ne toimnent ne |9Ȉie 
Ole cfmifè fbtf en bien ovtaàie 
^0» tonte pUâfanu ctlonte 
%a ton efpmt fera monte 
(Sn Ime gronfie meloMe 
^€ mt$ an^ ne doubt^ mi,é 
<gt optant la ntott cûuatfoufed 
QEHon monument fera omievt 
^ vefoutDtai^ Sedsn^ ttoë^ ^ott«9 
<lomme to^ racnote touftour» 
(Et ârag «ompte (e« enfevd 
& f vo^evat Uf |m j^ ^e fevo 
990111; en tvev fyumam I^noige 
®ttî (a Sedoofie efl en JitMalQfi 
(^€ tadfit fin eft la /bmme 
99av U pecf)e du ptemicv l^omme 
^t aàtfi ne tefmo^ de rim 

Go» tout r^a )}our ton ^taet bkn 
Q(U a la mott ne a ia )>^ 

CAe iefTeeoè ta com)Mtoi^ 
9taicc|ue9 fi fagenoiua 
Sa tsietge <|uant outt cela 
<Bt (e mo^ comme tonne 






en U laxmt a pauttt Me 
(Et en U iaifiint ee gtnoAs 
'Xpue fa fàincte |»ffïoit 
Otuffi fa tiTuntrti'o» 
fit fa tienaifle afcmcion 
ta fefetgc pat Stuotion 
eitoit toufiauM <t utM <t loi'n3 
Sut la fccoutaft a ecroing 
(Et tK>^« (ouM (nuint l'on aais 
^obtCcl t>mt fan« pint iexceif 
Gui fon Smain onmmcia 
(Et tUj^ Dift âuc inam 
13)ù;3e mavie Dieu te fàUtt 
Qui au monî>e tttfo» èalut 
aCon t!xr f rt j ma ké tranfmi» 
QCmfî com A tanoit ytomi» 
poat eflte a ton txtffaffsment 
tt quel fêta bien briefuenunt 
(EtTJOUt gatentit et siffeaSjc 
SCon anu fi nul boutait ptanStc 
(Et !miant lut ta pttfcntet 
OUnfi ie te ieil gotenttt' 
fto^« certaine bietgc marie 
(Un ama» (ntOurable tiie 
Ueej cfe la gialme c^uA tenu^ 
poax te ciietit ^t tonne» iaé< 



SBmoifte foft refle iemit 
£nt tcf4»ndtt fan» &tmiir 
Za binrgc qui <nicc{ m pertn 
(gt toitrioutd fa fîn ofptouitia 
Ite tmt ^orepf> dârimat$>)c 
^touuetnoit la \>terge marte 
<gt tout et nui^t <n fa tnatfon 
dt auffi cefloit Bitn vMfon 
<ët xto^ bicrgee neti ixmbte^ tntc 
&i efloient en fa com|Miqtite, 
t^ont lune auott nom fop^:« 
£alitre jafxt lautte abtge« 
(et tnuttr^ i>onne«gen0 plufottte 
<8ut actendoteut fu &tram« t<mv9 
(ZPciM ptefi^ U (iti^ In Atev et faite 
<Ee qui (ut eftott nefcffaire 
Ql'ptee ce fane ^Aatton 
SJTourna grant tttbulatton 
i^c pUii^c ie temprfle et & ient 
(gt & terte gvon^ mouuement 
<&omme fi tout fxniftfl pte^ct 
(JYlaie ta pucelU fâti« ceffct 
^fioit touftoure m ozaifon 
(Sk^anM fa c|nmbte et maifon 
<ët quant cda fut paffe outtce 
Qdrvitia iafainit îc|Km (at}Ott|ive 



et tntta ^e^All<» U c^AinHett 
(Jk lit puc(tUV>ietge et mtte 
<gt ImmbUmmt la folua 
dn dtfàttt mit maria 

action otnt ^io Qtaaa$ 
31i l:i i>cfâ a cIktc tic 
(En Itt^ difâttt bterge morir 
3ie^n (onguemcnt ttt ttiae Ccffee 
dam beniv Uoit tci 6ten a^mcc 
QlkC fdintient d que tnon en^itt 
<8ut cfiott en (() cvotjc pevtboant 
\Snq peu ouant ofuA fôuffrtft mott 
dUe tecoumanOa o to^ fott 
£e bon telm fî ft ttccia 
%t Se vt^^f ta'vccoia 
<^ comme c(ie (bonfifl SmiouSe» 
<8ui lauo« tUec fait tnan^et 
<Sn lUeufidem attuentt 
%9o^5 ovme^ r<in^ Setcnûr 
CCouj U» opoîiflvc» eiit»n0 fa« 
^cepte (apottftte t^o^noe 
QTott) enfembU la omievent 
Cotsange et ^nneur ltt|^ tonnèrent 
<gn (a faluont |)Umblement 
<il leur terponDftdottlrenienfl 
lipou» fot^S tçm U» bwM Unui 



£|cimM s Iwiil^ 0fian€ et mnit^ 
p[ilc0 bictM mot K iomê emptie 
&ut t0tt« motoe ne HMitte; inic 
ifitiefi U coiife <^e Ira» Ixne) 
^clcxm$ pu c^itc ie ittaptcnc) 
Qdptf» ofUdU en eut dit foit dict 
S^inct^Htte lui^ tcr^xmdtt 
<^a toi^gne Sr ton» bien» enc(oit|^' 
QTu nom» Smuutdct tme c|wur<( 
(8tu nottf te &uffon Senuittdes 
<X' dire «lui n<nM â mandes 
^l<« c^nfcim Went defttangr bo^ 
OVe noue fanon f t dtett nou« ioêc 
^mtf><oci^ efi nu Ixnue 

^Bet e^e vaut en ta mu 
QtUe k ne fro^ c|ii< m^ nionti^ 
<^t cMfJÏ clnfeuntMcotttx 
Coûte la manieve et conmimt 
(Eftowttt I«nu3 ^ tmg moumctil 
9(!doncaue« fi fc ntentoftlevent, 
£<« dfr<ftan« et dfttt (onetmt 
<lt clKifctin detiCx f ttt baptifc 
<ën cel Iteii qni fut Diutfe 
<gt fut pttfc^ fenom de dfoii 
<gn celU plaec et f n ce lîeu 
<tat cefloit de dteit lotdonnaïUf 

et iUccfim fxM Srmouidiicc 



<^iiaht twAt la ccvmpLîmk 
IXtnfpaiffa la bterge movie 
^e faict tce opu^retf la ptindtmt 
<ët en bng gent cevmetl (a mtf^CNt 
%t (a potterent fhne hfxxt 
<Sn ta ixxUe & iofâp|nt 
<ëc ctuattt 1X5 furent la ^otwu$ 
<gn la fnlcc Sef^icndu) 
IS>i>tent \wc ft gtant datte 
CiUniptK Sr to^e fom aisiuttc 
(Builj en entrent treftout a Utu 
S^oM fouoit dUtX; Srbitoicnt opiertc 
<ët fand totder la Ixfmu dmic 
^t lou^c en cotp^ et en amc 
<Du etel comme &it te tocUm 
Qb gvant datte et gvant Umutt 
^mfi raconta faimt tfiotuae 
<9ut le« auttM» nefloit px9 
Oftlaie ou mont teltiict efloft 
^t aulx aultre« imit cat'Hoit 
<gt ciui ou ciel la toit montes 
Qdmft quil le ifint raconter 
Ql'utK afxmflf e« qui la eftoietit 
<lt ^tmt Srut et pitié .menotent 
<^ tverpAffcment noflvc ^awc 
<8uant fainct ttxmtatf bit ,p»;t<;« (ottie 
<^ ciel en poro^i» la txtttlt 



9( ftfcth fan$ md &ff<tutt 

IfiixM que fut oncq Sr mère née 
QiUmmbtc ton anti^ t^Muxt 
Que ni teffe» <ej|^ a (a* 
Q)onne moi^ bénédiction 
3le trn fot^ fufpd'cation 
Que flfl la \otevge nette et ptttc 
£uè Mfr^ c(itote bne fametutre 
ta C|ttc((e fâmctitre fane fâtncte 
£ee a)p9afltt^ lu]^ <:iuotent fiiittctt 
Quant ^u monde ci teefiMffâ 
S^anict t^f9tnM plua atuint pffâ 
(gn In^ tonnant f)onneut et ^act 
puiê A fe tt>mt ten&te en (a pUce 
Ou (e« capou^vtê efloient tm$ 
<Et fi rentre bdifetent toud 
i^inct père &ifl a famct t|ionui« 
3le ctoi^ c)ue Dieu ne ta^Mie pa« 
Que née tu tbrnu fan» Semeure 
%vi trcfpftffetnent noflve meve 
(gt mete de noflve fêtgneur 
QCu ne fei? oncq ptc^ gtigneur 
Ô^u aetatei tvop longue demeure 
dt ft ed toufiour» tord a Uupure 
Q(^t(mc fainct i^omae pat gront &e 
!bc ptmt a sentir et a dire 



^ ctoè tt (dé Mcàntcnaat hkn 
(Sue ftm mauluai» fvn toute m» 
^itctedule et ptain 2>e â^H^o^ 
nitlaw pties t)téu tufiow poux tmofi 
<ët tnc inonfltc; te t»u0 ett ptie 

^it e^ ^c^ en eef{ T^^ptilcve 
<^tft fomct pievte plu» dou(;^<!pic fiwa» 
Cde que iotoUtte dxttia» 
Certâitiemeitt tt n^ efi pd» 
QjUfivndit t|ioitid» a ^met pete 
^ttltcefoôS ve me Isouiit^ croigM 
(Uerpondtt fbtnct peve a tf^omaê 
ipouT ce <tue tu ifè efio^ef»» 
(Que (t^fite fitfl tefttfcîte 
Ai tu me UÛ(f»ébiU 
^mitct tfmiûi» de «ec|»tef Itm ^ff^ 
0e m fcot qui Seteti» le tiitfi 
dtlai^ ie loti» ptomeet et <#ie 
® ertanietiietit quAn^ efi m^e 
&UV (jtttve teuevetit (a pittve 
fQTQu» tee apfCte» et fonict pwm 
Chit eftoknt fitv te momttiieiit 
Ce cotp» nt eftoit nuUemnit 
•pm^zent a fêntve vegovOev 
nTou» enfêmbU fan» tetatOm 
et rentre Optent offQ 6m 



QCdoncq fatnct H^omM (et» a Ott 
(gfcotttes mot tmg fnil petit 
9Cittt|gt en mde at cjiontt mefTc 
pour cut&v tvottitee ma motff f(|f< 
J&UÎ6 ^Mtttt tout incontitient 
êait^ fôitow )MV ou m comment 
CKllai» otnfï que ^ien Ce iMidott 
^t quant f u au mont Màict 
,% eut ^ng 4»int ft tref fcoit 
ât gtocteutjc et ft nottueau 
§bi platfant et f! &tictxI>U 
dt tvefioié<^ <t améAl>U 
(Et en tournant niee t<ut^ amont 
Quant tôt <|l< Si^n» (e mont 
ÔC^ fxtt te cotptf & noffte Inmc 

Q[l!lonte»ou ctet ouecque» tome 
£tf| a^faict fumHtrottoti 
(^emtmSe (yenedtction 
et elle fmeuvee et f^tûicte 
£a fâtnctucc^imt efiott fbâitcte 
<3(îmft que tnuant ot compte 
0Ua (effe ctvotr & fâ fxmte 
Quant lee a^vttfive» ont cogncu 
-<^e qua tl^onuM eft ouenu 
<ët <i(Ai (a fatnctttfe ont cognent 
^oue enfemUe fan* ^tcnue 



Pvivdon metctg tut ont tecfui» 
(gt font Snnottte^ hom awinf 
QCdonc fentve font apeUt^ 
§vîtt» fan» point (e ioM cdei 
(gt incontinent fane detoê 
3en font retourne^ pouv tout fno^ 
<li}xfçixn bont a eftott ienu 
<ët atttfi l<;ue efl aOucnu 
<gtmoi^ iofepf) danmatf>tc 
(Sut ou tempe dttvânt de ma hic 
^f^Jite de U (toix Sefcet^t 
'£e tout du benoifl (endtedt 
Qit le mi^^ en fon monument 
3l^n parle plu» cevtatnement 
3Ie ne (e fcat pc» dou^t dwe 
Ole lut ^ë f ouf]M« la mavttre 
^omme tefcvtpt fait mention 
<^ littve U fa paffïon 
<§t bMiicoixp ù cpofz9 fecvetee 
<8tte tôt acette fin Setraictee 
potte te nombtev et meetre auont 
^infi comme ia^i dit tauant 
<ët gavde le rotpe & marie 
i&nma maUfon utn dotti>tes mie 
3KtcqiU0 a fon tvefpaffemetit 
3ien fttoj^c bien fêur pâffemetlt 
%infi oui ouvatemeimawcc 



f^ trtfpdlfmtfit fait* ^0ttH»lU4 
^t <tUe gtomufe ^amc 
QXt ptiXUta ne cotpe ne ottie 
<gt f âtne ((Ut enfonteta 
<gn (ottflel ou cect fèv<t 
^e fbn f tutct féca bien tot^f^ 
0cn fut» certain et dite (mifc 
<lat âinfi efi S^tetmntc 
<ët Unfcixit c|ut t2 feva ne 
^amee ne fera (unattoitie 
éott ^ttime lât ou^ )natiqiir 
«Contrefait aitengte ou boffu 
Cott SnHontocle ne mu 

(et c^ut efcftiMtte te fera 
g!a le 2)t<*Me ne lut nu^VA 
akle« Se tout bicngront fpakviifî^dnu 
OU naava point fur tut fMitffim^ 
Ole en ta tnoifoii ou et fixa 
OXul mal efpetit namftera 
^'ttff i qui )3ae Siuotion 
<^e fon cIkv fit$ ta pafficn 
Oi^cmenbiera en fa fjencee 
Oitauva mot de celte ioutnee 
<^ Seption ta noble OamC; 

Guette foit gar& & nofitè.ame 
et fon ftt3 noffve cveotôuv^ 

<8utl ttou»dowt fautuement atOMi 



9t viWft p09 flimwt^CItMUt 

Cil pau^MtcntHTpci^tmaiA 

<gt quant tvim^ui tetimp» et letnc 
Que nom oMXon tom fâm ^timmt 
ta ftt» lut ^i^ conuMigtiie 
1^9 la tote ^' efl tnfmie* ^tncu 



et fittîfi U ivef)Mffemen( nofEce 
îame tnipitme f»9 (lî^bnt fouccptc^- 
et <e^n cr^efoub^ noble et pu^aist 
fen^neuv diel^n Oc ta|ntt fc^neue du 
mte de Itfle Ou m^ ^. Stcembsc 
Son ttiA ùû' iiii t»iH^^qttat«Ct 



(V^o&fti^fSouccfttct 




TABLE 



Introduction 

Liste des incunables bretons. 



V 

I 



Impressions de BR^HANT-LouDéAC 

I. — Le Trépassement de la Vierge , ou Tré 
passement Notre-Dame. . 
II. — Les Lois des trépassés . . . 
IIL — La Patience de Griselidis . . 
IV. — Le Bréviaire des nobles . . 
V. — L'Oraison de Pierre de Nesson 
VI. — Le Songe de la pucelle . . . 
VII. — Le Miroir d'or de Tâme pécheresse 
VIII. — La Vie de Jésus-Christ. . . 
IX. — La Coutume de Bretagne . . 
X. — Le Secret des secrets d'Aristote 



9 
i8 

23 
25 

29 

36 

43 

49 
56 

60 



Impressions de Rennes 



XI. — La Coutume de Bretagne. . 

XII. — Le Floret en français. . . . 

XIII. — La Grande absoute de Pâques 



67 

67 

75 
81 



Impressions de Tréguier 



XIV. — La Coutume de Bretagne 
XV. — Le Catholicon breton . 



83 

83 
89 



20 



I$4 TABLE 



Impressions de Lantenac gS 

XVI.. — Le Doctrinal des nouvelles mariées . . 97 

XVII. — Les Sept psaumes en français 98 

Impressions de Nantes 99 

XVIII. — Les Lunettes des princes , première édi- 

tion io3 

XIX. — Les Limettes des princes, deuxième édi- 
tion (note de M. Claudin) 109 

XX. — Heures à l'usage de Nantes 114 

XXI. — Table de la Coutume de Bretagne. . . 1 1 5 

, XXII. — Ordonnance de Charles VIII 117 

Conclusion 119 

Appendice. — Le Doctrinal des nouvelles mariées 

(note de M. Thomas Dobrée) i25 

Additions et corrections 1 29 

Le Trespasskment Nostre Dame, réimprimé en 

foc-simile 187 




Ci finit le livre de l^Imprimerie en 

Bretagne av xv* siècle, achevé 

d'imprimer a Nantes, povr la 

Société des Bibliophiles Bretons. 

par Vincent Forest et Emile Grimavd. 

LE XXIII® JOVR DE JVILLET. EN l'aN 
mil. DCCC. LXX. VIII. 




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